L’EUROPE MÉDIÉVALE ET CHRÉTIENNE ETAIT ARRIÉRÉE : AH BON ? (1/3)
Certains lecteurs veulent à tout prix prouver que science et foi sont incompatibles. Voici la republication de trois articles (qui se suivent) dont celui-ci est le premier de la série.
Le mantra préféré des anticléricaux, antireligieux, et militants de l’athéisme laïcard, c’est : ‘‘la science et la foi sont totalement incompatibles !’’. Or un constat historique honnête démontre exactement le contraire : ce qu’on nous ressasse au nom d’une idéologie amnésique et discriminante ne correspond nullement à la vérité : ce sont les croyants, hommes d’Église en particulier, qui ont été au cours des siècles les pionniers de la science et des grandes inventions ayant édifié notre société. Ainsi, ces figures marquantes ont été soigneusement occultées à des fins de propagande laïque, au service d’un mythe du progrès sans religion, qui en 2018 reste toujours dans l’air du temps, avec l’appui des politiques.
En voici un aperçu, non exhaustif, ce qui veut dire qu’il y en a encore une liste considérable d’autres non mentionnés ici. Il est cependant déjà assez long pour que nous le publions en 3 fois.
Prêtre en Catalogne, il s’inspire de traités mathématiques sur la numération décimale d’origine indienne et met au point une méthode de calcul. Il crée l’abaque, compose un traité de géométrie. Elu pape en 999 sous le nom de Sylvestre II, il fait la promotion de l’astronomie et de la géométrie.
Maître de l’Ecole cathédrale de Chartres. Travaille sur les textes scientifiques grecs. Son traité principal estime que « la nature est l’instrument de la création divine », et qu’en « recherchant la raison de toute chose, on ne retire rien à Dieu ». S’intéressant aux astres, il déclare que Venus et Mercure tournent autour du soleil.
Abbesse bénédictine, près de Mayence. Thérapeute, médecin, musicienne. Ses traités médicaux proposant des soins à base de plantes et de minéraux ont une immense diffusion. En tant que femme, elle a une grande autorité et du pouvoir.
Grand scientifique du Moyen-Age. Introduit les chiffres dits arabes (indiens) avec le zéro, développe des techniques de calcul. Ses travaux en mathématiques et en géométrie gagnent toute l’Europe, grâce à son collaborateur Michel Scot.
Enseignant à Oxford, devient évêque de Lincoln. Cherche à distinguer scientifiquement la cause première initiant les causes secondes, propose un processus expérimental.
Fils de paysan, Robert de Sorbon atteint le doctorat en théologie, il est nommé chapelain par le roi St Louis. Afin d’aider les étudiants pauvres à financer leur formation, il organise un service d’enseignement gratuit grâce à l’appui de Robert de Douai, chanoine et médecin de la reine, et Geoffroi de Bar, futur cardinal. On lui attribue un bâtiment qui deviendra le collège de Sorbonne, établissement rapidement renommé de l’Université de Paris, et qui durera cinq siècles. Les étudiants boursiers y reçoivent de l’aide et deviennent bacheliers et docteurs. De toute l’Europe, la Sorbonne est consultée dans ses domaines d’études performants.
Dominicain bavarois. Enseigne à l’Université de Paris. Estime que la logique d’Aristote peut aider à l’approfondissement de la pensée chrétienne. Son élève célèbre : Thomas d’Aquin. Part enseigner à Cologne et devient ensuite évêque de Ratisbonne. Met au point un traité de répertoriation des plantes et des fruits. Observe les animaux, devient expert en botanique et zoologie. Il examine les fossiles et les minéraux. Sa haute spiritualité est reliée à la nature.
Moine franciscain anglais, professeur à Oxford. Il affirme qu’aucun discours ne peut apporter de certitude, il faut passer au stade de l’expérience. Il établit des réflexions sur l’optique et la réfraction de la lumière. On lui attribue l’invention du verre grossissant, du télescope, de la pompe à air.
Dominicain allemand, élève de Grosseteste à Oxford et rejoint Viterbe où il rédige un traité scientifique sur la lumière. Son ouvrage sera diffusé durant 2 siècles et servira de référence jusqu’à Kepler.
Franciscain majorquin. Ecrit un traité intitulé « l’arbre de la science ». Pour lui, chaque domaine scientifique correspond à un arbre avec racine, tronc, branches feuilles et fruits.
Dominicain saxon. Etudie à Paris et entreprend des études en optique sur la propagation de la lumière. Premier à élaborer une théorie scientifique de l’arc en ciel.
Religieux, maître ès arts de l’Université de Paris, dont il est élu recteur. Elabore une théorie scientifique à contre-courant des positions officielles sur le mouvement. Il définit la notion d’impetus qui contredit la physique d’Aristote et servira de base pour formuler la force motrice dans les mouvements naturels et la chute des corps.
Prêtre saxon, il étudie à l’université de Prague puis à Paris où il est élève de Buridan. Elu recteur de l’Université de Paris. Négocie la fondation de l’Université de Vienne dont il devient le premier recteur. Nommé évêque de Halberstadt, il rédige un commentaire d’Aristote et autres écrits amplement diffusés.
Normand, évêque de Lisieux, il met au point la géométrie analytique et émet l’idée que la terre est en mouvement. Remettant en cause la position aristotélicienne, et s’inspirant de « l’impetus » de Buridan, il écrit un ouvrage d’astronomie. Grâce aux travaux de Buridan et Oresme, la vision aristotélicienne dominante jusque-là perd sa crédibilité.
Prêtre rhénan. Etudie à Heidelberg, puis à Rome. Développe une nouvelle approche de l’univers, opposée à celle d’Aristote. Il dit : « la machine du monde a son centre partout et sa circonférence nulle part ! ». Théologien de haut niveau, il devient cardinal. Scientifique, il estime que la recherche de la connaissance est à la base de toute démarche, mais qu’il faut aussi reconnaître son ignorance face à l’ampleur du sujet.
Bavarois, il enseigne à Vienne. Il est l’inventeur du cadran pour mesurer les angles. Il fabrique un astrolabe pour le pape Paul II. Ses travaux en astronomie le rapprochent des idées de Nicolas de Cues, et de sa vision héliocentrique. Il rédige un traité de trigonométrie et travaille auprès du cardinal Bessarion à Rome. A Nuremberg, il construit un des premiers observatoires astronomiques d’Europe et s’intéresse à la comète de 1472. Un de ses élèves est Novara futur maître d’études de Copernic.
Cet artiste animé par une foi profonde, considéré comme le plus grand peintre de son temps en raison de ses chefs-d’œuvre, a été également un inventeur et un scientifique de haut niveau, que ce soit en anatomie ou en mécanique et en balistique. Ses croquis multiples en témoignent.
Trithème, père abbé bénédictin allemand est considéré comme l’inventeur de la cryptographie (stéganographie) Si l’on se réfère à ses ouvrages (polygraphie), il est le créateur d’une table permettant de coder ou de décoder des phrases.
Chanoine polonais passionné par les observations astronomiques. Le cardinal Schönberg lui demande de publier sa théorie héliocentrique et le pape le sollicite pour réformer le calendrier. Son traité « de revolutionibus orbium » remet totalement en cause le système de Ptolémée admis par les savants de son temps. Il estime que l’on peut mettre les éléments de l’univers en concordance avec le soleil ce qui rejoint la signification initiale de la création du monde par Dieu. Kopernik devient la référence dans toute l’Europe.
Bâlois, Paracelse parcourt les universités d’Europe. Il approfondit l’alchimie et l’astrologie et obtient un doctorat de médecine à Ferrare. Enseignant à l’université de Bâle, il est embauché en tant que médecin dans les mines de fer pour soigner les maladies des mineurs, et est apprécié de l’archevêque de Salzbourg. Pour lui, « la science est la nature réfléchie dans l’esprit humain ». Il initie la pratique de la chimie, en observant les ouvriers métallurgistes qui transforment par le feu des minéraux en métaux purs. Il découvre la possibilité de créer des alliages de métaux avec des qualités nouvelles. Il répertorie les réactions chimiques.
Cet autrichien luthérien termine ses études de médecine puis passionné de mathématiques et d’astronomie, il devient l’assistant du chanoine Kopernik qu’il décide à publier ses recherches.
Jésuite allemand, c’est un mathématicien et astronome. Il établit un nouveau calendrier, soumis au pape Grégoire XIII, qui l’adopte (calendrier grégorien). A partir des éléments d’Euclide, il développe une théorie mathématique qui servira de référence, ainsi qu’un livre d’algèbre dans lequel il est le premier à utiliser le point décimal.
Originaire d’Edimbourg, théologien protestant, mais aussi physicien. A partir de ses recherches mathématiques, il met au point ce qui deviendra le logarythme.
Protestant originaire de Copenhague, c’est un admirateur de Kopernik. Il met au point les premiers instruments astronomiques et améliore les tables astronomiques de son époque. Il devient un grand professeur de l’université catholique de Prague et aura des contacts avec Kepler.
Florentin, professeur à l’université de Padoue, il perfectionne la lunette astronomique. Il découvre ainsi les anneaux de Saturne. A partir de ses connaissances scientifiques, il entre en débat et ensuite en conflit avec la hiérarchie de l’Eglise, non pas tellement en raison de son option héliocentriste à la suite de Kopernik, mais de sa prétention à interférer sur le terrain des Saintes Ecritures. Il publie cependant, en accord avec le pape, une présentation des systèmes de Ptolémée et de Kopernik. Grâce à ses hautes protections, sa condamnation par le Saint Office se réduit à une résidence surveillée dans une villa où il poursuit son travail et reçoit beaucoup de visites de ses collaborateurs.
Médecin anglais, pionnier de la médecine moderne. Il découvre le rôle du cœur dans la propulsion du sang. Ses travaux en embryologie marquent une étape. « Nous reconnaissons en Dieu le créateur suprême et tout-puissant. Sa création et ses travaux pointent vers son existence ».
Mathématicien et physicien anglais, il découvre les lois de la gravitation universelle. Il invente le calcul infinitésimal et s’intéresse aux lois de l’optique. Sa foi compte beaucoup dans sa vie. « Ce mystère si merveilleux qu’est l’univers avec le soleil, les planètes et les comètes ne peut que provenir du vouloir d’un être intelligent ».
Kepler originaire du pays de Bade se destine à être pasteur. Ayant collaboré en astronomie avec son maître Tycho Brahé, il publie un plaidoyer pour la position copernicienne. Il poursuit des travaux sur la voute céleste et publie un traité où il montre que les planètes ne tournent pas en cercle autour du soleil, mais en suivant des courbes elliptiques. Dans son ouvrage « harmonie du monde » Kepler établit même un parallèle entre l’astronomie et la musique.
Religieux français, il connaît les travaux de Galilée dont il est ami. Mathématicien, il publie diverses œuvres, dont la présentation des nombres premiers. Son œuvre est significative également en physique : il étudie l’intensité du champ de gravitation, ainsi que la vitesse de propagation du son. Avec un groupe de savants, Mersenne est un des fondateurs de l’Académie des Science de Paris en 1666.
Prêtre et théologien, Gassendi est aussi mathématicien et physicien. Il correspond avec Galilée. Il étudie le mouvement des astres, les éclipses, les taches solaires. Il est le premier à définir ce qu’est une « aurore boréale ». Il rédige son étude sur les lois du mouvement et de l’inertie.
A suivre.
avec l’aimable autorisation de Dreuz.info.
Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, Membre de la JRJK, Commission de dialogue judéo-catholique (conférence des évêques suisses et fédération des communautés israélites suisses).