MÉMOIRES D’ESPOIR...

Publié le par la-petite-souris-normande.over-blog.com

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40 ans déjà ! La pluie ruisselait que les pavés des Champs-Elysées et je me noyais dans la foule qui remontait l’avenue pour déposer quelques fleurs sur la tombe du soldat inconnu située au milieu d’une place qui portera plus tard son nom : Charles de Gaulle.

 

Au cours de cette marche lente et silencieuse, je me remémorais l’honneur d’avoir été choisi 11 ans avant avec 199 autres pour expliquer aux représentants des populations du Sud-est Asiatique la politique étrangère de la France voulue par le Général de Gaulle au lendemain de la guerre d’Algérie : indépendance à l’égard des deux blocs (URSS et USA), et développement des échanges culturels et commerciaux réciproques.

 

De ces deux années passionnantes et passionnées, il y aurait des dizaines d’anecdotes à révéler, que ce soit avec Sihanouk, qui appréhendait l’embrasement de l’Indochine et nous priait d’être son interprète auprès du Général pour que la voix de la France retentisse dans cette région. Ce fut fait avec le discours de Phnom Penh 4 ans plus tard. Tchang Kaï-chek à Taipei qui, dans une allocution emportée, nous invitait l’année suivante à…Pékin. Sans oublier ces Anglophones de Lae (Nouvelle Guinée) qui préparaient notre venue depuis des mois avec des caisses de Scoth et des fêtes villageoises puis, la veille de notre arrivée, étaient effondrés du refus du Général de Gaulle de l’entrée du Royaume Uni dans l’Europe ‘‘le porte avions de l’Amérique’’… Sans omettre les messages à faire passer aux ‘‘colons’’ des Nouvelles Hébrides sur la nécessité de l’autodétermination des peuples, et bien sûr, ce périple avec Jean-Marie Tjibaou en Nouvelle-Calédonie. Jean-Marie et moi étions scouts, et à ce titre il m’avait accepté comme un frère. Exceptionnellement, il avait emmené ce « frère blanc » dans le fief de son Père afin que je puisse rendre compte du vécu des Canaques dans l’archipel. Je n’oublierai pas non plus la mission qui m’avait été confiée auprès du Député Polynésien John Téariki (apparenté Socialiste) chez lequel j’ai passé deux jours mémorables dans des discussions non-stop sur « l’indépendance raisonnée des Peuples » Raisonnée, car John Téariki percevait déjà la volonté d’hégémonie américaine et Australienne sur nos territoires du Pacifique par l’intrusion des pasteurs méthodistes.

   

Voilà pour cette note personnelle, mais en lisant MSIEUR PATRICK , ceux qui me connaissent me pardonneront cet aparté.

 

Revenons à Notre Général. Après l’enlèvement et l’assassinat politique de mon Père, des attachements familiaux ont incité Emmanuel d’Astier (mon parrain) à m’inviter à rejoindre l’UDT (Gaullistes de Gauche dont le président était René Capitant). D’Astier était proche du PC, mais il savait mon refus juvénile et violent à l’égard des dictatures et donc celles des pays de l’Est soutenues par le Parti communiste français !

 

Pourquoi citer Emmanuel d’Astier de La Vigerie ?

 

Parce que c’était un vrai Gaulliste. A savoir : un Homme indépendant.

Après le quotidien Libération, Emmanuel d’Astier avait créé une revue intitulée « l’Evènement ». Et, pour ajouter ma petite participation à l’anniversaire de la disparition du Général de Gaulle, je préfère citer quelques extraits du dernier éditorial de ‘‘l’Evénement’’ qu’Emmanuel d’Astier (Compagnon de la Libération) avait publié avant l’élection de Georges Pompidou.

« …Pour son cheminement de onze années, le général de Gaulle part tout seul. Dans l’équivoque – de l’Algérie Française à la libre disposition algérienne – il s’en va vers une réalité : l’indépendance de l’Algérie. Il surmonte avec quelques fidèles la seconde panique de 1960, mâte l’Armée, mâte ses compagnons (et Soustelle et Massu et le moineau Bidault) quitte à recevoir une balle au cœur. Puis il prépare une Vème République faite à sa mesure. Il façonne une politique étrangère bonne pour les uns dont je suis, mauvaise pour les autres. Il conçoit une Europe indépendante, et des liens particuliers avec ceux du Tiers-Monde qui refuse l’alignement au bloc. Il s’oppose à l’Amérique, à sa tutelle économique et militaire. Il remet en selle un franc malade. Il se tourne trop tard vers les problèmes sociaux, les responsabilités et les droits de l’homme dans le travail… »

 

« …Dans son concerto pour violon, de Gaulle a eu trois motifs : le motif des institutions nouvelles, le motif planétaire, le motif social qui devait couronner le tout. La participation, son rêve, a été écarté par les grands princes du patronat, les petits princes du syndicalisme. Elle laisse indifférent un pays replié sur l’individu ou sur les intérêts particuliers, un pays intoxiqué par la course à la production et à la consommation. Il n’a qu’un gouvernement de fonctionnaires : fonctionnaires dévots, bureaucratie insupportable, bourgeoisie désuète. L’intendance n’a pas suivie…»

 

« …De Gaulle a oublié la jeunesse. Vient mai 1968. C’est le 24 mai de cette année que l’adieu a sonné, à l’annonce d’un référendum qui ne résolvait plus rien… » « …Onze mois après mai il s’en va, drapé dans une grandeur que chacun reconnaît. Des millions d’hommes le regrettent, en Asie, en Europe, en Afrique, en Amérique latine, plus qu’en France encore. C’est hier, et l’étranger, comme la France, se dispute déjà une succession équivoque… »

 

« … Quelques jours après le référendum Poher appelle le Premier Ministre Couve de Murville pour lui demander ‘‘comme intérimaire puis-je porter le grand cordon de la Légion d’honneur ?’’ Couve se défile et répond : ‘‘Consultez l’Amiral Cabanier. C’est le Grand maître de l’Ordre’’… Qui enfilera le hochet pour affronter les problèmes que le rituel et la démagogie ne résolvent pas ?... »

 

« … Campagne électorale pour être l’hôte de l’Elysée. La démagogie coule à plein bords : ‘‘avec moi, vous connaîtrez une meilleure condition, et le soleil. Mon rival ne vous apportera que sueurs et larmes’’. J’attendais en vain la voix qui eût dit : « voilà les tracas, les peines et les sacrifices que nous porterons ensemble… ».

 

« L’Allemagne, l’Angleterre et l’Amérique qui n’ont pas eu le Poher attendu, escomptent prudemment un Pompidou plus complaisant. La France est absente. Le monde va son train du Viêt-Nam au Proche-Orient, de l’Amérique latine à l’Afrique.

Quel sera le réveil ? »

 

L’usine France délocalisée. Une agriculture et des marins pécheurs en faillites. Une justice politisée. Une école communautarisée. Une police agressée. Un prolétariat fragilisé. Une jeunesse déboussolée. Des politiciens qui hypocritement défilent devant des usines désaffectées plutôt que de consacrer leur énergie à créer des emplois. Le triomphe arrogant de la finance. Des « socialistes » pantouflant dans le luxe. Des barbus et des tchadors prosélytes. Des enseignants violentés. Une Europe tiraillée à hue et à dia… et (normal) toujours les mêmes politicards depuis quarante ans qui bétonnent leurs privilèges.

 

Quel sera le réveil ?

  Vildenay  

Publié dans VILDENAY

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