À L’HÔPITAL POUR LES TESTS, À LA MAISON POUR RÉCUPÉRER

Publié le par Alice Girard-Bossé

À L’HÔPITAL POUR LES TESTS, À LA MAISON POUR RÉCUPÉRER
UNE RÉMISSION POSSIBLE DU DIABÈTE DE TYPE 2UNE RÉMISSION POSSIBLE DU DIABÈTE DE TYPE 2

Des patients qui font l’objet d’une investigation urgente n’ont plus besoin d’être hospitalisés en attendant leurs tests. Un service offert à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont leur permet désormais de retourner à la maison entre leurs rendez-vous et d’obtenir un suivi personnalisé, une nouvelle façon de faire qui pourrait libérer plusieurs centaines de lits d’hôpitaux par année.

En janvier dernier, Bernard Grenier, un Québécois qui profitait du temps chaud en Floride, s’est réveillé avec une imposante masse sur son cou. « C’était gros presque comme une balle de baseball. Une demi-balle de baseball », dit-il. Le lendemain, en prenant sa douche, il a senti une masse en dessous de ses bras, au niveau des aisselles. Puis une autre à l’arrière de son cou.

Après avoir consulté un médecin en Floride, on lui annonce qu’il souffre possiblement d’un cancer. Or, il doit faire des tests plus poussés pour le confirmer et pour entamer rapidement des traitements.

Après s’être empressé de rentrer au Québec, M. Grenier s’est rendu aux urgences de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont au début du mois de février. La journée même, il a été transféré au service d’investigation ambulatoire.

Ce service d’investigation, offert dans toute la province depuis quelques années, a été revisité à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. En plus de laisser les patients retourner à la maison entre leurs rendez-vous, son nouveau service ‘‘avancé’’ leur permet aussi d’obtenir des tests personnalisés selon leur état de santé et un suivi serré des médecins en quelques heures.

Panoplie de tests

En deux semaines, M. Grenier a passé une panoplie de tests : prises de sang, scan des poumons et abdominal, colonoscopie, échographie cardiaque, IRM cérébrale, ponction lombaire, consultation en hématologie. Chaque fois, il retournait chez lui entre ses rendez-vous.

À L’HÔPITAL POUR LES TESTS, À LA MAISON POUR RÉCUPÉRER

« Avant le programme, M. Grenier serait resté cinq ou six jours hospitalisé à l’urgence pour avoir tous ces examens-là », explique Lyne De Grasse, coordonnatrice du service d’investigation ambulatoire. « Ce qu’on offre, c’est que le patient reste à la maison, mais que ses délais d’investigation soient les mêmes que s’il était resté à l’hôpital. Il a le même suivi rapproché, il peut nous appeler pour la moindre question, mais dans le confort de chez lui », renchérit l’assistante-infirmière chef, Agathe Dubourg.

Bernard Grenier a finalement obtenu son diagnostic à la fin février. L’homme, qui est atteint d’un lymphome, a été transféré en oncologie, où il suit des traitements de chimiothérapie.

Relation de confiance

Bernard Grenier se considère comme choyé d’avoir pu éviter une hospitalisation. « Il n’y a rien de confortable dans l’urgence. Il n’y a aucune place sur la civière et la chaise dans le cubicule est super inconfortable. Tu veux juste te sauver de là. À la maison, c’est pas mal mieux ». (Bernard Grenier, qui suit des traitements de chimiothérapie pour un lymphome)

L’homme a développé une forte relation de confiance avec l’infirmière qui l’accompagnait au service d’investigation. « Annabelle, c’est ma nouvelle meilleure amie, lance-t-il, le sourire aux lèvres. Elle est compétente, elle est rapide, elle est efficace. Elle a eu un cancer pareil comme moi. Ça te rapproche, ça te rassure ».

L’infirmière clinicienne, Annabelle Dufour, a également eu un lymphome il y a une dizaine d’années. « Moi, j’ai été hospitalisée deux semaines le temps de faire tous les scans, biopsies, bilan sanguin. Tout ce que monsieur Grenier a eu par le service, moi, je l’ai fait hospitalisée », explique-t-elle. Son hospitalisation a été une expérience ‘‘extrêmement désagréable’’.

« Les patients le nomment clairement que ça vaut tout l’or du monde de pouvoir faire des investigations en externe, ne serait-ce que pour dormir et manger à la maison et rester auprès de sa famille ». (L’infirmière clinicienne Annabelle Dufour)

Certains patients sont toutefois anxieux à l’idée d’être laissés à eux-mêmes à la maison. « Mais on est facilement joignables, donc les patients peuvent m’écrire un courriel ou m’appeler s’ils ont des questions et on essaie de les rassurer au maximum », dit-elle.

En constante progression

Le service d’investigation avancé, mis en place en juin 2021, ne cesse de grandir. En 2022-2023, le service a reçu plus de 300 patients. Au total, deux agentes administratives, deux infirmières auxiliaires, huit infirmières et une assistante y travaillent.

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« J’espère que le service va grossir, grossir, grossir, puis prendre de plus en plus d’espace dans notre façon de pratiquer la médecine », dit le Dr Stéphane Ahern, interniste et intensiviste à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui collabore régulièrement avec le service d’investigation.

Ce service n’est toutefois pas offert à tous les patients. « L’est de Montréal a malheureusement des déterminants socio-économiques complexes. Ce service, pour un patient qui a peu ou pas d’argent et qui vit à Pointe-aux-Trembles, qui a de la difficulté à se déplacer et qui n’a pas d’aide, je ne peux pas le lui proposer », illustre-t-il.

Appelé à réagir, le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, n’a dit voir que du positif du programme. « Le patient, en général, il aime retourner chez lui le plus possible. De les retourner chez eux, auprès de leurs proches, ce n’est pas une mauvaise idée », a-t-il conclu.

Alice Girard-Bossé

LA PRESSE.CA

Alice Girard-Bossé est journaliste surnuméraire à La Presse. Elle est titulaire d'un baccalauréat en neuroscience cognitive à l'Université de Montréal. Elle s'est orientée vers le journalisme scientifique après avoir remporté la bourse Fernand-Seguin en 2020.

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Publié dans LES VOIX DU QUÉBEC

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