LA CHARTE DE LA LAÏCITE A L'ÉCOLE
Rappeler que l’école publique est aussi ‘‘l’école laïque’’ mérite d’être soutenu.
Qu’un ministre socialiste en soit l’initiateur, cela devrait ‘‘couler de source’’.
Ce 9 septembre, Vincent Peillon, Ministre de l'éducation nationale, a présenté « la Charte de la laïcité à l'École » dans un établissement scolaire de la Ferté-sous-Jouarre.
Au cours de cette présentation, Vincent Peillon expliqua les motivations de ce texte : « Refonder l’École de la République, c’est lui redonner toute sa place dans la transmission du bien commun et des règles, principes et valeurs qui le fondent. Parce que la République porte une exigence de raison et de justice, il revient à l’École française de contribuer à bâtir du commun, de l’égalité, de la liberté et de la fraternité. Il s’agit d’accompagner les élèves dans leur devenir de citoyen sans blesser aucune conscience : c’est l’essence même de la laïcité.
La vocation de la charte affichée dans nos écoles, nos collèges, nos lycées, est non seulement de rappeler les règles qui nous permettent de vivre ensemble dans l’espace scolaire, mais surtout d’aider chacun à comprendre le sens de ces règles, à se les approprier et à les respecter. La laïcité de l’École n’est pas une entrave à la liberté, mais la condition de sa réalisation. Elle n’est jamais dirigée contre les individus ni contre leur conscience, mais elle garantit l’égalité de traitement de tous les élèves et l’égale dignité de tous les citoyens. Refusant toutes les intolérances et toutes les exclusions, elle est le fondement du respect mutuel et de la fraternité.
C’est le rôle de chacun d’entre nous et c’est la mission de l’École républicaine, de faire partager ces valeurs qui nous élèvent et nous rassemblent. »
Le Défenseur des Droits, Dominique Baudis, a décidé ce même jour, de saisir le Conseil d'Etat afin d'obtenir des ’’clarifications’’ nécessaires sur l'application du principe de laïcité.
« Il est urgent de préciser la règle du jeu », exprime Dominique Baudis en évoquant 2 points : ‘‘les collaborateurs bénévoles ou occasionnels du service public’’ (précisant l'exemple des mères voilées accompagnant les enfants à l’intérieur des établissements ainsi que lors de sorties scolaires), et les ‘‘salariés du secteur privé agissant en lien avec les pouvoirs publics’’ dans les crèches privées, rappelant le cas de la crèche Baby Loup.(*)
En attendant que « l’Ecole laïque » réponde à sa vocation première qui est d’apprendre aux élèves à lire et compter, souhaitons que ce gouvernement réponde positivement à ces interrogations, faute de quoi, cette « charte » ne restera qu’un vœu pieux.
Vildenay
(*) En mars dernier, la Cour de cassation avait jugé illégal le licenciement d'une salariée de la crèche associative Baby Loup, à Chanteloup-les-Vignes, au motif qu'elle refusait d'enlever son voile sur son lieu de travail.
Voici l'intégralité du texte :
La République est laïque. La Nation confie à l'École la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République.
1. La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi, sur l'ensemble de son territoire, de tous les citoyens. Elle respecte toutes les croyances.
2. La République laïque organise la séparation des religions et de l'État. L'État est neutre à l'égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n'y a pas de religion d'État.
3. La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Elle permet la libre expression de ses convictions, dans le respect de celles d'autrui et dans les limites de l'ordre public.
4. La laïcité permet l'exercice de la citoyenneté, en conciliant la liberté de chacun avec l'égalité et la fraternité de tous dans le souci de l'intérêt général.
5. La République assure dans les établissements scolaires le respect de chacun de ces principes.
6. La laïcité de l'École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l'apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix.
7. La laïcité assure aux élèves l'accès à une culture commune et partagée.
8. La laïcité permet l'exercice de la liberté d'expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l'École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions.
9. La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l'égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l'autre.
10. Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République. Ils veillent à leur application dans le cadre scolaire. Il leur revient de porter la présente charte à la connaissance des parents d'élèves.
11. Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l'exercice de leurs fonctions.
12. Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l'ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu'à l'étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n'est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.
13. Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l'École de la République.
14. Dans les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.
15. Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement.