APPEL DU 18 JUIN 1940
De haut en bas et de gauche à droite : Antoine Avinin Paul Bastid Georges Bidault Maxime Blocq-Mascart Claude Bourdet Jacques Brunschwig-Bordier Pascal Copeau Roger Coquoin Jacques Debu-Bridel Henry Frenay Joseph Laniel Jacques Lecompte-Boinet Daniel Mayer André Mercier Jean Moulin Marc Rucart Louis Saillant Gaston Tessier Pierre Villon.
CLAUDE BOURDET NOUS RACONTE LA PREMIERE RÉUNION DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE !
Extrait des mémoires de Claude Bourdet, grand Résistant du groupe Combat, déporté au camp de Dachau. Il a assisté à cette première réunion du CNR, et la relate dans son livre de souvenirs. Elle intéressera tous les amoureux, passionnés d’histoire que nous sommes toutes et tous, au sein de la gauche critique…
Je rappelle que Claude Bourdet est très proche d’Henry Frenay, avec qui ils ont créé ‘‘COMBAT’’ (zone sud). Henry Frenay parti à Londres a ensuite confié les clés de ‘‘COMBAT’’ à Claude Bourdet. Il faut savoir que Henry Frenay était très critique vis à vis de la forme ‘‘partis politiques’’, qu’il estimait compromis à jamais pour avoir voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
« C’est dans ces conditions, que, le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance se réunit à Paris, rue du four, dans un appartement où habitait un ami de Jean Moulin. J’y avais été désigné comme représentant de ‘‘Combat’’.
Malgré la fusion, nous avions exigé et obtenu d’être représentés par un délégué pour chacun des mouvements unis, sans quoi nous aurions été trop désavantagés par rapport à la zone Nord. Les deux autres députés de zone sud étaient Pascal Copeau pour ‘‘Libération’’ et Antoine Avinin pour ‘‘Franc Tireur’’.
Des mouvements de zone nord, il y avait :
Maxime Blocq-Mascart, de l’OCM (Organisation Civile & Militaire) ;
Jacques Lecompte-Boinet, pour CDLR (Ceux De La Résistance) ;
Roger Coquoin, pour CDL (Comité Départemental de la Libération ;
Jacques Brunschwig-Bordier, pour Libération Nord ;
Pierre Villon, pour Le Front National Nord et Sud (proche du Parti Communiste) ;
Daniel Mayer, notre vieil ami, pour le Parti Socialiste ; qui trouvait là une revanche de notre refus de l’accueillir au Comité Directeur de la zone sud ;
André Mercier, pour le Parti Communiste Français (représenté plus tard par Auguste Gillot) ;
Les syndicats étaient représentés par Louis Saillant pour la CGT et Gaston Tessier pour la CFTC.
Nous étions curieux de voir les représentants de ces partis politiques fantômes, dont la présence nous avait tant agacés. Pour l’un, nous fûmes soulagés : les démocrates populaires étaient représentés par Georges Bidault.
Henri Noguerès rapporte que Jean Moulin aurait voulu qu’il représente ‘‘Combat’’…pour ne pas avoir deux hommes d’Henry Frenay. Bien entendu nous avions refusé ; les relations avec Georges Bidault étaient trop distendues pour qu’il puisse représenter le mouvement ‘‘Combat’’. En revanche sa présence, comme représentant des démocrates populaires était la garantie qu’il y aurait un ‘‘sépulcre blanchi’’ de moins.
Le Parti Radical était représenté par Marc Rucart. Paul Bastid était membre du Comité général d’études, et donc associé aux travaux de la Résistance, ce n’était donc pas lui non plus un ‘‘ci devant’’…
Pour le parti de Louis Marin de la Fédération Républicaine, il y avait un jeune homme à l’œil vif et à la parole énergique que nous regardions avec étonnement. Son attitude et son langage ne ressemblaient pas à ce que nous attendions d’un vieux parti de droite : c’était Jacques Debu-Bridel. En fait, comme nous nous en rendîmes compte un peu plus tard, il était encore plus proche du Front National que de Louis Marin ; c’était encore un exemple de la tactique de la large ouverture des communistes ; de leur façon comme nous disions de ‘‘faire le pont’’ par dessus nous. Il milita d’ailleurs après la guerre au Front National, puis, se détachant des communistes, devint un des leaders de la tendance la plus progressiste du gaullisme d’après guerre. Je ne suis pas sûr qu’il ait jamais été très fidèle à la pensée de Louis Marin.
Quant à l’alliance démocratique, Parti du Centre droit, elle était représentée par un inconnu total, mais qui dut à cette désignation de faire plus tard une carrière politique brillante : Joseph Laniel…
La séance du CNR fut sans histoire, comportant quelques prises de paroles, la lecture d’un message de Charles De Gaulle, et l’adoption à l’unanimité d’une motion préparée par Georges Bidault et que, en tout cas, en zone sud, nous connaissions et avions déjà approuvée. Elle disait surtout que nous voulions un véritable gouvernement provisoire, répudiant une fois pour toutes Vichy, ses hommes, ses symboles et ses prolongements, gouvernement confié au Général De Gaulle. Nous souhaitions aussi que le général Henri Giraud prenne le gouvernement de l’Armée française ressuscitée. (fin de l’extrait).
Merci à Brigitte Bouzonnie pour ce rappel sur Les 7 du Québec