LE PAPE FRANÇOIS PARLE DU CONFLIT UKRAINO-RUSSE
Dans l’avion qui ramène du Soudan le pape François en compagnie de l’archevêque anglican Welby et du représentant luthérien Greenshields, les sujets préoccupants de l’actualité sont abordés dans l’interview en direct menée par les journalistes qui les accompagnent.
Lorsque l’on demande au pape s’il serait prêt à aller à Kiev, le pontife répond qu’il y a déjà pensé, mais que s’il va à Kiev, il doit aussi aller à Moscou. Je veux rencontrer le président Zelensky mais aussi le président Poutine, dit-il. Il ajoute qu’il avait déjà exprimé cette attente au ministre Lavrov dès le début des opérations militaires, et que celui-ci avait confirmé que ce serait possible dans un proche délai non encore défini.
Actuellement, des discussions ont lieu pour que le pape François aille rencontrer le patriarche Kirill, et cela semble prendre tournure. Le patriarcat de Moscou n’est pas opposé à cette initiative et a aussi des attentes dans ce sens.
J’avais moi-même rencontré Vladimir Gundiaev (actuel Kirill) à Stockholm en 1978, lors d’une rencontre œcuménique réunissant 150 personnes de toutes appartenances. Jeune évêque, il représentait le Patriarcat de Moscou au Conseil œcuménique des Eglises. Nous avons voyagé ensemble en Suède dans mon minibus VW. J’avais apprécié sa grande intelligence, sa foi enracinée et son sens patriotique, même si à l’époque il s’agissait encore de l’URSS, avec tous les problèmes que cela induisait.
Il est clair que ce type de dialogue entre le pape François et le patriarche russe pourrait dénouer et encourager des perspectives de paix à court terme, car il est certain que la solution du conflit ne sera pas militaire. Cela permettrait peut-être de rouvrir d’urgence une table des négociations, et d’arrêter le bain de sang, solution préférable à une accumulation sans fin d’armement de toute sorte, de cruelles exactions, sans parler du réel danger nucléaire.
Il sera indispensable de remettre en œuvre de nouveaux accords de Minsk, ceux de 2014 passés en partenariat avec la France et l’Allemagne n’ayant pas été suivis d’effets au moment où ils devaient poser les bases d’un règlement concerté, grâce à des consultations populaires. L’autonomie russophone du Donbass était déjà envisagée, mais ce sont les bombes qui ont brouillé les cartes de la paix.
L’infernale quadrature du cercle doit être résolue sans attendre. La diplomatie et le dialogue ont donc un rôle de premier plan à retrouver rapidement pour stopper la spirale maléfique.
avec l’aimable autorisation de Dreuz.info.
Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, Membre de la JRJK, Commission de dialogue judéo-catholique (conférence des évêques suisses et fédération des communautés israélites suisses).