POURQUOI LES GAUCHISTES SOUTIENNENT LES ISLAMISTES (3/8)

Publié le par Magali Marc

POURQUOI LES GAUCHISTES SOUTIENNENT LES ISLAMISTES (3/8)

Dans le Journal de Montréal du 3 août dernier, Sophie Durocher cite une interview de Salman Rushdie qui déplore le retour du politiquement correct et le fait « … qu’aujourd’hui ce soit la gauche qui refuse de se battre pour la liberté d’expression. On en a eu un bel exemple plus tôt cette année quand de grands auteurs (dont le Canadien Michael Ondaatje et l’Américaine Joyce Carol Oates) ont refusé de participer à une remise de prix du courage à Charlie Hebdo lors du congrès de l’association de défense de la liberté d’expression PEN. »

« J’ai alors eu la sensation que si les attaques contre Les Versets sataniques avaient lieu aujourd’hui, ces gens ne prendraient pas ma défense et useraient de ces mêmes arguments contre moi, en m’accusant d’insulter une minorité ethnique et culturelle. »

La raison invoquée par ces grands intellectuels, supposément progressistes et tolérants, pour snober Charlie Hebdo ? Ils trouvaient le magazine islamophobe.

Dans le journal Le Monde du 13 octobre 2008, Jean-Pierre Tuquoi faisait une recension du livre de Jean Ziegler (le pape des gauchistes anti-capitalistes européens) intitulé La Haine de l’Occident* (Albin Michel) :« Si l’on suit le raisonnement de Jean Ziegler, les peuples du tiers-monde ont bien raison de haïr l’Occident. Les Occidentaux ont arraché à leurs foyers et déporté outre-Atlantique des dizaines de millions d’Africains dont ils ont fait des esclaves. Plus tard, par le fer et le feu, ils ont colonisé et exterminé les peuples qui vivaient sur les terres de leurs ancêtres en Afrique, en Australie, en Inde… Le temps a coulé depuis, mais « les peuples, écrit Jean Ziegler, se souviennent des humiliations, des horreurs subies dans le passé. Ils ont décidé de demander des comptes à l’Occident ».

« Ils sont d’autant plus fondés à le faire, estime le Savonarole suisse, célèbre pour ses coups de gueule, que l’ordre mondial actuel ne fait que perpétuer la mainmise historique de l’Occident. En témoigne la destruction du marché africain du coton par les firmes américaines avec la complicité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou les accords économiques inégaux imposés par l’Europe à ses anciennes colonies. »

« L’émergence de multinationales dans les pays du Sud, les succès de la Chine et de l’Inde ne remettent pas en question le modèle. Les oligarchies du sud, soutient l’auteur, se contentent de reproduire le système mondial de domination et d’exploitation inventé par les Occidentaux. Même les droits de l’homme – un héritage des Lumières – participent du complot. » « Alors qu’ils devraient être « l’armature de la communauté internationale » et le « langage commun de l’humanité », ils sont instrumentalisés par les Occidentaux au gré de leurs intérêts. »

Il y a beaucoup de vérités dans les propos de Ziegler. Mais est-ce servir la cause des peuples du Sud que de caricaturer la réalité et de tordre le cou aux faits ?

Pourquoi faire peser sur les Occidentaux tous les errements du continent africain ? La faillite de la culture du coton au Tchad et au Togo doit davantage à la gestion calamiteuse des despotes locaux qu’aux subventions versées par les Américains à leurs producteurs nationaux.

La situation du Zimbabwe signe l’échec du président Mugabe et non celui de l’ancien colonisateur britannique.

La faillite du Nigeria, un pays riche dont les habitants sont pauvres, a plus à voir avec la voracité de sa classe dirigeante qu’avec un complot des compagnies pétrolières. Et si la Chine détient le record mondial des exécutions capitales, l’Occident n’y est pas pour grand-chose.

(Suite vendredi prochain)

Magali Marc (@magalimarc15

Avec l’aimable autorisation de Dreuz.info.

Magali Marc a été directrice des communications dans diverses ONG tout en complétant une Maîtrise et un Doctorat en Science politique à l’Université de Montréal. Elle a enseigné la Sociologie du Québec ainsi que l’Histoire de la Constitution canadienne dans un collège bilingue de Montréal pendant plus de dix ans. Elle a publié de nombreux articles et textes d’opinion dans diverses revues à Montréal. Elle est l’auteur d’un cahier pédagogique d’histoire pour le Secondaire V, Les Défis du XXe siècle (2013, LIDEC éditeur).

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