COUP DE POUCE DE LA VILLE DE LAVAL AU LOGEMENT SOCIAL ET ABORDABLE
La Ville de Laval veut créer une « banque de terrains municipaux » qui serait mise à la disposition d’organismes voulant développer du logement social et abordable. Près de 2,5 millions ont été débloqués en 2023 pour acquérir des terrains qui y seront voués. L’an prochain, cette somme grimpera à 4,5 millions.
« On vise à répondre à un problème qui est très précis : la difficulté pour un organisme à but non lucratif en logement de trouver un terrain. C’est souvent très difficile pour eux de mettre la main sur un lot. C’est le plus gros obstacle », fait valoir le maire Stéphane Boyer, en entrevue avec La Presse.
Plus d’une dizaine de terrains ont déjà été acquis pour s’intégrer dès le départ à ce nouveau programme, qui porte le nom de « Politique de mise à disposition des immeubles municipaux ». L’initiative s’adressera d’abord aux promoteurs communautaires, mais aussi privés.
En 2019, la Ville de Laval s’était donné comme objectif de construire 1000 logements sociaux et abordables supplémentaires, pour répondre à la hausse croissante du prix moyen des loyers locatifs, comme partout ailleurs. À ce jour, environ 500 de ces logements ont été construits, et 250 sont en chantier ou financés pour l’être.
« Ça va bon train, mais on espère vraiment pouvoir accélérer tout ça. Il faut trouver des solutions pour en faire plus ». (Stéphane Boyer, maire de Laval).
Appel à projets en vue
La Ville affirme que le nombre de terrains inclus dans la réserve « sera bonifié au fil du temps, ce qui renforcera le potentiel de développement des sites municipaux identifiés, en plus d’offrir de nouvelles possibilités dans des secteurs où la Ville ne possède pas encore de propriétés adaptées à ce type de projets ».
« Cette année, on a prévu 2,5 millions au budget pour faire des acquisitions, puis l’an prochain, ça augmentera à 4,5 millions », poursuit le maire Boyer, en rappelant que son administration a aussi créé dans son dernier budget une réserve de 7 millions supplémentaires, dès cette année, pour « retirer des unités du marché spéculatif afin de favoriser la densification douce ».
Un premier appel à projets sera lancé cette année, au cours des prochains mois. Essentiellement, la municipalité y dévoilera la liste des terrains disponibles, après quoi les promoteurs pourront présenter leur projet à la Ville.
Se voulant « équitable », le processus d’attribution des terrains privilégiera « la viabilité des projets », mais surtout leur « abordabilité à long terme ».
« Pour la municipalité, acquérir des terrains, ce ne sera pas tant un enjeu, parce qu’on contrôle l’aménagement du territoire et, surtout, que les finances publiques à Laval sont relativement saines. Bref, on a une plus grande capacité qu’un OBNL d’acquérir un terrain, et c’est ce qu’on veut faire profiter à tous », ajoute Stéphane Boyer.
Le problème est ailleurs, dit l’opposition
Dans les rangs de l’opposition, le chef par intérim d’Action-Laval, Achille Cifelli, accueille positivement l’intention de l’administration Boyer, mais soutient que l’enjeu réside à un autre endroit. « La problématique est beaucoup plus importante. Les promoteurs veulent déjà développer, mais leurs projets sont bloqués. Il y a une lenteur flagrante dans les traitements de leurs dossiers. La lourdeur administrative ralentit la mise en chantier de plusieurs projets », martèle M. Cifelli.
Il condamne aussi que depuis l’adoption du nouveau Code de l’urbanisme (CDU), « un grand nombre de projets rencontre d’innombrables problèmes au point où certains promoteurs veulent maintenant abandonner leurs projets à Laval ».
Ce CDU avait été dévoilé par la Ville en juillet. On y prévoit notamment des normes de verdissement plus élevées, moins de stationnements, la construction d’aucune nouvelle station-service et des commerces situés plus près des rues, afin de faire « entrer Laval dans le XXIe siècle ».
Or, selon l’opposition, le code a été déposé dans « la précipitation », sans étude et sans vérification des effets sur les propriétaires.
« Il y a des limites à l’idéologisme dans lesquelles une administration peut s’engager, l’administration Boyer démontre une vision extrémiste et entêtée », affirme le parti.
« Nous commençons à recevoir des informations que des projets vont simplement devoir être abandonnés à cause du nouveau CDU », illustre le leader au conseil d’Action Laval, David De Cotis. « Bravo pour cette nouvelle politique, mais il ne faut cependant pas oublier de traiter aussi le problème de fond », conclut-il.
Diplômé en journalisme de l’Université Laval en 2016, Henri Ouellette-Vézina a commencé sa carrière au quotidien Le Soleil, à Québec, sa ville natale, pour ensuite faire de Montréal sa ville d’adoption. Il a alors travaillé au Journal Métro, avant de faire son entrée à La Presse en juillet 2020. Il y couvre le domaine du transport dans le Grand Montréal et ailleurs au Québec, mais s’intéresse également aux questions politiques, sociales, économiques et judiciaires.