MACRON COMMUNIQUE MAIS NE FAIT RIEN !
Macron multiplie les initiatives de communication. Sa dernière annonce concerne l’organisation d’une «Conférence sociale sur les carrières et les branches situées en dessous du smic», d’autres doivent suivre. Mais dans l’immédiat, son problème est de faire adopter ses textes législatifs en évitant une motion de censure et la chute du gouvernement Borne.
Le premier enjeu politique porte sur l’adoption du projet de loi de finances pour 2024 et le PLFSS 2024. Le gouvernement déclare vouloir réaliser 10 à 15 milliards d’économie, compte tenu du niveau très élevé de la dette de la France (3.000 milliards d’euros). Les recettes fiscales devraient croitre mais pas assez avec une croissance limitée à 1% en 2023. Or Macron s’est engagé à investir «massivement» en faveur de la «transition écologique» et les services publics. Des mesures d’économie sur le logement, la santé et l’emploi ont ainsi été annoncées et doivent être précisée. Ces décisions fiscales auront un cout économique et social certain pour tous.
Citons la disparition du dispositif Pinel pour les logements des particuliers (2 milliards d’euros), la suppression de certaines niches fiscales, un alourdissement de la taxation des sociétés d'autoroute, des véhicules lourds et des billets d'avion, une diminution des aides à l’emploi (apprentissage, CPF, etc.), un renforcement des contrôles des arrêts maladies (confiée aux employeurs) et une augmentation de la participation des patients au paiement des médicaments. À cela s’ajoute une augmentation des taxes foncières et d’habitation en 2023 et encore plus en 2024. Pour les entreprises, Borne annonce le report à 2027 de la suppression totale de l’impôt sur la production (CVAE) qui avait été promise pour 2024 et une disparition de l’avantage fiscal sur le gazole non-routier (GNR), utilisé dans le bâtiment ou l’agriculture. Borne peut évidemment utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer ces textes budgétaires, mais elle risque une motion de censure si Les Républicains le décident s’il n’est pas tenu compte de leurs demandes.
Le second enjeu porte sur le projet de loi sur l’immigration dont, à ce stade, le texte n’a pas été modifié. Il prévoit toujours la régularisation des sans-papiers en emploi et d’autres mesures insuffisantes par rapport à la limitation de l’immigration. À ce jour, le texte ne semble pas être en mesure d’être adopté. Macron n'exclut pas de recourir à l'article 49.3 pour faire adopter sans vote sa loi. Si tel était le cas, il risque une motion de censure évoquée dans les rangs des Républicains. LR a déposé deux propositions de loi sur l'immigration qui n’ont pas été reprise par Darmanin.
D’autres projets de loi devraient également donner lieu à débat : le projet de loi «pour le plein emploi», le projet de loi de programmation des finances publiques (LPFP) rejeté par l'Assemblée nationale en 1ère lecture, le projet de loi sur la fin de vie. Seul le projet de loi sur «le partage de la valeur» (dont un volet sur la participation) devrait être adopté sans trop de problème.
Macron joue essentiellement sur les opérations de communication politique notamment grâce à de très bon relais dans les médias. En invitant les chefs de Partis à échanger, Macron a voulu être l’organisateur d’un dialogue entre lui et les partis d’opposition sur des potentiels projets de loi « transpartisans » et/ou des référendums. Mais il n’en est rien sorti pour le moment.
Les échecs successifs de ses précédentes opérations de communication (le «Grand débat», les Conventions citoyennes, puis le Conseil National de la Refondation (CNR)), auraient dus le conduire à abandonner les petites manœuvres politiciennes. L’opinion n’est pas trompée car, selon de récents sondages, il reste à une côte de popularité de 30%.
Les gauches se dispersent. D’une part, les divisions au sein de la gauche de la gauche (Nupes) progressent (différend sur les mesures en faveur de la laïcité, listes séparées aux élections européennes, positions sur la guerre en Ukraine ou l’Union Européenne, accusations d’antisémitisme). D’autre part, la coalition macroniste commence à se dissoudre. Les responsables des partis de la coalition gouvernementale macronistes (MoDem, Horizons et Renaissance) positionnent des candidats pour succéder à Macron à la présidentielle de 2027 (Attal, Bayrou, Darmanin, Philippe). Leurs équipes ont vocation à s’affronter après les élections européennes, voire plus rapidement.