LES INDUSTRIES DU QUÉBEC CONTRIBUENT A LA RICHESSE DE NOTRE SOCIÉTÉ
Au cours de la dernière semaine, les projets industriels et les tarifs d’électricité ont occupé une grande place au sein du paysage médiatique québécois.
Ces sujets d’importance pour la société québécoise doivent toutefois être analysés en s’appuyant sur des faits exacts et dans leur intégralité.
Dans un premier temps, un correctif s’impose quant aux tarifs d’électricité payés par les grands consommateurs industriels d’électricité du Québec.
Contrairement à ce qui a été véhiculé dans certains médias, les clients industriels d’Hydro-Québec sont soumis à des tarifs d’électricité qui se situent non pas en deçà, mais bien au-delà du coût moyen encouru par Hydro-Québec pour les servir.
Plus précisément, selon les chiffres mêmes d’Hydro-Québec déposés à la Régie de l’énergie du Québec1, la facture d’électricité des industriels soumis au tarif L (grande puissance) correspond à 113 % de ce coût moyen pour Hydro-Québec.
Quant aux clients résidentiels d’Hydro-Québec, ceux-ci ne paient que 86 % des coûts requis pour les desservir. En d’autres mots, les clients industriels et commerciaux du Québec financent les tarifs des clients résidentiels d’Hydro-Québec, et non l’inverse.
Les alumineries du Québec ont également été sous les projecteurs au cours des derniers jours. Ici encore, il importe de corriger certaines interprétations.
Les alumineries québécoises paient leur électricité en fonction de contrats spéciaux établis en partenariat avec le gouvernement du Québec et ces coûts sont exclus des besoins d’Hydro-Québec quand vient le temps d’établir les tarifs. Les coûts d’électricité nécessaires pour alimenter les alumineries québécoises ne sont donc pas assumés par les autres clients d’Hydro-Québec.
Il est vrai que la société québécoise fait face à de nombreux défis quant à l’allocation judicieuse de son électricité propre.
Une question se pose : pourquoi le désir d’Hydro-Québec d’accroître ses exportations vers les États-Unis est-il absent du débat en cours alors même que la société d’État indique son indisponibilité à répondre aux attentes de projets industriels québécois à grands besoins énergétiques ?
De plus, les calculs de rentabilité effectués par Hydro-Québec semblent fluctuer en fonction des projets à évaluer. D’une part, la société d’État utilise le coût moyen par kilowattheure pour mesurer la rentabilité des exportations en vertu des récents contrats avec les États du Massachusetts et de New-York. D’autre part, elle utilise le coût marginal par kilowattheure (qui est supérieur au coût moyen) quand vient le temps d’évaluer la rentabilité des projets industriels de chez nous, ce qui équivaut à les pénaliser de plein fouet.
Nous sommes donc en droit de nous questionner quant à savoir si Hydro-Québec ne privilégie pas les exportations au détriment des besoins des industriels du Québec. Or, un rapport publié par l’Institut du Québec (IDQ) en juin 2022 conclut que favoriser l’utilisation de l’énergie par des entreprises situées sur le sol québécois est plus rentable économiquement et socialement pour le Québec que de l’exporter.
À titre d’illustration, l’IDQ a calculé que l’impact sur le PIB du Québec (excluant la production d’électricité) est de 8,96 ¢/kWh pour les ventes d’électricité aux alumineries du Québec, alors que l’incidence sur ce PIB n’est que de 0,34 ¢/kWh pour les exportations de cette électricité.
Hydro-Québec semble donc appliquer la pratique du deux poids, deux mesures en favorisant l’accroissement des exportations, intéressant sans doute pour la société d’État et ses résultats financiers, tout en freinant l’accès à l’électricité pour les entreprises du secteur industriel d’ici, pourtant plus porteur pour le développement économique, social et environnemental et pour les Québécois à long terme.
Les enjeux sont nombreux et nous sommes certes confrontés à un contexte énergétique en pleine évolution, et ce, à l’échelle mondiale. Néanmoins, les priorités pour la société québécoise et les choix en matière de développement économique et industriel doivent demeurer la prérogative du gouvernement du Québec.
Il appartient à ce dernier, et non à une société d’État, de prendre les décisions porteuses d’avenir pour le Québec en tenant compte de l’ensemble des secteurs de la société.
1. Renseignements fournis à la Régie de l’énergie par Hydro-Québec en vertu de l’article 75,1 pour l’année 2021.
Jocelyn B. Allard
Président de l'Association québécoise
des consommateurs industriels d’électricité