HALTE AUX COMBATS ET AUX MASSACRES !

Publié le par Guy Ventouillac

DU JOURNAL "LIBÉRATION"

DU JOURNAL "LIBÉRATION"

Même si les revendications de la Russie étaient acceptables, la violence des combats en cours ne l’est pas. Il n’appartient à personne de faire payer aux populations civiles le droit de les massacrer au nom de revendications territoriales, politiques ou économiques discutables et qui, finalement, ne les concernent que peu.

L’important est que les populations puissent vivre heureuses et en paix. La paix apporte un bonheur, relatif, certes. La guerre, les conflits n’apportent que malheur.

Aujourd’hui s’est installée une guerre sans proportion avec les enjeux et les revendications des parties en conflit. L’important est de mettre fin au plus vite à cette situation avant qu’elle ne devienne apocalyptique et complètement incontrôlable.

Qui sème le vent récolte la tempête... Une fois déclenchée, toutes les parties auront à en souffrir. Très douloureusement, sans aucun doute. Et comme chaque fois dans l’histoire, l’initiateur des conflits finit par perdre la partie générant plus de malheurs pour son propre peuple qu’il n’en a infligé à ses adversaires.

L’affaire ukrainienne est très compliquée. Historiquement, économiquement, militairement, politiquement, humainement.

Quoiqu’il en soit, il faut trouver rapidement une solution, un compromis qui permette de satisfaire raisonnablement, tant bien que mal, les deux parties.

C’est avant tout un problème européen avant d’être un problème de main mise sur l’Europe par les Etats-Unis au nom d’intérêts économiques et financiers qui ne concernent qu’une infime proportion de la population européenne.

Aujourd’hui nous faisons face à une rivalité Russie/Etats-Unis. Après l’effondrement du communisme, après une relative déliquescence de sa puissance militaire et économique, la Russie a redressé la barre et est redevenue une puissance militaire majeure qui lui permet de proclamer avec autorité ses desiderata et ses revendications.

Par ailleurs, l’Europe s’est installée dans son petit confort sans jamais prendre conscience de cette imposante et dangereuse réalité.

Exactement comme la France, dans les années 38-39, vis-à-vis de l’Allemagne. Aujourd’hui nos gouvernements successifs ont effondré notre défense, par rapport à elle-même, mais surtout par rapport à la montée en puissance, en technologie de pays comme la Chine et la Russie.

Pas étonnant que notre Coq gaulois se fasse humilier et rouler dans la farine par l’Ours russe qui, lui, peut le dévorer en une seule bouchée. Même si notre Président est plein de bonnes volontés.

Aujourd’hui je ne pense pas que le comportement de la Russie soit raisonnable. Ses revendications ne peuvent en aucun cas justifier ses actions sur le terrain ukrainien. Mais, il est évident qu’il faut faire la part du feu si l’on veut éteindre l’incendie avant qu’il ne soit incontrôlable.

Si j’ai bien compris, et je ne suis en rien un spécialiste des ces questions qui demandent un niveau d’information que je n’ai pas, la Russie revendique la nouvelle annexion de la Crimée. Au 18ème siècle le général Potemkine et la Grande Catherine avaient très intelligemment mis la main sur ce territoire précédemment rattaché à l’Empire Ottoman (la Turquie). Que la Russie veuille conserver ce territoire avec son accès militaire et civil aux mers chaudes, cela me semble d’une parfaite évidence. Qu’elle veuille garder le port de Sébastopol, cela me semble relever de la même logique. La population de ce territoire s’est prononcée par référendum pour son rattachement à la Russie. Transparente ou pas faut-il revenir sur le résultat de cette consultation.

Si accepter cette revendication était un élément fondamental de retour à la paix, je crois qu’il faudrait la prendre en compte sérieusement.

Deuxième point. L’indépendance des oblasts de Donetsk et de Louhansk au Donbass, à la condition qu’ils soient des états souverains et indépendants est une question qui se pose. Si après référendum libre la population de ces territoires se prononçait en faveur d’une indépendance souveraine il faudrait probablement prendre en compte cette réalité.

Troisième point. Le statut politique et militaire de l’Ukraine. Il semble que la population de ce pays ne veuille pas être inféodée à la Russie.

D’autre part la Russie refuse de voir ce pays entrer dans la structure européenne qui pourrait l’éloigner d’une relation établie depuis plusieurs siècles.

De plus, si l’Ukraine devait faire partie de l’OTAN, la Russie pourrait la considérer comme un ennemi potentiel de ses intérêts, de sa souveraineté, de l’intégrité de son territoire, de son identité même…

D’autre part, également, l’Ukraine tient à son indépendance et à sa souveraineté tant politique qu’économique. Peut-elle l’assurer par elle-même, c’est une grande question. Si elle acceptait d’être en position de neutralité, que cette position soit sincèrement reconnue et acceptée par tous (en particulier les Etats-Unis et la Russie) je pense que les tensions pourraient s’apaiser rapidement et durablement. Par exemple une position proche de la Finlande qui semble acceptée par tout le monde.

Bien sûr l’Ukraine dispose d’un potentiel de ressources considérable. C’est un peu la cause de son malheur car elle est devenue l’objet de convoitises économiques et politiques bien loin de considérer le bonheur et le bien-être de sa population.

Alors, est-il possible de trouver des accords sur ces trois points. Si toutes les parties sont raisonnables. La réponse est oui. Si une seule des parties voulait trop, sans accepter le moindre compromis, alors le monde pourrait être à l’orée de l’Apocalypse.

Personnellement je ne suis ni du côté americano-occidental ni du côté russe. Je ne fais que souhaiter la paix et le dialogue entre toutes les parties et surtout une jouissance rapide et paisible de la vie à tous les ukrainiens et à ceux qui les entourent.

En revanche je ne peux que condamner l’agression russe dont l’incompréhensible ampleur et la gratuite inhumanité me sidèrent.

Guy Ventouillac

Publié dans Guy VENTOUILLAC

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