UNE HISTOIRE SENTIMENTALE

Publié le par Vildenay

UNE HISTOIRE SENTIMENTALE

François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), livre cette semaine son nouvel ouvrage : ‘‘Une histoire sentimentale’’ (Albin Michel).

Dans une interview au JDD.fr, François Baroin avance quelques idées sur sa vision de la France d’aujourd’hui. Cependant, il serait bien avisé de retirer ses mocassins pour chausser les bottes qui lui permettraient de découvrir la réalité de cette France profonde et des banlieues déjà sacrifiées quand il était « aux affaires ».

Et les sempiternels blablabla sur le communautarisme et le « vivre ensemble » devraient lui revenir en pleine figure pour lui permettre de découvrir la France des territoires et non celle des salons dorés… Lisons-le :

UNE HISTOIRE SENTIMENTALE

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LA DÉCENTRALISATION

Aujourd’hui l’Etat est endetté et n’a plus les moyens de garantir l’équité territoriale. Pire : il peut dans certaines conditions amplifier le handicap, le figer ou le scléroser. Santé, économie, formation professionnelle, emploi, tourisme, culture, sport, logement: ce sont autant de sujets que le local pourrait traiter, dans certaines circonstances, mieux et plus rapidement au côté ou en lieu et place de l’Etat. Nous aspirons aujourd’hui à une nouvelle étape de décentralisation : un transfert de compétences, d’effectifs, de moyens.

Le Président n’est pas responsable de tous les maux. Mais il à réussi à susciter une forte opposition en un temps très court. Et il est arrivé dans une période d’extrême sensibilité et de tensions préexistantes avec l’État.

Nous avoir mis dans le même sac que les corps intermédiaires est une faute de carre : nous, élus, sommes issus du suffrage universel. Et puis, ce que les élus n’acceptent plus, c’est que l’Etat s’arroge le droit de supprimer des impôts qui n’étaient pas les siens. Je pourrais parler des APL, de la méthode sur les contrats aidés, de la suppression de la taxe d’habitation...

La République déstabilisée. Il nous a alors dit « je vous ai compris » et a promis, pour la deuxième partie de son mandat, une grande œuvre de décentralisation. Le texte « Engagement et proximité », qui vise à encourager les élus à s’engager, va dans la bonne direction.

On nous promet plus de respect, plus de considération. Mais nous sommes aussi des chefs d’entreprise. Et on ne peut nous flatter tout en supprimant les recettes qui donnent de l’autonomie de gestion aux collectivités.

Si on ne passe pas par l’étape de la décentralisation, on aura un Etat surendetté, qui s’appuiera sur des taux bas pour gérer sa dette et se montrera incapable de conduire les réformes structurelles, avec des forces centrifuges que l’on observe à nouveau dans plusieurs régions.

LE COMMUNAUTARISME

L’addition de petits accommodements silencieux avec le communautarisme, depuis trente ans, fait que le mur est aujourd’hui plus difficile à franchir…

Le communautarisme ne concerne d’ailleurs pas exclusivement l’islam. Il consiste à calquer chez nous le modèle américain, dans lequel l’intérêt général est l’addition des intérêts particuliers. C’est le strict opposé du modèle républicain.

LE DÉBAT SUR LE VOILE

La liberté, l’égalité, la fraternité sont des valeurs, mais aussi des règles. La loi de 2004, dont je suis à l’origine, avait abouti à l’interdiction du foulard à l’école et des signes religieux dans les sanctuaires républicains, et avait montré la capacité de la République à s’imposer. On nous avait expliqué que c’était impossible, que les rentrées scolaires seraient épouvantables. En réalité, on n’en a plus jamais parlé.

Le débat actuel sur le voile va se poursuivre, inévitablement, avec des provocations, des tests, des reculs. C’est pourquoi le Président devrait s’inspirer très rapidement de ce qu’avait à l’époque fait Jacques Chirac pour éviter un débat qui peut déraper et être mal vécu par les musulmans, dont l’immense majorité pratiquent leur culte en toute sérénité.

Jacques Chirac avait créé la commission Stasi, une commission transparente, qui travaillait à livre ouvert, avec un objectif fixé : arriver à une loi. Une commission de ce type pourrait aujourd’hui travailler sur une définition des secteurs sur lesquels s’exerce un service public, les sorties scolaires, mais pas seulement : les équipements sportifs, les piscines, etc. Il ne faut pas se focaliser sur le voile ou sur cette altercation entre un élu du RN et une mère voilée. Il serait tout aussi choquant qu’un accompagnant scolaire arbore un tee-shirt à l’effigie d’un leader politique ou d’une organisation syndicale. Le vrai sujet, c’est celui du principe de neutralité du service public.

LES ÉLECTIONS MUNICIPALES DE 2020

Relatif aux prochaines élections municipales, je suis plutôt confiant. Depuis 2014, nous avons une génération d’élus locaux de grand talent qui ont fait un très bon travail ; ils auront donc de bons résultats. Nous devons sortir de cette dualité dangereuse, lepénisme-macronisme. Les électeurs doivent savoir qu’il y a une relève, une alternance possible pour la droite et le centre autour de LR. Le scrutin municipal doit donc être l’occasion d’un vrai rebond.

Certains élus ont quitté notre famille et voient arriver face à eux un candidat issu de leur nouvelle famille ! C’est pourquoi je ne doute pas que leur famille d’origine les accueillera avec joie. L’herbe est toujours plus verte de l’autre côté, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il s’agit de gazon synthétique... Surtout, analyser le rapport de forces politique à partir du résultat des européennes est une faute. Même si, c’est vrai, tout est à reconstruire dans notre famille, soyons lucides et honnêtes avec nous-mêmes. C’est à partir des municipales, je l’espère, que cette reconstruction pourra commencer.

LA PRÉSIDENTIELLE…

J’ai énormément appris à la tête de l’AMF, où mon mandat s’achève dans un an. Oui, j’ai des choses à dire. Mais il y a d’autres moyens de les dire que de s’inscrire dans une trajectoire partisane. Un livre, une candidature à une élection locale, par exemple.

Christian Jacob est un ami. Il m’a demandé de l’aider. Mais vous ne me verrez pas matin, midi et soir évoquer tous les sujets.

Christian Jacob est là pour engager le rassemblement et construire les fondations d’une alternance. Personne ne peut parler à ma place. C’est une décision personnelle. Et le jour où j’aurai à faire part d’une décision, je reviendrai vous le dire.

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