DE GAULLE AU PARADIS (1/2)
Un chef d'œuvre EXCELLENTISSIME ! ! !
UN VRAI BONHEUR !
Le texte ci-dessous (que nous publions en 2 épisodes) est une pure merveille ! Aussi, nous remercions vivement Mady et Michel G de nous l’avoir transmis.
Régalez-vous en lisant ces vers, prenez le temps de savourer (Le nom de l'auteur est inconnu, dommage car il (ou elle) a bien du talent).
Laissez votre imagination vagabonder en revoyant LE GRAND CHARLES devant TANTE YVONNE. Une vraie pièce de théâtre !
la Petite Souris Normande
La colère du Général, ou La diatribe du grand Charles. La scène se passe au paradis : sur un petit nuage, Yvonne tricote, assise sur un pliant. Elle voit arriver le général, titubant, la mine défaite, prêt à défaillir. Après quelques pas, il s’effondre à ses côtés dans un fauteuil.
Yvonne
Depuis que de Saint Pierre vous eûtes permission
De retourner sur Terre ausculter la Nation,
Sur ce petit pliant j’attends votre venue...
Mais je lis dans vos yeux une déconvenue !
Parlez-moi sans tarder de celle qui toujours
Fut jadis avec moi l’objet de vos amours...
Le Général
Vous voulez dire France à qui j’ai voué ma vie,
Ne cachons point son nom ! Je vous sais gré, ma mie
(Malgré les embarras, les peines, les tracas
Qu’elle a pu vous donner et dont je fais grand cas !)
Pendant aussi longtemps de l’avoir tolérée.
Yvonne
Eh bien ?
Le Général
Eh bien Madame, elle est défigurée !
Yvonne
Charles, je compatis, c’est une peine extrême
De voir les traits meurtris d’une femme qu’ on aime
Elle a vieilli sans doute...
Le Général
Oh, ce n’est pas cela !
Il m’en faudrait bien plus pour être en cet état.
Je ne m’attendais pas à la revoir pucelle !...
Mais on peut décliner... sans cesser d’être belle !
Si le corps en hiver n’est plus à son printemps
L’âme de l’être aimé sait résister au temps !
Yvonne
C’est donc son âme ?
Le Général
Hélas ! Si je n’étais au ciel
Près de vous, à l’abri des chocs existentiels
Ce que j’ai vu m’aurait donné le coup de grâce !
Yvonne
Mais qu’avez-vous donc vu ?
Vos silences me glacent !
Le Général
France, mère des Arts, des Armes et des Lois...
Ô Dieu, l’étrange peine ! Et quel affreux émoi !
Quelle désillusion, quelle désespérance,
De revoir sa maîtresse en telle déshérence !
Yvonne
Mais encore, précisez... je reste sur ma faim !
Vous me turlupinez ! Qu’avez-vous vu enfin ?
Le Général
J’ai vu, j’ai vu, Oh ciel ! J’ai vu… Comment vous dire
Comment bien s’exprimer quand on a vu le pire ?
J’ai vu le Titanic s’abîmer dans les flots
Et son grand timonier repeindre les hublots !
J’ai vu un président, la cravate en goguette,
L’air niais, le regard flou et la mine défaite,
Un casque sur le chef, juché sur un scooter !
(On avait dû lui dire : il faut sortir couvert !)
Vous voyez le tableau ! Oh, madame, j’ai honte
De certifier pour vrai tout ce que je raconte !
C’est la chienlit, vous dis-je et pas qu’en les faubourgs !
Comme ce fut le cas quand nous jouissions du jour
Mais dans le Saint des Saints, au cœur de l’État même
Où tout devrait baigner dans un accord extrême.
J’ai vu des gouvernants qui ne gouvernent rien...
Et un peuple hébété les traiter de vauriens !
J’ai vu des ministrons se tirer dans les pattes
Plus divisés entre eux que ne sont les Carpates !
J’ai vu, comme jadis, tous ces «politichiens»
Se disputer leur os, hargneux comme des chiens.
J’ai vu dans la maison où j’ai régné dix ans
Un orchestre amateur gratter ses instruments
Dans la cacophonie ! Et dans ce grand bazar
Le moindre palotin se prendre pour César :
L’un fraîchement nommé, jouant les petits saints,
S’exonérer d’impôts et trouver ça très bien !
L’autre, obscur conseiller, quérir à son de trompe
Un larbin stipendié pour lui cirer les pompes !
Geste surréaliste au temps qui fut le mien !
Mais j’allais oublier, et là, tenez-vous bien !
Pour couronner le tout, j’ai vu, (serrez les cuisses !)
Le gardien du budget planquer son fric en Suisse !
Yvonne
N’êtes-vous point sévère avec ces jeunes gens
Tout fiers d’avoir acquis un certain entregent ?
Ces nouveaux Rastignac jadis vous faisaient rire
Et ne vous mettaient pas dans une telle ire !
Nous connûmes souvent et du temps de nos rois
Nombre de grands coquins qui s’exemptaient des lois
Et même pour certains sombraient dans la débauche !
Le Général
Mais aucun de ceux-là ne se disait de gauche !
Alors que ces pignoufs, sinistres polissons,
Se pavanent le jour en donnant des leçons !
Je me suis renseigné sur l’histoire récente
Pour comprendre un peu mieux ces façons indécentes,
Et qu’ai-je appris Grand Dieu ?... Mille calamités
Sur un gouvernement qui semble tout rater !
Depuis plus de deux ans, on s’agite, on spécule !
Ce qu’on avance un jour, ensuite on le recule,
Dans un rythme effréné qui donne le tournis...
Ça n’est plus du tango, c’est danse de Saint Guy !
Le peuple abasourdi par ces folles pratiques
Ne voit pour l’avenir que funestes musiques !
Il s’agite à son tour, ployant sous les impôts,
Résiste à tout diktat, discute à tout propos,
Tire à hue et à dia et renverse la table !
Yvonne
Un peuple ingouverné devient ingouvernable !
Le Général
Je confirme et j’illustre, écoutez bien ceci,
C’est un tableau d’en bas que je vous fais ici :
A-t’on pris décision dans les formes légales
Que l’on voit illico se former des cabales !
L’un met un bonnet rouge et l’autre un bonnet vert
En prétendant agir au nom de l’Univers !
Quelques illuminés ou quelques fous furieux
Hurlent en vomissant des slogans injurieux,
Pillent les magasins, éructent, gesticulent,
Cassent trois abribus !... Et le pouvoir recule !!!
(Suite demain mercredi)