LES TRIBULATIONS DE GILDAS LE BRETON
GILDAS EN ALGÉRIE (2)
« Il est des lieux où meurt l'esprit pour que naisse une vérité qui
est sa négation même....Il faut beaucoup de temps pour aller à Djemila. Ce n'est pas une ville où l'on s'arrête et que l'on dépasse. C'est un lieu d'où l'on revient. La ville morte est au terme d'une longue route en lacets qui semble la promettre à chacun de ses tournants et paraît d'autant plus longue. Lorsque surgit enfin sur un plateau aux couleurs éteintes, enfoncé entre de hautes montagnes, son squelette jaunâtre comme une forêt d'ossements, Djemila figure alors le symbole de cette leçon d'amour et de patience qui peut seule nous conduire au cœur battant du monde »
— Albert Camus, Noces (1939), Le vent à Djemila
Qu’avait donc fait cette légion pour que Nerva les exile dans ce coin perdu.
Après leurs années de service, les vétérans avaient droit à un bout de terrain pour y couler une retraite heureuse. Ils se retrouvèrent ici à Djemila, au milieu des montagnes et loin de la mer.
Une situation stratégique intéressante au confluent de 2 rivières et proche du plateau traversant d’est en ouest toute le Maghreb.
Nerva leur dit : « Non seulement vous y serez bien mais vous rendrez service à Rome en gardant un œil sur cette zone ».
Ils le crurent, vinrent et crurent ici.
La ville s’agrandit, fut prospère et les temples majestueux.
Les pierres noires, ardoises, abondantes dans la région donnèrent leur nom à la colonie : Cuicul qui est devenue Djemila, la Belle.
La colonie vécut son petit bonhomme de chemin, fut envahit régulièrement et s’écroula définitivement avec l’empire
Mais loin du centre les envahisseurs les poches pleines et repus de démolition ont laissé la ville debout.
Il ne manque pas grand-chose pour que la vie reprenne : mettre des toits et redresser quelques pierres que le temps a abattues.
Les fouilles ont enfin permis de retrouver enfin le journal d’un commerçant appeler Cosinus, le «Cuiculum vitae », qui était perdu et dont parlaient beaucoup de documents trouvés à Rome. Il y était à la mode de consigner ses faits et gestes sur des papyrus et de donner ces papyrus à qui les voulait.
Cette coutume s’est perpétuée jusqu’à nous.
Gildas Le Breton