LE BLOGNOTES DE LA 5° SEMAINE
UN ROI COMPLEXE
Les funérailles de Norodom Sihanouk viennent d’avoir lieu. Une personnalité hors du commun qu’il serait difficile de classer, tant son parcours est conforme à la complexité du personnage.
Tour à tour, Roi du Cambodge, puis Président à vie, puis à nouveau Roi, il marqua l’Histoire du Cambodge de 1941 jusqu’à son décès le 15 octobre dernier.
En 1955, il participe à la conférence de Bandung réunissant le président de la Yougoslavie Joseph Tito, le président égyptien Gamal Abdel Nasser, le président indonésien Soekarno et le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru. Cette conférence fut précurseur du Mouvement des pays non-alignés.
Poète, compositeur, romancier, cinéaste, journaliste (il collabora notamment au « Canard enchaîné ») il était aussi un francophile jusqu’au bout des ongles. C’est pour cela qu’il est considéré comme l’un des pères fondateurs de la Francophonie avec le Sénégalais Léopold Sedar Senghor et le Nigérien Hamani Diori.
Au lendemain de la guerre d’Algérie, le Général De Gaulle avait décidé d’envoyer dans le Pacifique sud, une mission chargée d’expliquer aux notabilités locales la politique étrangère de la France (indépendance à l’égard des deux blocs constitués par les USA d’une part et les Etats communistes d’autre part).
Norodom Sihanouk nous avait reçu dans son palais royal de Phnom-Penh. Au cours du repas, dans son discours de bienvenue, il avait à plusieurs reprises insisté pour que le Général De Gaulle se rende dans son pays. Il le voyait comme un rempart contre le conflit qui sourdait aux frontières du Cambodge et souhaitait que l’Homme du 18 juin « vienne porter la bonne parole à cette contrée » dont il appréhendait qu’elle devienne un champ de bataille entre les USA et l’URSS…
Ce vœu se réalisa le 1er septembre 1966 avec le mémorable « discours de Phnom-Penh », à l’occasion duquel, le Président de la république française prononça des paroles nettement hostiles à l'intervention américaine au Viêt Nam.
Néanmoins, le 18 mars 1970, alors qu’il se rendait en visite en URSS, il fut chassé par le général Lon Nol (proche des américains).
Il traversa la sombre période des Kmers Rouges au cours de laquelle une partie de sa famille fut massacrée.
Après s’être réfugié en Chine, il regagne le Cambodge en 1991 d’où il retrouve son trône de Roi, suite à l’adoption d’une Monarchie constitutionnelle.
En 2004, souffrant d’une longue maladie, Il laisse le trône à son avant-dernier fils, Norodom Sihamoni.
Vildenay