VALERY GISCARD D'ESTAING (6/ 6)
Action en matière culturelle
L'exécutif met l’accent sur des actions susceptibles d'attirer l'attention du grand public plutôt que sur des créations confidentielles. Les musées nationaux profitent de cette politique, notamment le musée Picasso. Les plus grands projets culturels du septennat sont le musée d'Orsay et la Cité des sciences.
Valéry Giscard d'Estaing oriente la politique culturelle de la France davantage vers le patrimoine : il inaugure en 1977 la première journée ‘‘portes ouvertes’’ au palais de l'Élysée, tandis que les premières Journées du patrimoine sont organisées en 1980, désignée ‘‘année du patrimoine’’.
DIVISIONS DE LA MAJORITÉ
Jacques Chirac est remplacé par le ‘‘technicien’’ Raymond Barre, présenté comme le « meilleur économiste français, en tout cas un des premiers » par Valéry Giscard d'Estaing.
Le Premier ministre cumule ses fonctions de chef de gouvernement avec celle de ministre de l'Économie. Son gouvernement compte trois figures principales, élevées au rang de ministres d'État : le gaulliste Olivier Guichard, le giscardien Michel Poniatowski et le centriste Jean Lecanuet. À partir de ce moment, le président revient à une lecture plus classique de la Constitution et laisse le Premier ministre exercer ses prérogatives sur les questions intérieures.
La situation de la majorité sur le plan électoral devient difficile. Les élections cantonales de 1976 avaient déjà été remportées par la gauche, qui était ainsi pour la première fois majoritaire dans le pays, bien que la droite conserve la plupart des départements.
Les élections municipales de 1977 constituent également un succès pour l'opposition de gauche, qui prend le contrôle de 155 villes de plus de 30.000 habitants, soit 57 de plus qu'auparavant.
Jacques Chirac, qui a créé trois mois auparavant le Rassemblement pour la République (RPR), est élu maire de Paris contre Michel d'Ornano, soutenu par les giscardiens, ce qui accentue les tensions à droite.
À la suite de ces élections, le Premier ministre remet sa démission et forme, le 29 mars 1977, son deuxième gouvernement, qui voit le départ des trois ministres d'État et l'arrivée des gaullistes Robert Boulin et Alain Peyrefitte, ainsi que du sénateur et maire de Loudun, ancien garagiste, René Monory.
Création du PR et de l’UDF
Soucieux de rajeunir son parti, dont la notoriété et la popularité sont faibles, Valéry Giscard d'Estaing soutient la transformation, en mai 1977, de la FNRI en Parti républicain (PR), dont Jean-Pierre Soisson devient le secrétaire général.
Le 27 janvier 1978, alors que les sondages prédisent une victoire de la gauche aux élections législatives à venir, Valéry Giscard d'Estaing prononce un discours, à Verdun-sur-le-Doubs (Saône-et-Loire), dans lequel il appelle les Français à faire « le bon choix pour la France » et les met en garde contre les blocages politiques et les conséquences économiques (hausse du chômage, aggravation du déficit budgétaire, baisse de la valeur de la monnaie) que provoquerait une victoire de la gauche aux élections législatives du mois de mars.
Il déclare qu'il ne démissionnera pas dans cette hypothèse, mais qu'il n'aura pas les moyens d'empêcher une majorité de gauche d'appliquer le Programme commun. Valéry Giscard d'Estaing, qui a consulté de nombreux constitutionnalistes, évoque ainsi la possibilité d'une cohabitation. Cette hypothèse est inenvisageable pour les gaullistes, pour qui une victoire de la gauche ne peut déboucher que sur une crise institutionnelle.
Quelques jours plus tard, le 1er février 1978, il fonde l'Union pour la démocratie française (UDF), qui regroupe les différentes composantes centristes et giscardiennes de la majorité (Parti Républicain, Centre des Démocrates Sociaux, Parti Radical, Centre National des Indépendants et Paysans, Mouvement Démocrate Socialiste de France) et permet ainsi de limiter les candidatures à droite lors du scrutin législatif. Le nouveau parti présente 405 candidats pour 491 circonscriptions.
Élections législatives de 1978
Au premier tour des élections législatives, la gauche arrive en tête, mais avec une avance moindre que prévu. Dans l'entre-deux tours, conformément à un accord conclu l'année précédente, en cas d'absence de candidat unique de la majorité, le candidat de droite le moins bien placé dans une circonscription se retire en faveur de celui arrivé en tête. Le 19 mars 1978, à la surprise générale, le RPR et l'UDF remportent une majorité nette à l'Assemblée nationale (290 sièges). Dans un contexte de déliquescence de l'Union de la gauche et de mauvais report de voix des Socialistes sur les candidats Communistes, le discours du « bon choix » et l'alliance de la droite semblent avoir porté leurs fruits. Le nouveau parti du président réalise un score honorable en obtenant sensiblement moins de sièges que le parti gaulliste, qui perd de son côté 39 députés. Le 3 avril 1978, lors de l'élection du président de l'Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas est préféré au sortant Edgar Faure, soutenu par Jacques Chirac et une grande partie des députés gaullistes ; ce résultat est considéré comme étant une victoire politique pour le président de la République.
Accroissement des divisions
Les premières élections européennes se tiennent en 1979, au scrutin proportionnel à un tour. Simone Veil est choisie pour être tête de liste de l'UDF, tandis que Jacques Chirac est celle du RPR. Le 6 décembre 1978, celui-ci, hospitalisé à la suite d'un grave accident de voiture, signe « l'appel de Cochin », sur les conseils de Marie-France Garaud et Pierre Juillet, dont il se séparera après cet épisode. Dans ce communiqué, il critique le projet européen, parlant de « politique d'asservissement », et critique l'UDF pour ses prises de position pro-européennes.
Le 9 juin 1979, l'UDF arrive en tête du scrutin avec 27,6 %(25 élus), contre 23,5% pour le PS (22 élus), 20,5% pour le PCF (19 élus) et seulement 16,3% pour le RPR (15 élus). Simone Veil est ensuite élue présidente du Parlement européen, malgré l'opposition des députés européens français issus du RPR, qui présentent un candidat contre elle.
Les dissensions au sein de la majorité conduisent le Premier ministre à utiliser, à plusieurs reprises, l'article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire passer des textes sans vote si aucune motion de censure n'est adoptée. Après l'utilisation de l'article 49.3 lors du vote du budget 1980, auquel s'opposait le RPR, le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas, saisit le Conseil constitutionnel, qui annule le vote de la loi pour une question de procédure, ce qui conduit à la convocation d'une session extraordinaire à la fin de l'année 1979.
De gauche à droite Jean de Broglie, Joseph Fontanet & Robert Boulin
Sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, trois figures politiques de droite meurent de façon violente ou suspecte :
Le député Jean de Broglie (Républicain indépendant) est assassiné le 24 septembre 1976…
Le 2 février 1980, l'ancien ministre gaulliste Joseph Fontanet est également tué, ce meurtre reste non élucidé…
Le 30 octobre 1979, le ministre du Travail, Robert Boulin (RPR), accusé, par des lettres anonymes publiées par Le Canard enchaîné, d'avoir acquis de manière illégale une garrigue, est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet. L'enquête judiciaire ne permet pas d'aboutir à des conclusions définitives. Des personnalités du RPR proches de Valéry Giscard d'Estaing accusent alors les gaullistes d'avoir mené une campagne de déstabilisation à l'encontre de Robert Boulin, qui était pressenti pour succéder à Raymond Barre à la tête du gouvernement à l'approche de l'élection présidentielle de 1981. L'hypothèse de l'assassinat politique est envisagée, Robert Boulin ayant notamment fait l'objet de menaces de mort...
Défaite à l'élection présidentielle de 1981
Un an avant l'élection présidentielle, dans un entretien accordé à l'hebdomadaire L'Express le 10 mai 1980, le président de la République estime avoir réalisé les trois quarts de ce qu'il souhaitait faire. Un sondage publié le mois précédent dans Le Point le donne vainqueur avec 57% des voix face à Michel Rocard et 61% face à François Mitterrand. C'est finalement ce dernier qui est désigné candidat du Parti socialiste en janvier 1981.
Rassuré par la victoire surprise de son camp aux élections législatives de 1978 et par les sondages, Valéry Giscard d'Estaing s'est peu à peu désintéressé des stratégies politiques au profit des questions économiques. Il annonce sa candidature à un second mandat, depuis le palais de l'Élysée, le 2 mars 1981.
Une campagne difficile
La campagne est notamment marquée par l'affaire des diamants, largement propulsée par le Parti Socialiste. Valéry Giscard d'Estaing est accusé d'avoir reçu des diamants de Jean-Bedel Bokassa, alors président de la République centrafricaine. Le Canard enchaîné, fidèle de la désinformation, estime la valeur de ces diamants à un million de francs… Alors que le chef de l'État traite avec mépris ces accusations, il sera révélé après l'élection que ces diamants ont été remis à des organisations caritatives et que leur valeur a été largement surestimée…
Le 26 avril 1981, Valéry Giscard d’Estaing arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 28,3% des voix, devant François Mitterrand (25,8%) et Jacques Chirac (18,0%). Le président du RPR, qui a rencontré secrètement le premier secrétaire du Parti socialiste au domicile d'Édith Cresson en octobre 1980 afin d'élaborer une stratégie visant à faire battre le président sortant, refuse d'appeler ses partisans à soutenir Valéry Giscard d'Estaing pour le second tour et ne se prononce en sa faveur qu'à titre personnel ; des permanences du RPR donnent alors pour consigne de voter pour François Mitterrand, dans l'espoir que le parti gaulliste affirme son ascendant sur l'UDF…
Lors du débat télévisé de l'entre-deux tours, le 5 mai 1981, François Mitterrand qualifie Valéry Giscard d'Estaing d'« homme du passif », en réaction à « l'homme du passé » ou « vous n'avez pas le monopole du cœur », dont Giscard l'avait crédité sept ans plus tôt lors du débat télévisé de la présidentielle de 1974. À l'issue de cette confrontation, la comparaison entre les points forts et les points faibles des deux candidats est néanmoins favorable au président sortant.
Peu avant le second tour, Le Canard enchaîné (encore lui) publie des documents indiquant que le ministre du Budget, Maurice Papon, a été responsable de la déportation de Juifs sous le régime de Vichy. De son côté, Valéry Giscard d'Estaing refuse de publier une photographie - trouvée par ses services - montrant François Mitterrand pendant la Seconde Guerre mondiale en compagnie du maréchal Pétain ; alors qu'il affirme à ses collaborateurs ne pas vouloir rabaisser le niveau de la campagne, ses soutiens estiment que la fuite de ce cliché lui aurait permis de l'emporter.
Le 10 mai 1981, Valéry Giscard d'Estaing perd le second tour de l'élection en recueillant 48,24% des suffrages exprimés, contre 51,76% à François Mitterrand. Neuf jours plus tard, il prononce un discours de fin de mandat diffusé au journal télévisé d'Antenne 2, qu'il conclut par la locution « Au revoir », dans une mise en scène demeurée célèbre. Le 21 mai, après un entretien d'une heure avec François Mitterrand, il quitte à pied le palais de l'Élysée, applaudi par ses partisans et hué par des militants socialistes.
Dans Le Pouvoir et la Vie, Valéry Giscard d'Estaing écrit : « Pourquoi ai-je échoué ? En raison du chômage ? d'une lassitude des Français ? J'étais crédité de 60% de bonnes opinions et puis tout à coup une tornade s'est levée. C'est un phénomène étrange ».
À l'occasion du trentième anniversaire de sa défaite, en 2011, il déclare que sa campagne était « mauvaise », « bâclée ». Sa campagne, la fin des Trente Glorieuses, l'attitude de Jacques Chirac et la large préférence pour François Mitterrand des électeurs de 18 à 21 ans - à qui Valéry Giscard d'Estaing a donné le droit de vote - semblent avoir été déterminants dans sa défaite.
Président de la Convention sur l’avenir de l’Europe
Lors du Conseil européen de Laeken de 2001, il est nommé à la tête de la Convention sur l'avenir de l'Europe, qui a pour but de simplifier les différents traités européens en rédigeant un projet de traité constitutionnel. Toutes les sessions de travail de la Commission sont ouvertes et retransmises par les moyens audiovisuels.
Le 15 juillet 2003, Valéry Giscard d'Estaing présente le projet de Constitution, qui est signé par les 25 membres de l'Union européenne le 29 octobre 2004. Il prend une part active, en avril et mai 2005, à la campagne pour le « oui » au référendum français sur le traité constitutionnel européen.
Alors qu'il prévoit son adoption, le référendum la repousse avec 54,7% de « non ».
Après cet échec, suivi du même résultat aux Pays-Bas quelques jours plus tard, le traité constitutionnel est en partie abandonné pour laisser place au traité de Lisbonne en 2007.
(source Wikipédia)