PHILIPPE MURAY MORT ? LUCHINI LUI DONNE VIE !
Philippe Muray est né à Angers au lendemain de la dernière guerre mondiale.
A 23 ans, il publie son premier roman (Une arrière-saison, Flammarion-1968). Suivront en 1973 un roman (Chantpluriel) et une pièce de théâtre (Au cœur des Hachloums).
En 1981, il publie un essai sur Céline (Le Seuil), puis en 1983, il se rend aux USA pour enseigner la littérature française à l’Université de Stanford (Californie).
Sa rupture avec ‘‘La pensée unique’’ qui règne dans les médias et les salons ‘‘bien-pensants’’ de l’establishment socialiste régnant en France depuis 81, intervient avec la publication chez Denoël du remarquable ouvrage : ‘‘Le XIXème siècle à travers les âges’’. « Il y décrit avec verve et érudition les noces désastreuses de l’occultisme et du socialisme, du progressisme et des tables tournantes, dévoilant dans ce XIXème siècle notre présent, et surtout notre avenir. » (Philippe Muray).
Viscéralement épris de liberté, refusant le dogme du conformisme ambiant, il prendra ses distances avec l’intelligentsia de gauche régnante, insufflée notamment par le Ministre de la Culture de l’époque, un certain Jack Lang. Leur volonté de refuser l’autocritique et leur aveuglement, pour ne pas dire leur paralysie intellectuelle, l’amena à les qualifier de «mutins de Panurge», «rebelles de confort» et autres «ARTIStocrates»
En 1991, la publication de « L’Empire du Bien », enfonce le clou sur sa vision de la société « radicalisant sa guerre à mort à l’époque et au Moderne ».
Suivront quatre tomes ‘‘d’Exorcismes spirituels’’, ou il s’attache à « dévoiler sans pitié toute la bouffonnerie irréelle de la nouvelle vie quotidienne » puis deux tomes ‘‘d’Après l’Histoire’’, et des entretiens avec Élisabeth Lévy, « Festivus festivus ».
Se situant lui-même « quelque part entre Hegel et Desproges », Philippe Muray décrit notre époque comme celle de la « festivisation généralisée », engendrant inéluctablement « l’infantilisation, la féminisation et la ré-animalisation de l’espèce et de la société »
Philippe Muray meurt d’un cancer du poumon le 2 mars 2006. Deux mois après avoir pris connaissance de sa maladie.
Au Théâtre de l’Atelier, Philippe Muray est à l’honneur avec Fabrice Luchini. L’un des acteurs les plus doués de notre époque. Imprégné de littérature, Fabrice Luchini lit des textes de Philippe Muray avec un plaisir communicatif. A la manière des grands interprètes, il joue avec les mots, surprend le spectateur, donne l’impression d’en finir pour revenir de plus belle : Epoustouflant !
Les bobos n’ont qu’à bien se tenir ! Leurs discours prompteurisés, leurs anathèmes, leurs attitudes ayatholesques, sont les cibles favorites des textes si magistralement interprétés par Monsieur Luchini.
Tout y passe : le culte du politiquement correct, les expressions bidon du ‘‘lien-social’’, du ‘‘par-ti-ci-pa-tif’’, du ‘‘vivre-ensemble’’ tout en agissant pour que Roms et clochards soient expulsés de LEURS quartiers… afin de rouler snob en vélib avec un panier bio sur le porte-bagages.
Fabrice Luchini nous fait vivre les textes choisis de Muray : corrosifs et salutaires ! Sortant du Théâtre de l’Atelier, nous ne sommes plus les mêmes qu’en y entrant.
Justes quelques lignes pour vous inciter à prendre la route vers le Théâtre de l’Atelier : Sa chronique assassine, consacrée à Ségolène Royal, intitulée ‘‘Le Sourire à visage humain’’, qu’il publia en septembre 2004, soit bien avant la campagne présidentielle :
« Notre époque ne produit pas que des terreurs innommables, prises d’otages à la chaîne, réchauffement de la planète, massacres de masse, enlèvements, épidémies inconnues, attentats géants, femmes battues, opérations suicide. Elle a aussi inventé le sourire de Ségolène Royal.
C’est un spectacle de science-fiction que de le voir flotter en triomphe, les soirs électoraux, chaque fois que la gauche, par la grâce des bien-votants, se trouve rétablie dans sa légitimité transcendantale…
C’est un sourire qui descend du socialisme à la façon dont l’homme descend du cœlacanthe, mais qui monte aussi dans une spirale de mystère vers un état inconnu de l’avenir où il nous attend pour nous consoler de ne plus ressembler à rien…
Il (le sourire) a libéré le Poitou-Charentes en l’arrachant aux mains des Barbares. Il a lutté contre la pornographie à la télé ou contre le string au lycée…
Il prend tout sur lui, Christiquement ou plutôt Ségolènement. C’est le Dalaï Mama du III° Millénaire…
C’est évidemment le contraire d’un rire. Ce sourire-là n’a jamais ri et ne rira jamais, il n’est pas là pour ça. Ce n’est pas le sourire de la joie, c’est celui qui se lève après la fin du deuil de tout. Les thanatopracteurs l’imitent très bien quand ils font la toilette d’un cher disparu. »
On comprend mieux pourquoi les Chiraco-socialo ont tout fait pour étouffer Philippe Muray. Leur conception de la société est celle de leur pensée unique des cages d’escaliers.
Courrez vite au Théâtre de l’Atelier, avant qu’on ne vous endorme !
Jean Rieul