L’INTERDIT ET LE BESOIN
Si, mu par une pulsion soudaine mais néanmoins contrôlée grâce à l’éducation que j’ai reçue, je déclare à une femme « Madame, vous êtes charmante et cette robe vous va à ravir », comment va-t-on désormais qualifier cette adresse ?
Compliment courtois ? Agression à peine larvée ? Tromperie sournoise envers cette jeune femme que j’ai en fait l’intention de draguer pour « me la faire » ?
Comme je suis un homme prudent, j’ai bien noté que bientôt il y aura un policier ou un gendarme de proximité chargé de réprimander les agressions de rue.
J’irai donc demander à ce bon argousin si je risque quelque chose.
Il est fort probable que ces représentants de l’ordre public disposeront de tout un glossaire leur permettant de graduer et donc de qualifier la nature du délit, de même qu’un accès à un fichier central pour identifier les dangereux récidivistes.
Mon aimable compliment, issu de cette merveille qu’on appelait « l’amour courtois », sera probablement peu taxé.
En revanche si, moins gâté au niveau des origines sociales, je m’étais exclamé « Putain, t’as l’air bonne, toi la meuf !», il est probable que la sanction eût été sévère.
Il ne me resterait plus alors qu’à faire état de mes origines pour quémander, et probablement obtenir, la clémence du juge.
Et que se passera-t-il si je suis moi-même victime des avances du « grand Raymond » qui me trouve à son goût ?
N’étant pas une femme, serai-je protégé par la loi ?
Madame Schiappa nous a sorti une loi complétement délirante et totalement inapplicable.
Un loi de plus pour interdire, interdire, interdire encore et encore.
Quand on n’a de cesse que d’interdire (et donc de sanctionner), c’est qu’on n’est pas capable d’éduquer.
Bien étrange ce Macron, il passe son temps à déclarer urbi et orbi qu’il faut libérer les énergies, laisser s’exprimer sa créativité sans tabous et « en même temps », il passe son temps à interdire, interdire encore et encore.
C’est comme cette inique loi sur les 80 km/h !
Si je me trouve seul sur une départementale dans une belle ligne droite sans la moindre intersection de route ou de chemin, il est fort probable que je serai tenté de « lâcher les chevaux » !
Car, c’est bien connu, l’interdit engendre la frustration, donc le besoin.
Mais il faut que je fasse bien attention, la maréchaussée installera probablement un radar dans ma belle ligne droite.
En fait, pour régler le problème de l’accidentologie routière, je propose de mettre toutes les routes en sens interdits !
Et, tant qu’à faire, de tout interdire pour « faire la nique » à mai 68 !