SÉRAPHINE LOUIS, DITE DE SENLIS
Réalisé par Martin Provost, ce film, récemment rediffusé sur Arte, est tout d'une grâce, qu'apporte ici la concentration naturaliste et obstinée, sur le personnage de Séraphine.
Aucune dispersion dans le cadre médiéval de la ville de Senlis. Pourtant la tentation aurait pu être grande tant cette citée est impressionnante par l'accumulation de son archéologie qui recèle une atmosphère d'un autre âge.
Aucune digression insistante dans le portrait d'une bourgeoisie rigide, employeuse de Joséphine pour ses besoins domestiques. Ces bourgeois qui ont un palmer dans l'œil pour mesurer l'écart des convenances qui se doivent d'être observées entre eux et le « petit » peuple, ce qu'ils appellent les bienséances...
Juste ce qu'il faut pour cadrer toute l'attention sur la personnalité de l’artiste en marge de la normalité.
Les prises de vues, dépourvues de tout esprit de racolage, sont magnifiques, notamment dans la rencontre de Joséphine avec la nature sur les coteaux de Senlis
Il faut ici louer une très grande comédienne, Yolande Moreau, qui se dépouille à ce point de ce qu'elle est pour incarner les multi-facettes d'une personnalité difficile à cerner et dont on prend exactement le pouls de la complexité.
Un chef-d’œuvre, pétri d'une grande pudeur tout en nous ramenant à la force de l'essentiel.