LA FINLANDE ADOPTE UNE LOI POUR BLOQUER LES MIGRANTS ILLÉGAUX
Vendredi dernier, le Parlement finlandais a adopté une loi qui donne aux gardes-frontières le droit de bloquer les migrants illégaux originaires d’Afrique, de Syrie, de Somalie et d’Iran.
Le projet de loi nécessitait une majorité des deux tiers au sein du parlement de 200 sièges. Il a été confortablement adopté par 167 voix pour, 31 contre et une abstention (1). Les législateurs de l’Alliance de gauche et de la Ligue verte figurent parmi les 31 qui ont voté contre le projet. C’est à se demander ce que les Finlandais ont compris que les Français continuent d’ignorer !
Le gouvernement du Premier ministre Petteri Orpo a déclaré que ce projet de loi était essentiel pour endiguer l’afflux futur de migrants illégaux en provenance des pays pauvres du Sud, malgré le fait que la loi soit en contradiction avec les obligations internationales de la Finlande en matière de droits de l’homme.
« Il s’agit d’un signal fort envoyé à la Russie et à nos alliés : la Finlande se soucie de sa propre sécurité et nous nous soucions de la sécurité des frontières de l’UE », a déclaré M. Orpo lors de la conférence de presse qui a suivi le vote.
La loi adoptée est temporaire et restera en vigueur pendant un an. Une décision conjointe du gouvernement et du Président sera nécessaire pour promulguer la loi.
La loi permettra aux gardes-frontières finlandais de refouler les migrants illégaux à la frontière.
Depuis le mois de mars, aucun nouvel immigrant clandestin n’est arrivé dans le pays – la Finlande a fermé ses frontières terrestres avec la Russie à la fin de l’année dernière.
La Finlande a également accusé la Russie de faire de la migration une arme en encourageant des migrants originaires de pays tels que l’Afghanistan, l’Égypte, l’Irak, la Somalie, la Syrie, le Yémen et l’Iran à franchir la frontière.
Helsinki pense que Moscou encourage un grand nombre d’immigrants illégaux provenant de pays pauvres du Sud à traverser la frontière en réponse à l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, qui soutient également l’Ukraine.
L’année dernière, la Finlande a fermé sa frontière terrestre avec la Russie, longue de 1.340 kilomètres, après que plus de 1.300 migrants sans papiers ni visas – un nombre inhabituellement élevé – sont entrés dans le pays en l’espace de trois mois, quelques mois seulement après l’adhésion de la Finlande à l’OTAN.
Il ne fait aucun doute que jamais la Russie ne ferait une chose pareille, et elle nie vigoureusement ces accusations (et continue à transporter des milliers d’immigrants illégaux vers ses frontières avec l’Europe, comme les nombreuses vidéos disponibles sur X le montrent).
Pour rappel, la Pologne est elle aussi confrontée à une situation assez proche, en raison de l’afflux d’immigrants illégaux en provenance de la frontière du Belarus, vers laquelle la Russie envoie des masses d’illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique, et l’Estonie affronte un problème identique.
Récemment, des dizaines d’immigrés clandestins munis d’armes artisanales du côté biélorusse de la frontière avec la Pologne ont tiré une volée de lances artisanales sur les gardes-frontières polonais à travers une clôture en acier de cinq mètres. Plusieurs gardes-frontières polonais ont été blessés lors de cette attaque, un sergent a été tué(2).
En attente de l’approbation du Président Alexander Stubb, les gardes-frontières finlandais peuvent – dans certaines circonstances – rejeter les demandes d’asile des migrants aux points de passage. Le gouvernement a cependant indiqué qu’ils ne refuseront pas l’entrée aux enfants, aux personnes handicapées et à tout migrant considéré par les gardes-frontières comme étant dans une position particulièrement vulnérable. La question est de savoir ce qui est considéré comme un enfant, des cas de gaillards barbus et poilus munis de papiers les présentant comme des adolescents n’étant pas rares.
Les refoulements, qui consistent à renvoyer de force des personnes au-delà d’une frontière internationale sans évaluer leurs droits à demander l’asile ou une autre forme de protection, sont contraires au droit international et au droit européen. Toutefois, la Pologne, la Lettonie et la Lituanie, membres de l’UE, ont déjà eu recours à cette mesure controversée lorsqu’il s’est agi de migrants tentant d’entrer au Belarus.
La Lettonie, la Lituanie et la Pologne ont toutes introduit des lois similaires à celle proposée en Finlande.
© Jean-Patrick Grumberg
avec l’aimable autorisation de Dreuz.info
Jean Patrick Grumberg est journaliste.Dans les années 70, il a travaillé sous la direction de Georges Wolinski à Charlie mensuel, puis a été chef d'entreprise, lobbyiste.Il est contributeur au site de Pamela Geller, Dreuz.info et d'autres médias.