QUAND L’ÉGLISE CATHOLIQUE DIT NON A L’ANTISIONISME…

Publié le par Abbé Alain Arbez

QUAND L’ÉGLISE CATHOLIQUE DIT NON A L’ANTISIONISME…

il y a 15 ans, à Buenos-Aires (Argentine), une déclaration officielle conjointe de l’Eglise catholique-romaine et du Comité juif international pour le dialogue interreligieux, fait franchir une étape nouvelle à la lutte contre l’antisémitisme.

Totalement occultée par les médias occidentaux, cette clarification a apporté une perspective constructive aux relations controversées entre Eglise catholique et Peuple juif. Alors même que monte en puissance l’antisémitisme musulman associé au boycott d’Israël par des organisations tiers-mondistes et gauchistes…

Les protagonistes de ce symposium judéo-catholique étaient d’une part la Commission pontificale pour les Relations avec le Judaïsme, avec le Cardinal Walter Kasper à l’époque délégué du Pape Jean Paul II, et d’autre part le Comité juif international pour le Dialogue interreligieux, sous la Présidence du Congrès Juif Mondial.

Cinquante trois personnalités catholiques et juives provenant de 26 pays ont donc travaillé ensemble à partir de dossiers d’actualité, avec le souci de définir une position claire et des objectifs communs dans la relation des chrétiens avec le monde juif.

De ces échanges interconfessionnels représentatifs est ressortie une déclaration finale rejetant explicitement toute forme directe ou indirecte d’antisémitisme, y compris – et cela n’est pas anodin au regard des slogans médiatisés – l’antisionisme, qui banalise insidieusement la haine envers les Juifs en diabolisant Israël.

(Contrairement aux critiques émises par certains milieux, cette posture réaliste n’interdit aucunement toute critique du gouvernement israélien et de sa politique, à condition de garder la même mesure que celle employée envers les autres états, ce qui est rarement le cas).

Ce qui était rejeté à Buenos Aires par les autorités catholiques et juives, c’est la mise en cause systématique de la légitimité reconnue à l’Etat hébreu par l’ONU en 1948, ainsi que la présentation partiale des événements du conflit palestino-israélien, caractéristique de certaines mouvances idéologiques, laïques ou chrétiennes, complaisamment relayées par les médias.

Pour les organisateurs de ce Forum, dénoncer l’antisionisme comme une variante de l’antisémitisme a constitué véritablement un moment historique : « L’Eglise catholique reconnaît dans l’antisionisme une agression non seulement contre les Juifs, mais contre le Peuple juif en tant que tel ».

Mais le symposium de Buenos-Aires manifeste aussi la volonté commune d’une coopération caritative et humanitaire entre juifs et catholiques au service de populations dans le besoin. Le Père Patrick Desbois, du Comité épiscopal français précise alors : « Nous sommes passés d’un dialogue à une véritable coopération sociale, basée sur l’héritage commun du Mont Sinaï ».

Il est vrai qu’un centre social de secours aux déshérités de Buenos Aires fonctionnait déjà, géré conjointement par Caritas et une Organisation juive. D’autres expériences identiques existent également dans d’autres pays.

Dans la même déclaration : le fléau du terrorisme.

Au Proche-Orient, des organisations terroristes se sont depuis des décennies spécialisées dans l’attaque de civils, envoyant des kamikazes se faire exploser parmi des innocents au nom de l’islam. Avant même le déplacement vers l’Europe des attentats meurtriers, le colloque de Buenos Aires rappelait un principe condamnant les exactions commises au nom de l’idéologie islamiste : « Le terrorisme est un péché contre l’Homme et contre Dieu ». Il est clair que le terrorisme est déjà injustifiable par lui-même, mais quand il s’exerce prétendument au nom d’un dieu, il est encore plus répugnant.

C’est donc dans le même état d’esprit que le successeur du pape Jean Paul II, Benoît XVI, a continué d’assainir les relations entre catholiques et juifs, recevant régulièrement des délégations de personnalités juives et des groupements de rabbins. Et répétant qu’on ne peut pas être chrétien et antisémite !

Le pape François a ensuite pris le relais, mais il est utile de rappeler qu’en 2004 – lors de la déclaration contre l’antisionisme – il était en poste en tant qu’archevêque de Buenos Aires, et qu’il avait donc pris part à la rencontre. Depuis, il a tenu à réaffirmer que l’antisémitisme est incompatible avec la foi chrétienne, ainsi que l’antisionisme idéologique.

C’est le sens de sa déclaration devant les représentants du Congrès juif mondial, fin 2015, lors de la célébration des 50 ans de Nostra Aetate et des racines juives du christianisme : « Attaquer les Juifs ou Israël relève de l’antisémitisme. Il peut y avoir des désaccords politiques entre gouvernements et sur des questions politiques. Mais l’Etat d’Israël a parfaitement le droit d’exister dans la sécurité et la prospérité ! ».

A l’heure des incessantes campagnes de boycott, des diffamations grossières et de la désinformation orchestrée contre l’Etat hébreu, cette mise au point n’a rien perdu de son actualité.

S’adressant particulièrement aux centaines de fidèles catholiques présents dans la grande salle d’audience, le pape ajoutait : « Avec les Juifs, indifférence et opposition se sont muées en coopération et bienveillance. D’ennemis et étrangers, nous sommes devenus amis et frères ».

QUAND LES FEUILLES D’AUTOMNE S’ENVOLENT

 

 

 

 © Abbé Alain Arbez 

avec l’aimable autorisation de Dreuz.info. 

Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, Membre de la JRJK, Commission de dialogue judéo-catholique (conférence des évêques suisses et fédération des communautés israélites suisses).

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