QU’ATTEND POUTINE POUR LANCER SA GRANDE OFFENSIVE ?
Qu’attend Poutine pour lancer sa grande offensive, alors que l’armée ukrainienne est saignée ?
C’est la question que se posent de plus en plus d’observateurs étrangers et de Russes pressés d’en finir, alors que le rapport des forces n’a jamais été aussi favorable à Moscou.
Poutine est-il trop prudent ? A-t-il l’intention de s’emparer d’Odessa et de rester maître de la Mer Noire ? Veut-il pousser jusqu’à Kiev pour y installer un régime prorusse comme avant le coup d’État de la CIA en 2014 ?
Chaque jour l’armée ukrainienne perd entre 500 et 900 soldats tués au combat et autant de blessés. Cette armée manque de tout. Elle n’a plus d’aviation, elle manque d’artillerie et de munitions, elle manque de combattants aguerris, elle n’a plus de réserves.
On sait qu’elle a perdu plus de 41.000 tués depuis le 4 juin et sans doute entre 350.000 et 400.000 tués depuis le 24 février 2022. Avec les blessés, les pertes sont colossales.
On ne connaît pas les chiffres russes, mais les plus grosses pertes ont été subies au début de l’offensive, le renseignement russe ayant failli et n’ayant pas prévu la résistance ukrainienne et la réaction de l’Otan. C’est donc avant leur repli vers le Donbass que les troupes russes ont été les plus exposées. On admet que les pertes russes sont 8 à 10 fois moindres que les pertes ukrainiennes, compte tenu du rapport entre les deux artilleries et de la suprématie aérienne russe.
Cela dit, dès mars 2022, Zelensky était prêt à négocier et sans l’acharnement anglo-saxon, la guerre était finie à moindre coût.
17 mois plus tard, l’armée russe conserve ses positions défensives, sur lesquelles les troupes ukrainiennes viennent se fracasser quotidiennement, au prix de pertes gigantesques qu’aucune armée au monde ne peut soutenir sur la durée.
Mais la défense ne fait pas la victoire.
Au cours d’une récente interview, le colonel Douglas McGregor vient de déclarer : “S’asseoir sur une position défensive n’a jamais gagné une guerre” !
Pourquoi la Russie n’a-t-elle pas déclenché sa grande offensive alors que tout est prêt ?
McGregor : “Le président russe est extrêmement prudent. Son objectif jusqu’ici a été d’éviter à tout prix une confrontation directe avec les USA et l’OTAN”.
Cela dit, cet excès de prudence, afin de limiter les pertes militaires russes et les pertes civiles ukrainiennes d’une part, et afin d’éviter le choc frontal avec l’Otan d’autre part, est interprété par les fous furieux du Pentagone comme un signe de faiblesse et d’indécision chez Poutine. Ce qui exaspère Medvedev ou Patrushev et sans doute de nombreux généraux russes.
Le fait est que l’Otan, qui disait ne pas vouloir s’investir dans ce conflit pour éviter une troisième guerre mondiale, a franchi toutes les lignes rouges sans la moindre réaction de Poutine et sans le moindre ultimatum pour dire “stop” à l’escalade sans fin. Nous sommes passés du gilet pare-balles aux missiles longue portée et aux F-16. À quand le nucléaire tactique déployé en Ukraine ?
Bref, l’extrême prudence de Poutine n’est-elle pas un encouragement à l’escalade et à une dangereuse surenchère otanienne ? Car avec des fous furieux comme les Anglo-Saxons, incapables d’accepter la défaite, le pire est toujours possible.
Le discours otanien reste le même, totalement mensonger. L’armée russe est au-dessous de tout, alors que l’armée ukrainienne est toujours aussi vaillante. Un discours trompeur et un climat dangereux, où les illuminés monopolisent la parole dans les médias occidentaux et où les officiers réalistes et lucides sont traités de défaitistes et écartés.
Douglas McGregor résume très bien la situation.
Nous avons d’un côté des va-t-en-guerre otaniens totalement inconscients de la situation sur le terrain : “Jusqu’à ce que les USA ne se réveillent pour découvrir l’armée russe en train de sillonner les rues de Kiev et de traverser le Dniepr, les USA ne croiront pas pour une seule seconde que la guerre est finie.”
De l’autre, nous avons le Tsar, qui nous fait penser à cette phrase d’un général carthaginois, alors qu’Hannibal victorieux hésitait à marcher sur Rome : “Tu sais vaincre Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire !”
Et McGregor de préciser : “Le péril actuel est l’excès de retenue du côté russe : si elle devait perdurer, ce serait une invitation à la Pologne et à la Lituanie d’entrer en Ukraine. Ce qui ouvrira la Boîte de Pandore – et ce sera Sauve qui peut.”
“Et les conséquences seront terribles.”
Ce que dit McGregor, de nombreux généraux le pensent.
Mais bien entendu, nous ne sommes pas dans la tête de Poutine. Que veut-il ? Qu’attend-il ? On aimerait savoir. Une certitude : Poutine est très économe du sang de ses soldats, ce qui est tout à son honneur. C’est peut-être la raison première qui le retient, car une grande offensive sera très coûteuse en vies humaines.
Cela dit, mener une guerre majeure n’a jamais été simple et n’a rien d’un exercice réjouissant, même en position de force. La critique est toujours plus facile que la prise de décision, qui engage des milliers de vies humaines.
Jacques Guillemain est lieutenant-colonel et pilote, en retraite de l’armée de l’air. Après vingt-cinq ans de service et plusieurs séjours en Afrique, il a quitté l’uniforme pour endosser celui de l’aviation civile et sillonner encore l'Europe et le monde.
Après cette deuxième carrière, il consacre maintenant une partie de son temps à écrire sur RIPOSTE LAÏQUE, devenue ‘‘sa tribune quotidienne personnelle’’ comme il le dit lui-même.
Passionné d'histoire et de géopolitique, il se décrit comme un ‘‘lépreux populiste’’, insulte suprême dans la bouche d'Emmanuel Macron, mais en réalité synonyme de patriote amoureux de la France et de tout ce que représentent ses deux-mille années d'histoire, dont mille cinq-cent de chrétienté.
Comme tous les citoyens profondément attachés à notre patrimoine culturel, Jacques Guillemain refuse de voir disparaître l'inestimable héritage légué par nos ancêtres, de plus en plus menacé par les assauts toujours plus violents d'un mondialisme dévastateur. Une idéologie aussi trompeuse que mortelle.
C'est donc un cri d'alarme de plus que lance l'auteur pour dénoncer la supercherie de la mondialisation. En une vingtaine de mini-chapitres, il dresse un constat accablant du quinquennat d'Emmanuel Macron et nous met en garde contre la menace existentielle qui plane sur notre France millénaire.