MACHRONIQUE DE L’OLYMPE : DU ROI SOLEIL A JUPITER…
Tout au long de l’histoire, nombreux ont été les chefs qui, pour se grandir ou mieux assoir leur autorité, se sont associés des symboles, des créatures mythiques. François Ier la salamandre, Napoléon Ier l’aigle et les abeilles et presque tous les empereurs l’aigle. Louis XIV, lui, est monté d’un cran : pour s’élever au-dessus du peuple qu’il voulait éblouir et dominer davantage, il s’est hissé au niveau d’un dieu. Grand amateur et protecteur des arts de la musique de la danse, avide de marquer son rayonnement, il s’est fait l’alter ego d’Apollon, le dieu des arts, le dieu solaire. Ainsi naquit le Roi Soleil dont il faut bien dire que l’éclat persiste encore à tel point que la « République » n’a pas manqué de l’utiliser récemment pour faire reconnaître son infinie Grandeur.
Aujourd’hui devant la complexité du monde et des sociétés aucune divinité que ce soit de la Guerre, des Arts, de la Moisson, du Commerce ou de la Sagesse ne pourrait convenir à l’image d’un Chef moderne à qui l’on devrait la conquête fulgurante d’un pouvoir qui n’aurait attendu que Lui.
Jupiter, seul, pourrait prétendre s’associer à un si complexe, si universel et si brillant personnage. Dieu des Dieux, il incarne toutes les fonctions, tous les savoirs, toutes les sciences politiques sociales et militaires. Désormais nous ne parlerons plus que de fonctions jupitériennes dans un État nouvellement refondé, la République Jupitérienne.
Une chance inouïe pour un pays que d’avoir Jupiter en son sommet. Expert en éclairs, il fout droit tout ce qui ne l’est pas. Et en période de nécessaire redressement on ne pourrait trouver meilleure opportunité !
Jupiter peut aussi se métamorphoser en n’importe quelle créature qui pourrait convenir à l’accomplissement de ses desseins. Pour ses conquêtes féminines le Dieu des Dieux eut recours à diverses transformations : en cygne, en taureau, en satyre, en aigle ou en coucou. L’une des plus amusantes fut sa métamorphose en mouche qu’il utilisa pour séduire Eurydice en rentrant dans sa chambre par le trou de la serrure ! Aventure brillamment mise en musique par Jacques Offenbach dans l’opéra « Orphée aux Enfers » avec son célèbre duo de la mouche.
Je ne saurais qu’inviter nos chers lecteurs à se délecter de la finesse de cette ruse et de l’ardeur insoupçonnée des ébats jupitériens en cliquant sur ce lien (version : Natalie Dessay - Fly Duet - English Subs - Orphée aux Enfers) :
https://www.youtube.com/watch?v=yi6SDINpeTw
Les paroles de ce digne Jupiter étant limitées à « BZZZ.. » j’ai voulu en vérifier la signification dans le Nouveau Dictionnaire des Onomatopées. J’ai eu la réponse suivante : « BZZZ…
1) bourdonnement d’insecte - abeille, mouche, frelon, etc.
2) plus rare, en langage contemporain : et en même temps vous allez voir comment je vais vous baiser… »
A sa création, en 1858, l’opéra eut d’autant plus de succès qu’il faisait allusion, sous couvert de satyre mythologique, à des personnages importants du Second Empire. C’est ainsi qu’on voyait sous les traits de Jupiter l’empereur Napoléon III grand coureur de jupons devant l’immortel…
Tout cela donna lieu à des dessins, caricatures et peintures en tous genres. Parmi toutes ces œuvres, il est un tableau, récemment retrouvé dans les réserves d’un musée de province, qui a retenu toute notre attention : un pastiche du portrait officiel de Napoléon III par le peintre Franz-Xaver Winterhalter. Il s’agit d’une œuvre non datée de François-Xavier Pinteralter représentant vraisemblablement un célèbre artiste lyrique qui incarnait le rôle de Jupiter dans Orphée aux Enfers. Malgré la mention au dos « IVPITER NAPOMACRONVS PONTIFEX MAXIMVS IMPERATOR » (Jupiter Napomacron Pontife XXL Empereur) nous n’avons pas pu identifier avec certitude l’artiste concerné. Peut-être qu’un de nos lecteurs pourrait nous aider en la matière.
Tout cela n’est bien sûr que pour le divertissement de nos lecteurs et tout rapprochement avec des personnages ou des faits contemporains ne pourrait être que le fruit d’un parfait hasard.
Ignare de Layoli