JE NE CONNAIS PAS DE PLUS BELLE MISSION QUE CELLE DE RESTAURER UN ESPOIR QUAND TOUT SEMBLE CONDAMNÉ
À l’issue des dernières élections, il n’est plus possible de détourner le regard. La réalité saute au visage : notre pays est dans l’impasse. L’été fait encore durer pour quelque temps l’illusion à laquelle on voudrait encore s’accrocher, mais tout le monde le sent bien : les nuages noirs s’amoncellent à l’horizon.
Pour la première fois depuis la IVe République, la France est ingouvernable. On retrouve les images ridicules d’un jeu politique, où chacun accuse l’autre des blocages, dans une comédie que les Français regardent les yeux écarquillés : c’est donc devenu cela la politique ?
Le président de la République ne parvient plus à dissimuler l’absence de cap sous les artifices de communication. Mais encore, s’il ne s’agissait que d’une crise politique, on pourrait s’en accommoder. Seulement voilà, tous ces problèmes, que nous avons si longtemps repoussés au lieu de les résoudre, se rappellent à nous et la conjonction des périls sent la fin de partie, avec le risque que la France en sorte durablement affaiblie : dévalorisation du travail, appauvrissement des classes moyennes sous le double poids des impôts et de l’inflation, folie de notre réglementation administrative qui décourage tous ceux qui entreprennent, délinquance devenue hors de contrôle, effritement de notre identité nationale face à un communautarisme toujours plus conquérant, délitement de nos services publics, le tout dans un climat de dettes folles et de décrochage de notre économie.
Et pourtant… et pourtant, je persiste à croire que l’espoir est là, je suis convaincu que, comme souvent dans notre histoire, c’est quand la France est au bord de la chute et que tout semble perdu, qu’elle trouve la force de renaître. Il y a un génie français depuis du Bellay jusqu’à Houellebecq qui sait que la fin de l’histoire n’est jamais écrite, que tout reste toujours possible.
Comment ne pas comprendre qu’élection après élection, les Français cherchent à provoquer ce sursaut ? Ils voient bien que, depuis des années, le pays recule, quelles que soient les majorités ; ils en sont malheureux ; ils ne comprennent pas pourquoi nous commettons tant d’erreurs et, scrutin après scrutin, ils envoient ce même message : changez ! Et, scrutin après scrutin, trop de politiques persistent à ne pas écouter ce que disent les Français. Et, scrutin après scrutin, face à cet aveuglement, les Français poussent toujours plus loin la remise en cause de notre système politique.
Quand seront-ils enfin entendus ?
La vie politique s’est tellement anémiée. Elle semble maintenant se réduire à un choix entre un parti unique de gouvernement, autoproclamé cercle de la raison, qui ressemble de plus en plus à un marigot d’opportunistes sans projet clair pour le pays, et des extrêmes, dont on sent bien que leur incapacité à gouverner et leur posture de dénonciation permanente feraient courir de grands risques : l’amateurisme et le chaos. Nous ne sommes pas condamnés à ce non-choix entre impuissance et irresponsabilité. Mais, soyons lucides, si rien n’est fait, le seul choix qui nous restera dans cinq ans, au second tour de la présidentielle, sera entre les extrêmes. Ce serait le pire des destins pour la France : faute d’avoir été capables de rebâtir notre pays, nous ferions le choix de le détruire dans un dernier feu de la Saint-Jean.
Rien de tout cela n’est inéluctable. Mais, pour changer le cours des choses, il faut tout refonder et renouer avec l’audace. Je suis conscient de l’ampleur de la tâche et de nos responsabilités.
Après trois défaites consécutives à l'élection présidentielle, la droite a perdu ce lien historique qui l’a toujours unie aux Français à travers les époques, les mouvements et les hommes.
Ces défaites viennent de loin. La droite, depuis trop longtemps, n’a eu ni clarté dans les convictions ni courage dans l’action : incapacité à reprendre en main l’insécurité ou l’immigration, pusillanimité dans la lutte contre l’assistanat, errance dans les choix européens et timidité à se saisir des défis de demain comme l’école ou l’environnement. Ce constat est dur, mais il doit être fait : les échecs du passé rendent indispensables de procéder autrement.
On m’a parfois reproché la netteté de mes convictions. Je les ai toujours assumées et je ne les ai jamais reniées. Quand j’ai appelé contre l’assistanat à renouer avec la France qui travaille, défendu les classes moyennes, invité à renouer avec une ambition industrielle en assumant un protectionnisme européen, enjoint de repenser totalement l’Europe, alerté sur les dangers d’une immigration hors de contrôle, quand, dans ma région, je prends des positions fortes sur des sujets aussi divers que la lutte contre le communautarisme à travers le symbole du burkini ou sur la bonne gestion de l’argent public, quand je fais cela, c’est parce que je crois que, pour relever le pays, il faut des caps clairs et des actions déterminées. En Auvergne-Rhône-Alpes, ces résultats ont permis à la droite de sortir renforcée des législatives alors que le RN et le macronisme ont enregistré de mauvais résultats. J’ai toujours pensé que, contrairement à ce que croient trop de politiques, les Français préfèrent le courage et la clarté.
Dans les débats politiques à venir, les Républicains devront faire entendre leurs voix. C’est un travail au quotidien qui suppose d’être dans un combat politique, qui s’égrène au jour le jour. Ce travail, je le connais bien, je l’ai déjà fait, quand c’était ma responsabilité, et j’y prendrai ma part. Je n’oublie rien de ce que je dois à nos militants et à nos élus qui m’ont porté dans toutes les épreuves. Je déteste le reniement et je suis toujours resté fidèle à ma famille politique. La facilité eut sans doute été pour moi d’assurer à nouveau la présidence des Républicains. En politique, dit-on, la tendance la plus naturelle est de prendre les postes quand ils se présentent.
Et pourtant, je sens profondément qu’aujourd'hui reprendre les mêmes chemins qu’il y a cinq ans ne peut être le bon choix. J’ai appris à quel point il était indispensable de se remettre en question pour aller chercher, au fond de soi, un nouveau souffle. Et, dans cette période de crise politique, cette attitude est plus indispensable que jamais. Il faut avoir conscience de l’importance de l’enjeu. Ce dont il est question, c’est moins de sauver un parti que de sauver la France.
Aujourd'hui, après avoir beaucoup réfléchi, j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidence des Républicains.
Ce choix, je le fais parce que je crois qu’il faut consacrer toute son énergie à cette refondation à laquelle aspire notre pays. Une telle exigence ne supporte aucune dispersion. Il faut s’y donner totalement ; il faut prendre de la distance avec le combat politicien, parce qu’on n’y trouve plus aujourd'hui aucune réponse, parce que le jeu des petites phrases et des polémiques stériles ne permet plus d’entendre la voix des Français. C’est cette médiocrité qui a mené le pays dans l’état où il est aujourd’hui. Tout ceci nous tire vers le bas. La solution viendra d’une rupture avec ce qu’est devenue la politique.
Pour trouver les réponses, il faut une remise en question bien plus fondatrice ; sinon, les mêmes solutions conduiront aux mêmes échecs. Il faut plus de liberté pour se plonger dans le pays profond, pour comprendre puis agir. L’alternative que nous devons construire doit dépasser les questions d’appareils, travailler avec des personnalités aux parcours différents, frotter sa cervelle avec tous ceux qui voudront aller chercher ce sursaut, d’où qu’ils viennent. Il faut aller chercher des idées neuves, avoir le temps de se préparer. Il faut être créatif, tout revoir, « et dans la tempête et le bruit, la clarté reparaît grandie », trouver ce souffle impétueux qu’aimait Victor Hugo.
J’ai la conviction que c’est le seul chemin qui permettra d’être au rendez-vous du grand choix démocratique de 2027.
Il s’agit, ni plus ni moins, que de construire un changement de même nature que celui de 1958, car le blocage du pays est de même gravité.
Et d’abord réapprendre à voir, à voir et à dire ; arrêter de dissimuler l’état du pays, faute d’avoir le courage de le changer. Cette posture, dont l’affaire du stade de France a été un des ultimes avatars, nous empêche d’agir. Il faut voir et dire pour pouvoir faire.
Faire. De ce point de vue, les Français savent bien ce à quoi ils aspirent : une reconnaissance de ceux qui travaillent, un système de solidarité juste, un pays fier de lui-même et dans lequel les règles sont respectées avec la fermeté nécessaire contre ceux qui les enfreignent, l’arrêt de l’immigration de masse, la possibilité d’un avenir meilleur pour nos enfants, à la fois dans leur destin personnel et dans la préservation de notre environnement.
Ils attendent des actes.
Comment accepter que ces idées très majoritaires ne soient jamais traduites en actions politiques ? Comme si la politique avait renoncé à faire et, petit à petit, accepté que d’autres décident à sa place : les minorités agissantes face auxquelles on recule, les décisions de justice qui ont plus de poids que les lois, les autorités administratives indépendantes qui tranchent à la place des élus ou encore les instances européennes devant lesquelles, contrairement à l’Allemagne, nous nous soumettons sans défendre nos intérêts. Et que dire de ces dettes abyssales que notre inconscience accumule et qui nous font perdre la maîtrise de notre destin ! Il faut reprendre le goût de nous gouverner nous-mêmes.
Une vision, ensuite. Lincoln parlait de l’au-delà de la colline. En tournant la page d’une politique tristement gestionnaire, notre pays renouera avec une vision. On a voulu nous faire croire que, pour avancer, il fallait renoncer à nous-mêmes, nous débarrasser de la France dans l’Europe, nous débarrasser de notre identité dans le communautarisme, nous débarrasser de nos valeurs dans la déconstruction.
Le chemin est tout autre.
Cela fait des années qu’on somme les Français de changer pour soi-disant s’adapter à un monde ouvert. La réalité est qu’on n’a rien changé de ce qui nous entravait et qu’on a dégradé tout ce à quoi nous étions attachés. Il faut faire tout l’inverse : se centrer sur les vrais défis du pays pour lui permettre de retrouver son énergie, condition indispensable pour conserver ce que nous aimons en France ; aimer notre pays, ce n’est pas le déconstruire, mais le reconstruire. Nous allons tout remettre à plat, tout rebâtir pour retrouver la confiance dans notre avenir, pour renouer avec la fierté d’appartenir à la France, pour redonner des ailes à notre destin, pour renouer avec le panache.
Rassembler enfin. La responsabilité d’Emmanuel Macron et des extrêmes est ici lourde : leur opposition stérile a ouvert un gouffre dans le pays avec deux France qui ne se comprennent plus. D’un côté, le tenant des élites qui pense que conduire un pays peut se faire sans entendre les aspirations populaires ; de l’autre, un extrémisme qui croit que gérer un pays, c’est flatter les colères et se caler sur ce que dit le peuple, bien pauvre conception de ce qu’attendent les Français de leurs élus. La France s’est déchirée dans cette opposition entre, d’un côté, ceux pour qui tout va bien et, de l’autre, ceux qui sentent qu’ils sont à la fois perdants et méprisés. La France mérite mieux que cet affrontement qui l’épuise. On doit réconcilier les Français : prendre en compte les légitimes aspirations populaires, mais au profit d’une nouvelle ambition collective. Le sujet n’est ni Emmanuel Macron ni Marine le Pen, le sujet c’est l’après. Pour le construire, il faudra unir et non opposer.
Alors oui, je crois profondément que tout dépend de nous et j’ai confiance dans cette capacité que nous avons à écrire ce réveil français. Il y a en nous tous les atouts pour y parvenir : une France qui sait que seul le travail assurera sa prospérité, une France qui n’a jamais été aussi heureuse que quand elle porte haut son identité et ses valeurs. Nous n’avons aucune raison de douter ou d’avoir peur.
Je ne connais pas de plus belle mission que celle de restaurer un espoir quand tout semble condamné. Écouter le pays pour le faire renaître, renouer avec l’aventure française, nous avons cinq ans pour y parvenir.