UNE SAINTE POUR LES ANTI-ESCLAVAGISTES…
Alors que les socles sont vidés de leurs statues par des anarchistes incultes, ces derniers n’ont même pas pensés à les remplacer par des personnages incontestables… Pourquoi pas la Soudanaise Joséphine Bakhita (1869-1947) ?
Un peu d’Histoire : Joséphine Bakhita, ‘‘la chanceuse’’ en arabe, a été capturée au Darfour à l’âge de 7ans par des négriers musulmans qui l’ont vendue à un chef arabe qui l’a donnée comme poupée à ses enfants et de jouet sexuel à un adolescent ignoble…
Elle est rachetée par un général Turc qui la torture quotidiennement. Ce dernier lui fait subir de cruelles scarifications (tatouages), puis, faute de pouvoir conserver tous ses esclaves, elle est revendue en 1883 à l’âge de 14ans au Consul Italien à khartoum, Calisto Legnani, qui lui donne le prénom de Joséphine et qui s’occupe d’elle avec bonté : « Le nouveau maître était assez bon et il se prit d'affection pour moi. Je n'eus plus de réprimandes, de coups, de châtiments, de sorte que, devant tout cela, j'hésitais encore à croire à tant de paix et de tranquillité »
Évoquant son séjour chez le Consul, elle écrivit : « Je n'étais pas encore libre mais les choses commençaient à changer : fini les fouets, les punitions, les insultes, bref, les dix ans de traitement inhumain ».
Le Consul devant quitter le Soudan, Bakhita le supplie de l’emmener avec lui. Ils embarquent pour l’Italie, accompagnés d’une famille amie, les Michieli. Ceux-ci, arrivés à Gênes, avant de rejoindre la province de Venise, proposent de garder avec eux Bakhita.
Madame Michieli charge Bakhita de la garde de sa petite fille Mimmina, qui s'en occupe avec beaucoup de tendresse, puis pour une brève période, elle les confie à l'institut des Catéchistes, tenu par les religieuses canossiennes.
Quand Madame Michieli veut la reprendre, Bakhita demande à rester chez les religieuses, malgré sa tristesse de quitter Mimmina. Madame Michieli, refusant de se séparer de Bakhita, tente de faire intervenir diverses personnalités pour la sortir de l'Institut. L'affaire va jusqu'au procès. Le 29 novembre 1889, le procureur déclare Bakhita libre de choisir là où elle veut rester puisque l'esclavage n'existe pas en Italie.
« Les Sœurs firent mon instruction avec beaucoup de patience, dit-elle, et me firent connaître ce Dieu que tout enfant je sentais dans mon cœur sans savoir qui il était. Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même : qui donc est le maître de ces belles choses ? Et j'éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages ».
Le 9 janvier 1890, elle est baptisée par le cardinal-archevêque de Venise, Monseigneur Domenico Agostini et reçoit la Confirmation.
Trois ans plus tard, à 24ans, elle demande à devenir religieuse. La Sœur Supérieure, Anna Previtali, lui dit : « Ni la couleur de la peau, ni la position sociale ne sont des obstacles pour devenir sœur ». Bakhita rejoignit le noviciat des Sœurs de la Charité à l'institut de catéchuménat de Venise.
Le 8 décembre 1896, à Véronne, elle prononce ses premiers vœux.
En 1902, elle est transférée dans la province de Vicence où, pendant plus de cinquante ans, elle a en charge la cuisine, la lingerie, la conciergerie avant de s’occuper avec dévouement de milliers d’orphelins recueillis dans leur institut de Schio.
En 1927, elle prononce ses vœux perpétuels. Les religieuses la désigne ‘‘Mère Aimée de tous’’. On lui donne le surnom de Petite Mère Noire (Madre Moretta). Elle disait : «Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Voyez comme est grande la grâce de connaître Dieu. ».
Au cours de la Seconde guerre mondiale, la ville de Schio est menacée de bombardements. Aux Sœurs qui l'invitent à se réfugier dans le souterrain de la maison, elle répond : « Non, je n'ai pas peur, je suis dans les mains de Dieu. Il m'a libérée des mains des lions, des tigres et des panthères, ne voulez-vous pas qu'il me sauve aussi des bombes ? ».
Elle souffrit une longue et douloureuse maladie, et une pénible agonie où elle revivait les jours de son esclavage en murmurant : « Lâchez mes chaînes, elles me font mal », et s'éteint à Schio le 8 février 1947 en invoquant : « Notre Dame ! Notre Dame ! ».
En 1950, trois ans seulement après sa mort, le bulletin Canossien publie six pages de noms de personnes qui attestent qu’elles ont reçu des grâces par l’intercession de Bakhita.
Le procès en canonisation commença douze ans après sa mort, et le 1er décembre 1978, l’Église publia le décret sur l'héroïcité de ses vertus.
Béatifiée le 17 mai 1992, elle a été canonisée par Jean-Paul II le 1er octobre 2000. Le pape dira à cette occasion : « Cette sainte fille d'Afrique, montre qu'elle est véritablement une enfant de Dieu : l'amour et le pardon de Dieu sont des réalités tangibles qui transforment sa vie de façon extraordinaire ».
Elle est spécialement prisée par le pape Benoît XVI, qui la mentionna dans son encyclique Spe Salvi.
Des pèlerinages sont organisés régulièrement à Schio afin de solliciter sa sainte intercession et il existe en Touraine, à Langeais, une église dédiée à Sainte Joséphine Bakhita.
Elle est fêtée le 8 février, jour anniversaire de sa mort.
Le jour de sa Profession Religieuse, elle écrivit cette prière : « Ô Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et prêcher à tous à grands cris ta bonté : Oh, combien d'âmes je pourrais te conquérir ! Tout d'abord ma mère et mon père, mes frères, ma sœur encore esclave... tous, tous les pauvres Noirs de l'Afrique, fais, Ô Jésus, qu'eux aussi te connaissent et t'aiment ! »