LES TERRIBLES DANGERS DES RÉSEAUX SOCIAUX
Je dois à mon souci permanent de la pédagogie de vous raconter l’histoire de ma récente immersion dans les réseaux sociaux, notamment ceux du groupe META pour vous mettre en garde, vous dire de faire très attention, très, très attention.
Tout a débuté quand j’ai commencé à suivre « quelqu’un » dont la page me semblait intelligente, originale, amusante.
Je me suis mis à « poster » de plus en plus de contributions sur cette page et un échange plus personnel avec le « propriétaire » s’est établi, échange intéressant au demeurant avec le partage de bon nombre de notions philosophiques et spirituelles.
Il m’a alors été proposé de participer à la création d’un groupe privé (donc à priori verrouillé) dont les thèmes seraient l’humour, l’humanité, l’humilité, des reportages, des témoignages des membres, des rubriques.., bref une sorte de magazine participatif.
Idée séduisante, pourquoi pas ?
Et c’est de façon très sérieuse que les choses ont été mises en place : Élaboration de chartes de déontologie à l’attention des contributeurs, vidéos de présentation (faites par moi-même depuis ma chambre), présentation de l’équipe de gestion de la page ( 1 administrateur et 2 modérateurs), conception du visuel de la page, etc…. et c’est parti.
Le succès a été tellement rapide que nous avons décidé de compléter le produit par un "Chat", un groupe de discussions adossé au groupe fermé (donc en principe contrôlé) pour permettre aux membres du groupe de discuter entre eux, pour faire des jeux en direct …
Sur le papier, tout cela était bel et bon, mais la réalité s’est avérée être radicalement différente.
En tant que modérateur, mon premier rôle bénévole consistait à approuver ou non les demandes d’adhésion (d’où enquête sur les profils) pour éliminer les « trolls » (de faux profils de gens qui passent leur temps à inonder le réseau de fausses nouvelles ) et les « brouteurs » (des escrocs qui cherchent à soutirer de l’argent aux Internautes naïfs).
Mon second rôle, c’était d’approuver ou non les propositions de contribution en fonction des thèmes à aborder et des règles de déontologie du groupe.
L’administrateur m’invitait aussi à publier des contributions personnelles (par exemple des énigmes mathématiques qui remportaient un Franc succès) et à animer des jeux sur le groupe de discussion.
Très vite (4000 membres en un mois), nous avons été submergés de demandes d’adhésion, à tel point que je finissais par passer la quasi-totalité de mon temps à ce « job bénévole ».
Le doute a commencé à s’installer en moi quand j’ai vu la satisfaction avouée de l’administrateur/propriétaire devant la croissance des adhésions en dépit de la nature des profils (sans jugement de valeur aucun) et de la médiocrité des propositions de publications.
Des profils de moins en moins renseignés, des profils où en creusant un peu (mais c’est du temps passé), on s’aperçoit qu’il y a une majorité de gens dans la quarantaine, souvent seuls et se masquant derrière des avatars et/ou des photos à l’évidence trafiqués.
Quant aux publications : Une « resucée » de ce qui traîne sur Facebook, quasiment aucune créativité, des publications de plus en plus vulgaires, voire grossières, à tel point que, alerté par mes soins, l’administrateur m’a demandé de faire une vidéo pour rappeler les règles de modération du groupe de discussions. Ce que j’ai fait.
Mais rien n’y fit, rien ne changea.
Alors j’ai décidé d’enquêter un peu plus sur l’administrateur qui m’avait dit travailler pour META.
J’ai retrouvé sur sa page « perso » (une page importante puisque comptant plus de 100 000 followers) quasiment toutes les publications triées du groupe privé.
Bon c’est un mélange des genres évident.
En cherchant plus avant, j’ai constaté que cet administrateur avait une multitude de pages sur Facebook, Instagram notamment, et sur tous les réseaux existants (ou non ?).
Mais pourquoi donc ?
Tout simplement parce que c’est un métier, source de revenus et que l’intérêt pour ces administrateurs, c’est d’avoir le maximum de flux sur les « canaux » pour toucher le maximum d’argent.
Car META rémunère, certes pas des milles et des cents, mais rémunère. Il est difficile de savoir précisément combien, mais vous pourrez avoir une idée du modus operandi en cliquant sur ce lien :
https://www.shopify.com/fr/blog/comment-gagner-de-l-argent-avec-facebook#
Si vous lisez attentivement, vous noterez que, par exemple, 1 000 vues de vidéos sur Instagram, c’est payé 8 $.
Convenez avec moi que la perversion psychologique et intellectuelle est totale.
La démarche consiste à attirer le maximum de gens, en faisant semblant de « défendre des valeurs », à les flatter et les utiliser en leur faisant croire qu’ils étaient des personnages « importants » (c’est mon cas !) et/ou récupérant leur solitude et leur détresse morale pour les distraire…
Le pire, c’est que cette épouvantable manipulation fonctionne très bien, surtout dans le contexte actuel où « les gens » ont besoin de s’évader des terribles réalités de notre monde.
C’est, à l’évidence, une autre forme d’abrutissement sous l’apparence de belles idées, finalement à but strictement lucratif.
Il est clair que l’administrateur, au demeurant fort intelligent, a compris que j’avais compris.
Samedi dernier, alors que j’animais un jeu sur le groupe de discussions, mais lui avais envoyé un message un peu maladroit mais à interpréter au second degré, une détestable conversation (toujours via des messages, rien de direct, rien de de visu) s’est engagée avec l’administrateur qui s’est mis à m’accuser de mille mots et tenir des propos hallucinants à mon égard !
Cet administrateur s’est permis de me dire « on laisse passer la nuit pour que je réfléchisse !).
Réfléchir à quoi ? A m’exclure ?
Ce que je l’ai prié de faire sur le champ et ce qui a été fait.
Vous n’avez pas idée de quoi est fait ce monde des réseaux sociaux.
Un monde gris, fait de manipulateurs qui utilisent la crédulité des gens, leur naïveté, leur détresse psychologique pour, in fine, en faire un business.
Un monde qui met les gens en relation de dépendance, tout à fait analogue à celle de la drogue ou du casino : On devient totalement dépendant de Facebook !
Alors, grand danger !
Cette expérience m’a été utile, car je voulais comprendre « ce nouveau monde virtuel ».
J’en ai mesuré toute la brutalité quand je me suis fait éjecter, comme si j’avais commis une faute lourde.
Ma seule faute aura été de comprendre.
Pour autant, les réseaux sociaux sont des outils prodigieux si on en fait bon usage.
Cette expérience, douloureuse et décevante pour moi je dois l’avouer, m’a permis de faire le ménage.
J’ai remis ma page Facebook en privé (je souhaite la garder car elle me permet surtout de rester en contact avec mes anciens étudiants) et procédé à un total nettoyage.
Je n’ai gardé que les pages spécialisées et tranquilles.
Sur la page « les amis d’Hercule Poirot », on ne parle que d’Hercule Poirot et d’Agatha Christie, sur cette belle page « le Cotentin et la Normandie » il n’y a que des photos somptueuses des paysages de mon enfance….et tant d’autres pages passionnantes.
Celles exclusivement consacrées à un thème précis.
Tel est donc le retour d’expérience dont je souhaitais vous faire part.
Un outil n’est pas mauvais en soi, tout dépend de l’usage qu’on en fait.
Et je vous invite à méditer cette phrase de Bernanos, rappelée par Pascal Praud :
Les ratés ne vous rateront pas.
Patrick ROBERT