CLIMAT : INCERTITUDES ET RISQUES (2/6)
Pourquoi les scientifiques ne sont-ils pas d’accord ?
La source de désaccord la plus fondamentale porte sur la variabilité naturelle du climat. Pourquoi les climatologues ne sont-ils pas d’accord sur l’importance relative des changements climatiques naturels par rapport aux changements climatiques causés par l’homme ?
Les données historiques sont rares et lacunaires, en particulier s’agissant des océans. Il y a désaccord sur la valeur des différentes classes de preuves, notamment celle des simulations des modèles climatiques mondiaux et des reconstructions paléoclimatiques. Il existe également un désaccord sur un référentiel approprié pour relier et évaluer les preuves. Et enfin la communauté scientifique est réticente à admettre que certains processus climatiques sont mal compris ou même inconnus.
La science fonctionne très bien quand il y a plus d’une hypothèse pour expliquer un phénomène. Dans cette situation, le désaccord stimule le progrès scientifique en mettant en tension les différentes hypothèses et renforce les efforts pour surmonter les désaccords.
Les dangers du consensus
Dans les années 1990, le GIEC a pris la décision fatale de construire ses rapports autour d’un consensus. Le GIEC a adopté l’approche de ‘‘la science établie’’ qui considérant les incertitudes comme problématiques, tente de les réintégrer dans le giron du consensus. La stratégie du ‘‘consensus au pouvoir’’ reconnaît que les connaissances disponibles ne sont pas concluantes et utilise le consensus comme un succédané de vérité. La stratégie du ‘‘consensus au pouvoir’’ reflète la façon dont la classe politique traite les incertitudes scientifiques.
La fabrication du consensus par le GIEC a fait un tort incalculable à la science du climat et partant, à l’élaboration de politiques censées devoir être éclairées par elle.
°Le processus assumé de construction du consensus crée un excès de confiance qui conduit à la polarisation sur une hypothèse unique ;
°Le consensus favorise les biais de confirmation ;
°Le rejet du scepticisme est préjudiciable au progrès de la science ;
°Le recours excessif au jugement d’experts est à l’origine de raisonnements réducteurs et de biais cachés ;
°L’étroitesse du cadrage de la problématique du changement climatique conduit à négliger l’exploration d’autres voies de recherche.
(suite mardi prochain)
Judith Curry
Association des Climato-Réalistes
Judith Curry est Présidente Climate Forecast Applications Network.
Professeur émérite Georgia Tech
Blog : Climate Etc. http://judithcurry.com
Auteur de Climate Uncertainty & Risk (Amazon.fr)