Le Commissaire Arnaud Beldon héros de la République
L’horreur qui a frappé la capitale a atteint Val-de-Reuil. Elle a touché notre Ville en plein cœur. Profitant d’un des rares moments où il n’était pas en service, notre commissaire, Arnaud Beldon se trouvait, en effet, hier soir, vers 22 heures 30 dans la salle du Bataclan au moment, où après avoir tué ou blessé des innocents au stade de France et dans des fusillades de rue, un petit groupe de lâches et de meurtriers attaquait cette salle de spectacles parisienne. Le responsable de la circonscription de Police de Val-de-Reuil/Louviers assistait avec sa compagne au concert dont plusieurs dizaines des spectateurs ont perdu la vie. Au milieu de la foule que des fous, des fanatiques prenaient en otage pour la sacrifier, il y a été très grièvement blessé. Malgré la balle qu’il a reçue dans le dos, chacun rapporte le courage exceptionnel dont il a pourtant fait preuve demandant à ceux qui l’entouraient d’échapper à l’hécatombe alors que lui-même restait au sol sombrant dans l’inconscience. Transporté vers l’hôpital des armées Percy, à Clamart, aussitôt terminé l’assaut mené par ses collègues du Raid et de la BRI, il y a été immédiatement pris en charge par les médecins militaires. Les conséquences de sa blessure, sa colonne vertébrale étant atteinte, demeureraient cependant particulièrement lourdes et durables.
C’est pourquoi, à cet homme de 38 ans qui la défendait, qui la protégeait, qui la sécurisait, qui, il y a seulement 48 heures, participait avec les anciens combattants, les enfants des écoles et plus de deux cents Rolivalois aux cérémonies du 11 novembre, devant le Monument à la Mémoire et à la Paix, la Ville de Val-de-Reuil veut dire son admiration et sa profonde émotion. Unie derrière lui et espérant pour lui, elle songe évidemment à ses deux petits enfants, à sa compagne, elle aussi commissaire, à sa famille. Notre Commune pense également à ses collègues, femmes et hommes déterminés et indispensables qu’elle connait bien et remercie pour leur présence quotidienne, à ses adjoints dont la peine immense ne peut se cacher. Nous n’avons pas d’autres souhaits qu’une guérison, pas d’autres prières que l’espoir d’une amélioration.
Avec le directeur de la sécurité publique, le commissaire Eric Maudier, que je salue et qui, comme le Préfet René Bidal, avait tenu à m’informer, en temps réel, alors même que le Bataclan était encore aux mains des terroristes, des très fortes inquiétudes que suscitait le sort du commissaire et de l’évolution de la situation, je me suis rendu ce matin, en compagnie du sous-préfet des Andelys, Richard-Daniel Boisson, au commissariat de Val-de-Reuil pour y rencontrer les policiers qui travaillent sous les ordres du Commissaire Beldon, leur donner les éléments dont nous disposions, leur dire notre solidarité, notre respect et notre proximité. Nous y avons trouvé des fonctionnaires profondément meurtris, atteints par la tragédie que vivait un chef qu’ils aimaient et appréciaient. Nous comprenons et partageons leur douleur. Elle est devenue celle de la plus jeune commune de France dans sa totalité. Une fois, encore, aujourd’hui, nous les assurons de notre reconnaissance pour le travail qu’ils accomplissent au service de la Nation et de sa défense et leur demandons de transmettre aux unités des forces de l’ordre franciliennes et normandes qui interviennent en ce moment notre gratitude. Elles font leur devoir avec une abnégation et une efficacité qui méritent l’estime la plus entière.
Nul ne peut oublier ceux qui, hier, ont été tués, ni, les blessés, désarmés, sur lesquels les commandos de la haine ont tiré. Nous souhaitons, ainsi que l’a dit le Président de la République, que ceux qui ont accompagné, organisé, commandité ce geste assassin soient impitoyablement châtiés. Leur crime ne peut rester impuni. Nous le devons à toutes les victimes. Nous le devons à tous les Français. Nous le devons au commissaire Beldon.
En attendant, en raison des circonstances dramatiques que vit la capitale, compte tenu de l’état d’urgence décrété par les pouvoirs publics et du respect pour les victimes de la tragédie qui vient d’endeuiller notre pays, j’ai décidé conformément aux instructions du Préfet d’annuler tout rassemblement, toute réunion à caractère public, sportif, culturel ou cérémoniel, y compris les manifestations d’hommage, de condoléances ou de recueillement, ainsi que cela était clairement demandé par le Ministère de l’Intérieur, pour laisser forces de l’ordre, services de secours, personnels de santé, se concentrer sur leur tâche principale : traquer les terroristes et aider nos compatriotes. Avec le conseil municipal, nous avons choisi tout au long de ce samedi et de ce dimanche d’aller au-devant de la population, d’inviter chacun au calme et à éviter de s’en prendre à telle ou telle catégorie de nos concitoyens comme cela s’est passé, à travers des tags qu’il faut condamner dans d’autres villes du département. A Val-de-Reuil, les drapeaux sont en berne, les trois jours de deuil national seront partout observés, la minute de silence lundi nous rassemblera, mais nous le ferons dans la tranquillité, la discipline et la force de la République, celle qu’incarne le commissaire Arnaud Beldon et qui triomphera.
Communiqué de Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil
Vice-Président du Conseil régional de Haute-Normandie