QUELLE MAGNIFIQUE MISE EN SCÈNE!
Qui nous fera croire que le spectacle de la visite de Macron, n’était rien d’autre qu’une mise en scène et rien d’autre qu’un panneau (pas un Panot, quoique ?) dans lequel nombre de médias sont tombés avec allégresse ?
Pour qui connait un tant soit peu le Maroc (j’ai cette faiblesse pour avoir vécu 3 ans à Agadir en immersion complète dans le milieu local à tel point que me serais probablement converti à l’Islam-le vrai-si j’avais pu y rester) qui peut imaginer que sa Majesté Mohammed VI, Roi Chérifien et Commandeur des Croyants n’était pas au courant du déroulé du spectacle ?
Y compris ce ridicule comportement du ci-devant Belattar saluant sa Majesté en jogging ?
Il est de notoriété publique que de telles visites sont organisées et millimétrées de longue date, notamment pour des questions de sécurité, sujet auquel on est très sensible au Maroc, croyez-moi !
Tenez, je vais vous raconter une anecdote :
Quand je suis arrivé à Agadir avec « ma petite famille » comme on dit là-bas, j’ai commencé par habiter une villa dans un nouveau quartier près de la côte.
Belle villa, mais trop loin de tout pour ma femme et mes enfants.
Alors mes amis Marocains m’ont trouvé une magnifique maison « rose » dans le quartier résidentiel traditionnel de Taddart.
Et j’ai donc déménagé.
Peu après mon déménagement, notre coursier Abderahaim est venu me voir pour me dire : « M’Sieur Patrick (c’est ainsi qu’on m’appelait au Maroc) le caïd de Taddart veut vous voir »
« Fort bien, mais pourquoi ? Simplement pour vous voir, maintenant que vous êtes dans son caïdat »
Je m’exécutais donc et suivais notre coursier au point de rendez-vous convenu, à la terrasse d’un café.
Un homme plutôt âgé attendait et a fait un signe. Mon coursier m’a alors dit que c’était bon, il m’avait vu .
J’étais désormais protégé dans mon nouveau quartier, tout comme ma famille, à condition de respecter un certain nombre de règles élémentaires comme celles d’avoir un jardinier pour lui donner du boulot, tout comme ma bonne qui avait son business de « petites bonnes » : redistribuer ma nourriture non consommée, distribuer le couscous du vendredi etc.
Bref, respecter les règles du « vrai vivre ensemble », ce que mes moyens financiers de l’époque me permettaient sans aucun problème.
Pour autant, tout est forcément « donnant/donnant » et vous vous demandez où je veux en venir.
Simplement à ceci :
Si des contrats mirobolants ont été signés avec le Maroc lors de cette visite (je serais d’ailleurs curieux de savoir comment ils sont financés), ce n’est certes pas pour nos beaux yeux ! Il y a nécessairement des contreparties !
Où sont-elles donc ?
Pas compliqué, tout simplement dans le silence « assourdissant » du sujet de la drogue.
La région du RIF au Nord du Maroc (magnifique région de montagnes et de vallées) a une histoire fort complexe avec le royaume Chérifien. Tel n’est pas mon propos de la raconter, même si les Rifains ont été massacrés à coups de napalm pour réprimer leur dernière révolte.
Il se trouve que le RIF est la première région mondiale pour la culture du cannabis, et de très loin.
Cette culture est strictement interdite, mais évidemment tolérée puisqu’elle fait vivre environ 800.000 personnes et rapporte beaucoup, beaucoup d’argent sauf aux pauvres paysans du Rif qui continuent à crever de faim et n’ont d’autre solution que de cultiver et vendre cette merde.
On est loin du commerce équitable !
La population du Rif se caractérise par un niveau de taux de natalité très élevé, avec une densité de population largement supérieure à celle de la moyenne nationale Marocaine.
Historiquement, les premiers immigrants vers l’Europe (Pays-Bas, Belgique, France du Nord) ont donc été les Rifains. Et cela continue, ne varietur.
Les conditions sont donc requises pour un deal équilibré avec le Maroc.
Il peut se résumer brièvement ainsi :
« Je signe tous les contrats que tu veux, mais tu me fous la paix sur le cannabis ».
J’ai dit tout ce que j’avais à dire.
B’slama !
Patrick ROBERT