L’EXTRÊME GAUCHE, REINE DE LA CENSURE, CENSURÉE

Publié le par Gilles-William Goldnadel

L’EXTRÊME GAUCHE, REINE DE LA CENSURE, CENSURÉE

Après l’annulation d’une conférence de Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon, notre chroniqueur note que l’extrême gauche est plus encline à se plaindre de la censure quand elle en est la victime, voire qu’elle encourage celle des idées qu’elle ne partage pas, à l’image des thèses défendues dans le livre Transmania.

Commençons par le commencement. Et par les principes. Je suis, à tort ou à raison, un partisan sans limites de la liberté d'expression. À l'instar de la Constitution américaine. Ce qui n'empêche évidemment pas les poursuites individuelles, quand l'honneur d'un individu est sali par une injuste campagne de calomnies. Et l'on sait que dans cette circonstance particulière la justice anglo-saxonne n'y va pas de main morte, contrairement à la nôtre infiniment moins dissuasive. Concernant le domaine plus général des idées, ma conception libertaire n'est évidemment pas exclusive de critiques, tant certaines idées sont laides. Mais je préfère ce travers que de m'en remettre à l'arbitraire subjectif d'un juge. Tel n'est pas le système français qui prévoit des garde-fous, principalement dans le domaine du racisme, de l'antisémitisme et de l'homophobie. Et comme je le craignais, l'arbitraire subjectif, et notamment idéologique, du juge s'est fait cruellement sentir dans les dernières décennies.

Qu'on m'autorise à ce stade ce souvenir personnel bien ancien. Mon cher Ivan Rioufol, partisan théorique comme moi de la liberté d'expression sans limites, me reprocha amicalement mais logiquement, un combat judiciaire qui s'avéra concluant contre Libération et ayant comme fondement l'antisémitisme. Je ne pus que lui répondre que, malheureusement, si je ne le menais pas, seul l'antisémitisme d'extrême droite serait poursuivi par des organisations moralement et judiciairement hémiplégiques. Je pointais déjà il y a trente ans ce que j’ai fini par nommer un «privilège rouge» ; non seulement l'on ne réclamait aucun compte à l'extrême gauche politique ou intellectuelle, mais c'est son bras judiciaire ou associatif qui en exigeait sans complexe et avec un esprit de censure sans limites.

Il se trouve que la semaine qui vient de s'écouler vient de montrer qu'à la défaveur de ses extravagances moyen-orientales, l'extrême gauche Insoumise commence enfin à connaître un début de rigueur du système français de limite à l'expression des idées haineuses et détestables. C'est ainsi que Jean-Luc Mélenchon s'est vu interdire de tenir une conférence dans l'enceinte de l'université de Lille, en la compagnie de la très controversée Rima Hassan. On conviendra que ce n'était pas le lieu idéal pour tenir un meeting, l'université étant en principe un lieu pour apprendre et non pour entendre des harangues enflammées et inflammables. Furieux d'une exclusion à laquelle, il faut bien le reconnaître, un homme d'extrême gauche n'a pas été éduqué, le tribun a finalement tenu meeting dans la rue, se laissant aller à comparer le président de l'université précitée à Adolf Eichmann. Par son excès insultant à l'égard d'un individu et par sa banalisation de la Shoah, une comparaison aussi méprisante que méprisable serait condamnable aussi bien dans le système judiciaire anglo-saxon que français. Il est vrai que le tribun de plus en plus incontrôlable qu'il est devenu, commence à devoir être contrôlé. Il n'est pas avare du concept de génocide, essentiellement à l'égard des Juifs.

Mais l'interdiction universitaire n'est pas le seul motif de récrimination d'une extrême gauche décidément libertaire, lorsque la liberté la concerne exclusivement. C'est ainsi que le 18 avril, sur X, Sophie Binet, dirigeante nationale de la CGT, a cru devoir plaindre le sort judiciaire de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la CGT, condamné à un an de prison avec sursis «pour une phrase dans un tract» qui serait «un cap franchi dans la répression des libertés». Il se trouve que le tribunal correctionnel de Lille a jugé que ce responsable de cette organisation syndicale avait franchi les limites de la liberté d'expression en écrivant dans ce tract, six jours après le pogrom commis le 7 octobre par le Hamas : «Les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi, elles reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées». Le tribunal lillois y a vu, sans grand effort, une apologie du terrorisme, réprimée par le droit positif français. Une autre membre de la CGT est poursuivie, toujours dans le Nord, pour avoir mis en cause, en tant que déléguée du personnel et dans le cadre d'une manifestation publique devant sa propre entreprise, les dirigeants de celle-ci, coupables, selon elle, de posséder des biens en Israël... Enfin, rappelons que Sophie Binet avait également tenu à exprimer sa solidarité envers un autre cadre CGT de la SNCF, Frédéric Tronche, poursuivi pour avoir demandé devant témoins à Éric Zemmour si son «train partait pour Auschwitz»...

Mais l'extrême gauche a un autre motif actuel de récrimination en matière de liberté politique. De nombreux de ses dirigeants - ainsi que la membre EELV Marine Tondelier - ont protesté avec véhémence après que Rima Hassan, classée en position éligible sur la liste de la France insoumise, ait été convoquée par la police pour avoir à répondre de propos particuliers. On reprochera sans doute à l'auteur de ces lignes un manque de compassion, mais le fait d'être priée par la police de venir répondre librement de propos éventuellement répréhensibles est d'une parfaite banalité ; la membre du mouvement politique qui en fait la publicité n'a pas l'exclusivité. S'agissant desdits propos incriminés, l'on compte notamment le slogan «De la rivière à la mer» négateur de l'existence d'Israël et le fait de considérer comme «légitimes« les actes du Hamas. On a déjà vu convocation plus incongrue.

Nous n'avions pas vu la France insoumise ou la CGT faire montre d'un même esprit libertaire de compassion quand ses adversaires politiques étaient traînés devant les tribunaux et parfois condamnés pour, sans doute, bien moins que cela. Qui pour une caricature, qui pour la mise en cause maladroite du drame migratoire que vivent les Français ? À ce stade, disons-le sans ambages, la pose victimaire de l'extrême gauche est d'autant plus indécente que depuis des années, c'est elle qui est la vectrice principale du déclin des libertés humaines générales ou particulières. Sur le plan général, je songe à l’islamo-gauchisme ou au wokisme qui s'efforcent d'interdire la contestation de l'immigration massive et irrésistible ou la moindre plaisanterie. Jusqu'à dénaturer les rapports entre les hommes et les femmes.

Sur le plan particulier, je n'aurai pas à aller chercher bien loin dans le temps des exemples vivants. Ce sont des féministes qui ont été physiquement attaquées par des antifas lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes, pour avoir voulu exprimer leur solidarité envers les femmes violées ou assassinées le 7 octobre. C'est une membre du mouvement féministe «collectif Némésis» qui se voit reprochée judiciairement par la maire de Besançon d'avoir arboré l'affiche «Violeurs étrangers dehors», ce qui correspond pourtant à une possibilité légale, exclusive de tout racisme et ayant trait à une cruelle réalité. C'est un responsable de Reconquête, Stanislas Rigault, qui, samedi soir est agressé physiquement à Paris par des militants d'extrême gauche et traité de «nazi».

C'est enfin, et toujours la semaine dernière, le livre Transmania des féministes Dora Moutot et Marguerite Stern, vanté par Le Figaro mais taxé de transphobie par le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, qui a obtenu la fin de sa publicité sur les panneaux JCDecaux. Pour toute transphobie, les deux autrices mettent en garde contre la transition de genre des mineurs et réprouvent la concurrence déloyale des trans-hommes dans les manifestations sportives au détriment des femmes. On a déjà lu plus infâme.

Compte tenu de ce qui précède, on voudra bien excuser mon manque de compassion pour une extrême gauche qui tient depuis toujours les ciseaux d'Anastasia mais qui hurle d'avoir été coupée. L'arroseur arrosé est un film comique muet. Il est très éloquent.

L’ISLAMOGAUCHISME EXISTE ET JE LE RENCONTRE TOUS LES JOURS. (Gilles William Goldnadel)

Gilles-William Goldnadel  

Publié dans Figaro Vox et sur Dreuz.info    

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox et intervient régulièrement sur CNews.

Fondateur et président de l’association Avocats Sans Frontières, et président de l’Association France-Israël, Gilles-William Goldnadel se déclare «hostile à toutes formes d’antisionisme et d’antisémitisme indépendamment de leur orientation politique» (Le nouveau bréviaire de la haine) et dénonce l’émergence d’un «nouvel antisémitisme» d’une certaine partie de la gauche.

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HOMMAGE AUX VICTIMES DU HAMAS : DE QUI SE MOQUE LFI ?

 PAR IDÉOLOGIE, CERTAINS MÉDIAS FERMENT LES YEUX SUR LES VICTIMES DE L’ISLAMISME  L’EXTRÊME GAUCHE S’EST UNE FOIS DE PLUS DÉSHONORÉE

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