MAJORITÉ DE CIRCONSTANCE ?
Une dissolution qui a surpris tout le monde, une campagne législative très courte sur le thème ‘‘tout sauf le RN’’, un président qui dit sans complexe que « les Français ont choisi un nouveau mode de fonctionnement des institutions », des électeurs de gauche qui ont du voter ‘‘LR’’ ou ‘‘Renaissance’’, des électeurs de droite qui ont du voter ‘‘Nouveau Front Populaire’’ et même parfois, ‘‘France Insoumise’’, tout cela explique pourquoi les Français dans un récent sondage s’estiment ‘‘dans le brouillard’’…
D’après le dernier sondage ‘‘Elabe’’ ‘‘La moitié d'entre eux (53%) considère en effet que ne pas avoir de majorité claire est une bonne chose pour la démocratie et le débat, et que cela va obliger les différentes forces politiques à faire des compromis et à négocier. Mais l'autre moitié (47%) estime que c'est une mauvaise chose pour le pays et qu'il existe un fort risque de blocage des institutions.’’.
La semaine dernière on a vu des seconds couteaux se pousser du coude, des ‘‘politiciens au rencard’’ se disant prêts et surtout s’estimant capables de remplir ces hautes fonctions. Bref, c’était le bal des prétendants, ou plutôt pour citer Audiard, le bal des prétentieux.
Obliger des adversaires politiques à s’entendre pour former un gouvernement qui tienne la route, c’est à dire éviter les motions de censure, cela existe en Allemagne, aux Pays Bas, en Italie, mais pas chez nous où chaque formation a l’orgueil de détenir la vérité.
Sommes nous condamnés à revivre les poisons et délices de la IVème ? Époque bénie où chaque parlementaire pouvait devenir ministre, même pour deux mois, car l’instabilité ministérielle qui a conduit à la faillite monétaire, ce que tout le monde ou presque a oublié, était produite par la même configuration de l’assemblée. La différence tient au fait que les institutions de la Vème République permettent d’éviter cet écueil et il faut noter que, dans un autre sondage, les Français ne veulent pas de changement institutionnel.
Même s’il est indiscutable qu’avec plus de 10 millions de voix au deuxième tour le RN est le premier parti de France et on peut comprendre que ses électeurs se sentent floués. C’était à peu près la même chose sous la IVème avec la loi des ‘‘apparentements’’. Il n’en faut pas plus pour réclamer une modification du mode de scrutin et le retour à la proportionnelle, époque bénie pour les apparatchiks qui pouvaient se faire élire planqués sur une liste.
Nous sommes en présence de trois blocs. A noter la présentation du ministère de l’intérieur qui place ‘‘Ensemble’’ en tête avec 148 députés suivis par ‘‘l’Union de la Gauche’’ avec 146 en ‘‘oubliant’’ 15 autres députés classés ‘‘divers gauche’’. Donc on est à 161 mais à ‘‘Ensemble’’ on doit rajouter 6 ‘‘Horizons’’, 6 ‘‘divers centre’’ et 3 ‘‘UDI’.’ Aisi, la majorité présidentielle serait en tête avec 163 parlementaires.
Mais la gauche revendique certains élus des ‘‘Dom-Tom’’, ce qui lui donnerait l’avantage. Quant au ‘‘RN’’ on le crédite de 88 auxquels il faut rajouter 16 ‘‘Cioccistes’’…
Ces comptes d’Apothicaires montrent bien que nous ne sommes même pas en présence de majorité relative. Séparer les ‘‘Socialistes’’ des ‘‘Insoumis’’ pour les adjoindre à une majorité avec ‘‘Ensemble’’ et les ‘‘LR’’ tel est le rêve de Macron.
C’est pour cette raison qu’il attend le vote pour désigner le président de l’Assemblée en espérant pouvoir calquer une majorité de circonstance sur un contrat de gouvernement.
Daniel JUBERT
Conseiller Départemental de Louviers
Vice-Président d'Eure Normandie Numérique