LES PARLEMENTAIRES LR NE SERONT PAS LA ROUE DE SECOURS D’UN MACRONISME AFFAIBLI.(Olivier Marleix et Bruno Retailleau)
Les présidents des groupes LR de l’Assemblée et du Sénat motivent leur refus de conclure un accord politique avec l’exécutif. Et ils expliquent leur état d’esprit alors que le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative au Palais Bourbon.
« Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ? » À cette question lancée par le président de la République, nous répondons clairement : nous n’irons pas au-delà de nos convictions. Car sur la sécurité, la dépense publique ou l’immigration, les idées d’Emmanuel Macron ne sont pas les nôtres. Et à ceux qui, dans le camp présidentiel, voudraient nous faire un mauvais procès en responsabilité, nous disons ceci : les premiers irresponsables sont les élus dont la parole publique trahit la parole donnée aux électeurs. Ceux qui ont donné leurs voix aux candidats LR leur ont donné un mandat clair : siéger dans l’opposition. Ce mandat doit être respecté. Pour la droite, qui a trop souvent brouillé sa ligne. Mais surtout pour la démocratie. Car il y a urgence à prouver aux millions d’abstentionnistes qu’existent encore, en politique, des hommes et des femmes d’honneur, pour qui les convictions comptent davantage que les nominations.
Nous ne serons donc pas la roue de secours d’un macronisme en perte de vitesse, tant il est vrai que le président du dépassement est désormais dépassé. Faudrait-il pour autant nous opposer à tout, au risque de ne servir à rien ? La stratégie du blocage ne vaut pas mieux que les petits marchandages. Les députés et sénateurs Les Républicains ont conscience de la situation périlleuse dans laquelle se trouve le pays. Sur le front social, budgétaire ou sécuritaire, tout peut arriver ces cinq années prochaines… Car rien n’a été réglé au cours des cinq dernières. Mais pour nous qui sommes imprégnés des exigences du gaullisme, l’intérêt de la France doit passer avant tout. Ni docile ni stérile : la droite parlementaire sera une opposition d’intérêt général, utile au pays.
Utile parce que nous n’avons pas combattu pendant des années le sectarisme de la gauche pour verser aujourd’hui dans une attitude sectaire. Sans préjuger de nos votes, nous jugerons donc sur pièces, texte par texte. Utile aussi parce que nous serons force de propositions, comme nous l’avons toujours été depuis 2017, sans d’ailleurs qu’Emmanuel Macron ait daigné saisir nos mains tendues.
A-t-il accepté nos demandes d’interdire le burkini et les tenues islamiques qui désormais se multiplient dans l’espace public ? A-t-il pris en compte nos avertissements sur les risques du « quoi qu’il en coûte », alors qu’aujourd’hui la hausse des taux d’intérêt se traduit par une charge supplémentaire de 84 milliards d’euros par an ? Si souvent, nos mises en garde et nos propositions se sont heurtées à l’arrogance d’un monde qui se rengorgeait d’être nouveau !
Ne pas se trahir !
Aussi, nous lui retournons la question : jusqu’où Emmanuel Macron est-il prêt à aller pour faire oublier Jupiter ? Ira-t-il jusqu’à interrompre sa dangereuse stratégie de fracturation dont cette Assemblée nationale morcelée constitue le résultat ? Saura-t-il enfin respecter le Parlement, abandonner son projet de conseil national de la refondation qui affaiblirait la légitimité de parlementaires dont il réclame aujourd’hui le soutien ? Et prendra-t-il en compte, pour commencer, nos propositions pour que le travail paie plus – car le pouvoir d’achat, c’est d’abord le pouvoir de vivre de son salaire – pour que les taxes baissent et que les dépenses diminuent ? La balle est dans le camp du président, non dans le nôtre.
Car après tant de revirements, c’est au président du « en même temps » de faire la preuve de sa sincérité. Un jour champion de la République laïque et indivisible, le lendemain promoteur de Pap Ndiaye ; le matin héraut de la liberté économique, et le soir adepte de la planification écologique. « Tout se tient », aimait à dire le général de Gaulle. Chez Emmanuel Macron rien ne se tient car il ne tient à rien. Pas de projet. Pas de vision. Pas de colonne vertébrale. Ses dernières campagnes électorales l’ont suffisamment démontré. Or pour nous, tout ne se vaut pas. Car si tout se vaut alors tout est faux et c’est bien cet air de fausseté qui provoque le dégoût de la politique et alimente les radicalités.
Nous ne prétendons pas détenir le monopole de la vérité. Notre famille politique a commis bien des erreurs. Elle les a d’ailleurs chèrement payées lors des récents scrutins. Mais si la droite doit trouver en elle assez d’humilité et de lucidité pour ne pas se mentir, elle doit conserver assez d’honneur et de force pour ne pas se trahir. La confusion politique ne saurait être clarifiée par la confusion idéologique : tout accord contre nature ne ferait qu’accroître le désordre dans les têtes et la désertion dans les urnes.
En renonçant à incarner l’opposition, la droite désignerait le lepénisme et le mélenchonisme comme seules voies d’alternance possibles au macronisme. Est-ce bien cette alternative que préconisent les Dr Folamour du malaise républicain ? Nous serons donc une opposition responsable car précisément : notre première responsabilité c’est d’abord d’être clairs, c’est d’abord d’être droits.
La droiture : quel plus beau projet pour une droite nouvelle ?
Olivier Marleix et Bruno Retailleau