CES CHIFFRES QU’ON NE NOUS DONNE JAMAIS !
J’ai entendu récemment notre premier ministre déclarer que 2 500 000 emplois avaient été créés et que le chômage n’avait pas connu un aussi faible niveau depuis longtemps.
Fichtre, regardons d’un peu plus près.
Il faut savoir que, parmi les créations d’emploi, le gouvernement compte les contrats d’apprentissage et les contrats de professionnalisation, alors que les « salariés » sous ces mêmes contrats ne sont pas pris en compte dans les effectifs des entreprises, notamment pour l’application des seuils !
Un bien joli tour de passe-passe si les chiffres ne donnaient pas le vertige : les effectifs sous contrat d’apprentissage à fin 2023 s’élevaient à 1 020 000 et le nombre de contrats nouveaux est de 852 000 pour 2024. A peu près la moitié des « créations d’emploi » !
Il faut savoir que ces contrats ont été largement subventionnés (8 000 puis 6 000 euros par contrat) et que payés un % du SMIC, les « arpettes », comme on le disait autrefois, ne coûtent pratiquement rien aux entreprises pendant un an et ne génèrent aucune charge sociale.
Quelle aubaine pour avoir de la main d ‘œuvre quasiment gratuite !
Et comptabiliser ces faux emplois en créations : Quelle tromperie !!
Certains secteurs en ont usé et abusé, notamment la Grande Distribution. Apprends-t-on le métier de Manager aux étudiants quand pendant 2 ans il approvisionnent les rayons en paquets de pâtes ou préparent des commandes dans un Dive In sous l’œil pas toujours bien veillant d’un « manager » qui les engueule parce qu’ils ne témoignent pas assez de motivation ?
Mais je m’égare, même si cela illustre parfaitement « combien on nous ment » !
Revenons à mon propos de base et consultons quelques chiffres.
Tenez, prenons ceux publiés par l’AGS, l’Assurance de Garantie des Salaires.
L’AGS a été créée pour payer les salariés en cas de défaillance des entreprises. Son financement est assuré par une cotisation exclusivement patronale de 0.20% du salaire actuellement plus les sommes récupérées sur la liquidation des entreprises.
Les statistiques de l’AGS sont donc tout à fait intéressantes à consulter pour avoir une idée précise de l’état réel de l’emploi (hors fonctionnaires naturellement) .
Et, comme le dirait Fabrice Lucchini, « c’est du lourd, du très lourd » !
Je cite ici in extenso le rapport de l’AGS :
« Depuis le début de l’année, ce sont près de 140 000 salariés qui ont bénéficié de la garantie AGS au 31 octobre 2023, ce qui représente une hausse de 65% par rapport à l’année précédente sur la même période.
Du 1er janvier au 31 octobre 2023, près de 20 000 affaires ont été ouvertes par l’AGS, en augmentation de 40% par rapport à la même période en 2022. L’AGS a ainsi avancé près de 1,5 milliard d’euros, en hausse de 56% par rapport à l’année dernière sur la même période, et dépassant d’ores et déjà les montants avancés sur l’ensemble de l’année 2022 (1,14 milliard d’euros). »
Et un peu plus loin :
« Au 3ème trimestre 2023, le nombre d’affaires ouvertes s’établit à 5 296, en hausse de plus de 29% par rapport au nombre observé au cours du 3ème trimestre 2022.
Si les interventions de l’AGS restent très majoritairement réalisées au profit des entreprises de moins de 10 salariés (85%), leur augmentation auprès des entreprises de plus de 100 salariés est une tendance qui se confirme (36 au 3ème trimestre 2023 contre 17 au 3ème trimestre 2022).
Le nombre de bénéficiaires suit une progression encore plus significative (+67% de bénéficiaires par rapport au 3ème trimestre 2022). Ainsi plus de 74 200 salariés ont bénéficié de l’intervention de l’AGS sur l’ensemble du territoire. L’Ile-de-France, qui concentre historiquement le plus grand nombre de bénéficiaires, a conforté sa position avec une hausse de 113,6% par rapport au 3ème trimestre 2022. Trois secteurs d’activité se distinguent avec des augmentations importantes : la construction (+130%), les services aux entreprises (+194%) et l’enseignement, la santé et l’action sociale (+202%) ».
Ce qu’il faut savoir aussi, et je le vis actuellement de façon « cruelle » pour la salariée de mon entreprise, c’est que l’AGS fait tout son possible, malgré les beaux discours, pour bloquer le maximum de dossiers !
Essayez donc de les contacter !
Selon la Banque de France, il y a eu 55 472 faillites d’entreprises en 2023.
Selon la GSC, l’assurance volontaire des chefs d’entreprise qui n’ont droit à rien et payent souvent des cotisations dites « de solidarité » pour garder le droit de travailler 55 155 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en 2023, dont 1 981 en Normandie ! J’en fais partie.
Du très lourd, je vous disais !
Alors finissons par citer le génial Van Damme : « Pour régler le chômage, supprimons le travail »
Et « restons aware ».
Patrick ROBERT