A MORT LES BÉDAS !

Publié le par Patrick ROBERT

A MORT LES BÉDAS !

En patois du Cotentin, le mot « béda » désigne un paysan de l’intérieur des terres plutôt nigaud et naïf.

Force est de constater que ce mot peut désigner l’ensemble des paysans Français, à l’exception des « gros céréaliers  et des grosses exploitations» comme celle de l’actuel président de la puissante FNSEA  Arnaud Rousseau.

Cet homme est à la tête d’une exploitation de 700 hectares, alors que la moyenne des exploitations agricoles est de 87 hectares, il est également Président du Conseil d’administration d’AVRIL Gestion, groupe agro-alimentaire qui possède, entre autres, les marques Isio4, Lesieur et Puget, et qui a fait un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros en 2023.

Pour ses fonctions à la FNSEA, Arnaud Rousseau a touché une rémunération de 187.000 euros en 2023, alors que selon l’INSEE, le revenu moyen mensuel d’un agriculteur est de 1.210 euros….Les 157.000 euros touchés au titre de la PAC pour son « métier » d’agriculteur sont venus s’ajouter à tous ses autres revenus.

Monsieur Rousseau n’est donc pas, à proprement parler, un béda (il gagne plus à la FNSEA que le ministre de l’agriculture !), il a aussi de multiples autres fonctions, comme celle de maire de sa commune de Seine et Marne !

Je vous expose rapidement ces quelques chiffres pour illustrer la toute puissance des groupes agro-alimentaires (on peut aussi évoquer Lactalis), de la FNSEA, des « gros agriculteurs », montrant ainsi la disparité du monde agricole.

Il est tentant et facile de s’en prendre systématiquement à la grande distribution, rendue responsable de la misère de ces pauvres paysans.

La responsabilité en incombe aussi aux géants de l’agro-alimentaire !

Au surplus, il y a évidemment cette pléthore de normes de Bruxelles, encore aggravées par des normes franco-françaises encore plus strictes !

Dans une excellente interview à Boulevard Voltaire, Véronique Le Floch, présidente de la Coordination Rurale citait des exemples particulièrement « croustillants ».

Ainsi, une récente note du Ministère fixe le degré d’inclination des rampes à utiliser pour le chargement des animaux dans les engins de transport : 20 degrés pour les bovins et 26 degrés et 35 minutes pour les caprins !

Elle racontait aussi le contrôle d’un agent du ministère venu s’assurer que l’exploitation d’un paysan Vendéen était bien aux normes pour pouvoir lui verser la subvention de la PAC.

Hélas ses haies n’étaient pas suffisamment taillées et donc pas aux normes. Le contrôleur invita donc le paysan fautif chez un voisin dont les haies étaient parfaitement à la taille réglementaire. Le paysan suggéra de compter les nids d’oiseaux dans la haie du voisin modèle et dans la sienne. Ils en comptèrent 4 chez le voisin et…30 chez le vilain paysan aux haies naturelles.

Citons quelques chiffres pour confirmer le propos :

En 1990, on dénombrait 1.200.000 paysans et 16.000 fonctionnaires au Ministère de l’Agriculture.

Actuellement il ne reste plus que 400.000 paysans, mais on compte 36.000 fonctionnaires au même ministère de tutelle !

Un remarquable taux de fonctionnaires par exploitant !

Et que font donc ces fonctionnaires ? Ils rédigent des normes complètement débiles et/ou jouent aux gendarmes surpuissants en allant dresser des procès-verbaux d’infractions diverses et variées chez les paysans.

Il paraît même que des contrôles sont effectués par satellite !

Etrange pays que le nôtre où il y a presque autant de contrôleurs que de contrôlés ! Bientôt, faute de combattants, les contrôleurs n’auront plus d’autre choix que de se contrôler eux-mêmes .

Des filières entières ont ainsi été sacrifiées : Celle de la cerise, de la noisette, des semences de ray-grass, du poulet…

70% des fruits sont importés et 30% des légumes. Le maïs et le blé Ukrainien inondent le marché Français, le bétail, principalement les veaux, est exporté vivant pour être transformé en divers produits (en Italie par exemple) qui reviennent ensuite en France pour être distribués et vendus, mais pas au même prix !

C’est grâce aux céréales et aux spiritueux que la France reste en place honorable parmi les exportateurs de produits agricoles, mais bien après les Pays-Bas et même l’Allemagne d’où on importe… du lait.

Et je n’évoque pas le véritable scandale du Mercosur qui risque, notamment, de donner le coup de grâce aux filières laitières et céréalières.

Et je n’évoque pas le cas « Trump » qui risque de relever les taux de droits de douane pénalisant ainsi nos exportations de spiritueux.

Et je n’évoque pas non plus l’avalanche de  taxes diverses et variées qui rendent les coûts de production Français insoutenables par rapport à ceux de nos « partenaires Européens ».

Et je ne parle pas non plus de la fiscalité sur les droits de mutation qui découragent évidemment la reprise des exploitations agricoles et incitent les « grands groupes » à confisquer les fermes par des montages financiers via des SCI….

Et je ne souligne pas enfin le rôle du Crédit Agricole, l’une des premières banques mondiales, qui prête à tours de bras aux agriculteurs, les endettant ainsi lourdement.

Dans la situation actuelle, il est impossible que nos paysans (ceux qui s’occupent du pays, de leur pays) puissent s’en sortir.

Tout est évidemment fait pour liquider définitivement nos bédas, en dépit des belles déclarations de nos incapables de politiques de quelque bord qu’il soient.

Après tout un vivier de 400.000 électeurs potentiels, ce n’est plus grand-chose…

Alors de profundis, mais qu’on ose le dire clairement au lieu de laisser nos paysans mourir à petit feu.

Paysan, c’est pourtant un mot magnifique : J’y vois une belle contraction des mots « pays » et « partisans ».

UN PRÉSIDENT AUX ANGES !  

Patrick ROBERT

Publié dans Patrick ROBERT

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