“L’ÉGLISE EST PLONGÉE DANS L’OBSCURITÉ DU VENDREDI SAINT” (4/10)
Vous parlez dans votre livre d’une crise de la théologie morale : est-ce que ce n’est pas avant tout la tentation de sacrifier la doctrine à la pastorale, c’est-à-dire le contenu au contenant, et une fausse conception de la miséricorde, tellement soucieuse d’afficher sa compréhension qu’elle en oublie de rappeler les règles de la vie bonne ?
Cardinal Sarah : "Toute pastorale est comme une maison : s’il n’y a pas de fondations, la maison s’écroule. La pastorale doit être construite sur l’enseignement de l’Église. On oublie trop souvent la doctrine pour se focaliser seulement sur la pastorale ; mais c’est alors une pastorale vide, puérile et bête. On ne peut pas sacrifier la doctrine à une pastorale qui serait réduite à la portion congrue de la miséricorde : Dieu est miséricordieux, mais dans la seule mesure où nous reconnaissons que nous sommes pécheurs. Pour permettre à Dieu d’exercer sa miséricorde, il faut revenir à Lui, comme l’enfant prodigue.
Il y a une tendance perverse qui consiste à fausser la pastorale, à l’opposer à la doctrine, et à présenter un Dieu miséricordieux qui n’exige rien : mais il n’y a pas un père qui n’exige rien de ses enfants ! Dieu, comme tout bon père, est exigeant, parce qu’il nourrit des ambitions immenses pour nous. Le Père veut que nous soyons à son image et à sa ressemblance."
Publié dans Valeurs Actuelles
le 27/03/2019