UN PORTRAIT ITALIEN DE BHL

Publié le par Observatoire Du Journalisme

UN PORTRAIT ITALIEN DE BHL

Marco Travaglio est un journaliste italien de gauche, mais une gauche indépendante et volontiers frondeuse. Il dirige depuis 2015 Il Fatto quotidiano, un quotidien romain considéré comme proche du Mouvement cinq étoiles. Nous ne résistons pas au plaisir de proposer à nos lecteurs  un portrait récent de notre belliciste national paru dans son journal.

Les sous-titres sont de notre rédaction.

Mauvaise nouvelle pour l’Ukraine

Alors que les choses semblaient aller un peu mieux, s’abat sur la résistance ukrainienne une catastrophe qui pourrait être fatale : Bernard-Henri Lévy, BHL pour ses amis. Nouveau philosophe chevronné (cette qualification a t’elle une date de péremption, comme le yaourt, ou est-ce à vie ?) et adepte des croisières de luxe.

Il décolle de la Tour Eiffel, le col retroussé comme une sorcière dans Blanche-Neige et est parachuté à Odessa. Et maintenant, il annonce dans La Repubblica (1) la “retraite de Poutine” imminente parce que “son armée s’effondre”, “l’heure du déclin a sonné ” et nous sommes juste à un cheveu de la « victoire ukrainienne », qui réclame juste « une augmentation minimale de l’aide ».

Papa Biden et la pappamolla française

La chochotte (pappamolla en italien) aimerait négocier pour éviter des massacres inutiles, mais « le moment n’est pas encore arrivé ». Il nous le fera savoir. En attendant, laissons-les s’exterminer un peu plus et émancipons-nous avec Biden, qui trouve toujours les mots justes, à condition qu’il “défende chaque centimètre” de l’Ukraine qui – surprise ! est un “sanctuaire de l’OTAN” (Poutine aurait donc raison). “L’Amérique revient” et il y a de très bons espoirs pour une troisième guerre mondiale. Après tout, la gueule d’ange (Pupetto en italien) de Montmartre et des Champs-Élysées est un grand fan des guerres, celles faites avec les culs des autres. Pas une n’a été oubliée. Serbie, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie : allons enfants !

Monsieur porte-malheur

Malheureusement, il porte toujours la poisse à ceux qu’il soutient. Mémorable fût la mission à Benghazi en 2011 pour recruter des rebelles anti-Kadhafi, promouvoir chefs de tribus et égorgeurs comme partisans de la liberté, puis se proposer comme médiateur entre eux et l’OTAN, enfin pousser à tout bombarder jusqu’à la sodomisation et l’assassinat du raïs. « La Libye entre dans la démocratie, j’en suis fier », jubilait-il à son retour. Résultat : 11 années de guerre civile. En 2020, toujours fier, il débarque à Misrata (2) pour recevoir un prix bien mérité. Et la population le lui a remis avec plaisir, comme il l’a dit lui-même dans un reportage déchirant sur La Repubblica : « Libye, tirs et crachats. Comme ils m’ont chassé dans le désert ». Sauvé du lynchage il a été rapatrié avec ordre de ne plus remettre les pieds sur place.

Le prophète afghan

L’année dernière enfin, pleurant l’indécent abandon américain de Kaboul, il part en avion dans le Panshir chez Massoud junior pour annoncer la paix après seulement 42 ans de guerre et annoncer toujours sur La Repubblica que la défaite des talibans était imminente. Résultat : les talibans au pouvoir et Massoud junior enfui au Tadjikistan. Si vous ajoutez que, dans ses nombreuses vies, le délabré philosophe a épousé Trotsky, Mao, Mitterrand, Cesare Battisti (3), Sarkozy et aussi Renzi (4) et Calenda (5), vous pouvez bien comprendre notre appréhension pour les Ukrainiens. Dans la vie, vous pouvez vous sauver de tout, même de l’armée russe. De BHL non ».

Source : ilfattoquotidiano.it

Traduction : CC

Notes

  1. La Repubblica est le grand quotidien libéral libertaire de Rome, un peu l’équivalent du Monde, défendant la mondialisation heureuse et l’atlantisme sans frontières.
  2. Misrata, grand port à 200 kms à l’est de Tripoli est une ville où les frères musulmans sont la force dominante, parmi de nombreuses autres milices.
  3. Cesare Battisti, écrivain et terroriste italien, soutenu par BHL et la gauche germanopratine, a été condamné à la prison à vie après 38 années de cavale.
  4. Matteo Renzi, ancien maire de Florence, alias « le démolisseur », personnalité politique virevoltante, est surnommé « Renzisconi » car comme Berlusconi son combat politique est avant tout motivé par son insatiable ambition personnelle.
  5. Carlo Calenda, homme politique romain libéral libertaire, il est considéré comme le meilleur défenseur des institutions de Bruxelles en Italie et un grand ami des États-Unis.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article