LA CULTURE COMME OUTIL DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE RÉGIONAL

Publié le par Jean-Philippe Décarie

LA CULTURE COMME OUTIL DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE RÉGIONAL

Charles Milliard, président de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), ne chôme pas depuis que son organisation a hérité, au cours des trois dernières années, de nouveaux mandats qui ont fait passer ses effectifs de 35 à 100 personnes. Ce qui ne l’a pas empêché d’accepter la présidence du conseil du Festival de Lanaudière, le plus important festival de musique classique au Canada, parce que pour lui, la culture est un important outil de développement économique régional.

« Je suis devenu président de la FCCQ en janvier 2020. J’ai travaillé deux mois au bureau et, par la suite, deux ans de la maison, en visioconférence… Mais depuis un an, on a repris les choses en main, ce qui m’a permis de réaliser ma tournée des 17 régions du Québec », explique Charles Milliard.

Grâce à son réseau de 123 chambres de commerce et ses 1200 membres corporatifs, répartis sur tout le territoire québécois, la FCCQ est fortement enracinée en région, et c’est pourquoi l’organisme est devenu le partenaire de plusieurs programmes en cogestion avec les gouvernements.

« On travaille avec le gouvernement sur la régionalisation de l’immigration et on a mis sur pied un programme de stages en entreprise. On vient aussi d’embaucher 25 spécialistes qui travaillent directement dans les régions pour soutenir les entreprises qui veulent profiter du programme canadien d’adaptation au numérique. On gère aussi, en partenariat avec les Sociétés d’aide au développement des collectivités [SADC], les projets d’aide aux petites entreprises touristiques. Les SADC ont un budget de 20 millions pour soutenir les entreprises en milieu rural et on a un budget équivalent pour participer au financement de projets d’infrastructures des petites entreprises touristiques régionales », souligne le président de la FCCQ.

Un rempart

En région, les chambres de commerce sont un rempart pour les entreprises dans leur milieu, un lieu d’engagement économique et aussi politique. Certaines régions sont nettement plus engagées, comme c’est le cas dans Chaudière-Appalaches, où on ne dénombre pas moins de 12 chambres de commerce locales.

« On s’implique dans tous les grands dossiers, que ce soit la main-d’œuvre, le travail, l’immigration ou la cybersécurité, mais depuis une dizaine d’années, on s’est aussi beaucoup impliqués dans le soutien à l’exportation. Au départ, le programme Corex visait à développer le corridor d’exportation vers la Nouvelle-Angleterre, Vermont, New Hampshire et Maine. Depuis cinq ans, on l’a élargi à l’international. Chaque année, on fait venir les délégués du Québec à l’étranger pour qu’ils viennent discuter avec nos entreprises de leur marché et découvrent les réalités de Joliette ou Rimouski », expose le président.

Immigration et culture

Avec quelque 250 000 emplois à pourvoir sur l’ensemble du territoire du Québec, le dossier de l’immigration reste un enjeu important pour la FCCQ, mais le regroupement ne prend pas pour autant position sur les seuils qui seraient nécessaires.

« Nous, on n’est pas sortis sur les seuils d’immigration. Ce qui nous préoccupe, c’est la capacité d’accueil. Toutes les entreprises aimeraient avoir accès à davantage de monde, mais il n’y a pas de logements disponibles. On a un taux d’inoccupation de 0,1 % à Maniwaki et de 0,2 % à Rimouski, aussi bien dire 0. Et il ne se construit pas de nouveaux logements parce qu’il n’y a pas de main-d’œuvre disponible », constate froidement Charles Milliard.

Festival de Lanaudière

Amateur de musique et de culture depuis toujours, le PDG de la FCCQ a accepté en décembre dernier de présider le conseil d’administration du Festival de Lanaudière, un engagement tout à fait naturel pour lui.

« Je siégeais déjà au conseil du Festival tout comme à ceux de l’OSM et du Festival TransAmériques. J’aime la culture, mais l’offre culturelle est aussi un vecteur de développement économique régional important », insiste Charles Milliard. « Le Festival de Lanaudière est non seulement le plus important festival de musique classique au Canada, mais sa durée de cinq à six semaines en fait un évènement structurant pour toute la région de Lanaudière. C’est quand même incroyable. Milos Karadaglic, un des plus grands joueurs de guitare au monde, donnait des représentations à guichets fermés à Vienne deux semaines avant qu’il ne joue dans l’église de Saint-Sulpice, sur le bord de l’autoroute 40 », explique Charles Milliard pour bien souligner la notoriété que le Festival de Lanaudière a acquise en 45 ans d’existence.

Le président du conseil souhaite que l’évènement musical génère le même intérêt international qu’obtient le Festival de théâtre de Stratford en augmentant l’expérience client des gens qui le fréquentent, en développant l’agrotourisme et l’infrastructure d’accueil. En résumé, il entend élargir le rayonnement économique du Festival de Lanaudière.

« On a la place, un amphithéâtre à ciel ouvert unique, le paysage environnant, les spectacles en églises ou dans des lieux patrimoniaux, la chaleur des Québécois. On a trois grands produits internationaux en musique, Orford Musique, le Domaine Forget et le Festival de Lanaudière. Il faut miser sur nos forces », estime le président du conseil.

Déjà, l’organisation du Festival aura bientôt pignon sur rue, dans une maison historique qui lui a été léguée à Joliette et qui incarnera mieux sa richesse culturelle.

Cela dit, le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec entend aussi poursuivre son travail d’inclusion de toutes les communautés dans le développement économique du Québec.

« Après ma tournée des régions, je souhaite me rendre dans le Grand Nord. On n’a pas de chambre de commerce là-bas, mais on veut se rapprocher des communautés pour être la voix forte et indépendante du développement économique de tout le Québec », résume-t-il.

Jean-Philippe Décarie 

Historien de formation, Jean-Philippe Décarie a été chroniqueur économique au Journal de Montréal, où il a aussi assumé les fonctions de directeur de l'information et de rédacteur en chef. Il a également été chroniqueur économique à la radio et à la télévision ainsi que pour le site d'information en ligne Rue Frontenac, dont il a été le rédacteur en chef. Il travaille à La Presse comme chroniqueur économique depuis 2011.

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Publié dans LES VOIX DU QUÉBEC

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