NON AUX GRÈVES SCOLAIRES POUR LE CLIMAT ! (6/7)
8. Les élèves violent les missions de l’école
Les élèves faisant l’école buissonnière transgressent directement deux articles fondamentaux des missions prioritaires de l’enseignement secondaire [21] :
- • Article 6 : « Amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle ».
- ◦ Cet article est violé par les brosseurs de cours et les établissements qui les soutiennent puisqu’un manquement au cours au profit d’une activité non-instructive qu’est la manifestation pour le climat n’améliore en rien les savoirs et les compétences des élèves, mais au contraire les faire régresser.
- Article 8 : « [Faire] respecter par chaque élève l’obligation de participer à toutes les activités liées à la certification organisée par l’établissement, et d’accomplir les tâches qui en découlent ».
- ◦ Les cours faisant partie des « activités liées à la certification organisée par l’établissement », les élèves qui manquent volontairement les cours et les établissements qui soutiennent cet absentéisme violent donc une autre mission de l’enseignement secondaire.
Certaines organisations, comme l’UFAPEC, ont argué que les manifestations pour le climat « peuvent s’intégrer dans une des missions de l’institution scolaire qui est d’éduquer à l’exercice de la citoyenneté » [22]. Les missions en question soutenant cet argument sont les suivantes :
- Article 6 : « 2° Amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle ; 3° Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures ».
- Article 8 : « Pour remplir les missions prioritaires visées à l’article 6, les savoirs et les savoir-faire, qu’ils soient construits par les élèves eux-mêmes ou qu’ils soient transmis, sont placés dans la perspective de l’acquisition de compétences. Celles-ci s’acquièrent tant dans les cours que dans les autres activités éducatives et, de manière générale, dans l’organisation de la vie quotidienne à l’école. »
- En réponse à cet argument, il faut reconnaître que la participation et l’organisation des « marches pour le climat » (et non des grèves, c’est-à-dire les manquements aux cours) permet effectivement dans certaines conditions d’éduquer à l’exercice de la citoyenneté, malgré la médiocrité de leur utilité scientifique, sociale et politique comme démontré dans les points 5, 6 et 7 de notre analyse. D’une part, l’objectif « officiel » de ces marches est principalement d’influencer les politiques climatiques (objectif validé par les missions de l’école), mais cet objectif ne motive seulement qu’une fraction des jeunes manifestants comme démontré dans le point 3 de notre analyse, les autres manifestants ayant d’autres objectifs sans lien avec le climat (objectifs invalidés par les missions de l’école). D’autre part, pour que ces marches soient entièrement favorables à l’exercice de la citoyenneté en ne contredisant pas les missions de l’école, elles doivent être prévues hors heures scolaires (mercredi après-midi ou week-end, par exemple), ce qui est loin d’être le cas. Bref, cet argument est fortement discutable.
- L’UFAPEC a ajouté que « en matière d’éducation à l’environnement, autre mission de l’école, ces marches peuvent aussi s’intégrer dans les programmes » [22] en se servant des missions suivantes :
- Article 67 : « Le plan de pilotage dont le modèle et les modalités sont arrêtés par le Gouvernement, comprend notamment les points suivants : (…) la stratégie relative notamment à la promotion de la citoyenneté, de la santé, de l’éducation aux médias, de l’environnement et du développement durable. »
- Article 73 : « Tous les trois ans au moins, le projet d’établissement comprend également le bilan des indications relatives (…) aux initiatives prises en matière d’éducation aux médias, à la santé, à la vie relationnelle, affective et sexuelle et à l’environnement. »
En réponse à cet argument, ce dernier est facilement réfutable parce que les marches pour le climat, contrairement à de véritables actions écologistes par exemple relatives à la pollution et à la lutte contre l’effondrement de la biodiversité, n’auront aucun effet direct ou indirect sur le climat et donc sur l’environnement pour les raisons déjà détaillées dans le point 5 de notre analyse.
Malgré l’incompatibilité entre la grève climatique et les missions de l’école, chaque direction d’établissement scolaire était libre d’autoriser, avec ou sans contraintes, ou de refuser ces grèves.
Il y avait de tout : certaines écoles comme celles de Louvain étaient plutôt favorables aux grèves en acceptant le départ de leurs élèves, tandis que d’autres y étaient plutôt défavorables en y appliquant une tournante afin que ce ne soit pas toujours les mêmes élèves qui soient absents le même jour…
Certaines écoles très défavorables se sont contentées d’envoyer le SMS suivant aux parents : « Mme, M. par décision ministérielle, toute absence pour cause de manifestation sera considérée comme injustifiée, même si elle est couverte par un justificatif », tandis que d’autres très favorables, notamment des écoles flamandes, ont carrément obligé les élèves à aller manifester (!)...
En résumé, les missions de l’école contredisent ces grèves et ne les soutiennent pas non plus
(Suite demain)
Guillermo GM,
Étudiant en physique à l’Université Catholique de Louvain
[21] « Décret « Missions » du 24 juillet 1997 (mis à jour du 09 octobre 2018) », surhttp://www.enseignement.be/index.php?page=23827&do_id=401, consulté le mardi 24/08/2021 à 18h03.
[22] LORIERS Bénédicte, « Les marches des jeunes pour le climat, un apprentissage citoyen ? », sur https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2019/0719-marches-climat.pdf, consulté le mardi 24/08/2021 à 16h50.