LES ARBRES ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

La plantation d'arbres n'améliorera ni n'aggravera le changement climatique à long terme. Il faut plutôt se demander si l'arbre que l'on plante pourra survivre dans le climat actuel

Q : Nous avons un nouvel aménagement paysager et nous souhaitons planter des arbres qui aideront à lutter contre les changements climatiques. Avez-vous des suggestions ?

R : Quelle est votre définition du changement climatique ? Pensez-vous que votre région va se réchauffer ou se refroidir ? Qu’essayez-vous d’accomplir en plantant un arbre ? Le plantez-vous pour absorber le carbone ou pour créer de l’ombrage à votre maison ? Un arbre bloquera-t-il les futurs panneaux solaires ?

Les arbres sont un jeu à équation nulle lorsqu’il s’agit de retenir le carbone ou de réduire la quantité de carbone dans l’atmosphère. Les arbres utilisent de grandes quantités de carbone et d’autres éléments tels que l’hydrogène, l’oxygène, l’azote, le phosphore et le potassium. Ils utilisent de plus petites quantités de cuivre, de fer, de magnésium, de zinc et d’autres éléments. Tous ces atomes sont combinés de différentes manières pour produire de nombreuses substances chimiques utilisées par la plante.

Certains éléments et substances chimiques sont rejetés dans l’air et dans l’eau presque continuellement. D’autres sont libérés en grandes quantités sur une base saisonnière, par exemple lorsque les feuilles tombent des arbres à l’automne. Les bactéries, les champignons, les insectes et d’autres animaux consomment les feuilles, les pétales de fleurs, les écailles de bourgeons de feuilles et les morceaux d’écorce, recyclant les substances chimiques dans la composition de leur propre corps ainsi qu’en les excrétant, notamment par leurs déjections. Ce processus de recyclage des éléments s’appelle le « cycle des nutriments ». Il s’agit d’une boucle sans fin d’éléments passant d’un organisme à un autre. Chaque fois que vous mangez une partie d’une plante, vous recyclez des nutriments dans le cadre de ce cycle.

Les troncs d’arbres, les branches et les grosses racines retiennent des éléments et des substances chimiques pendant des semaines, voire des siècles. Toutefois, à la fin [de leur vie], tous les éléments contenus dans le bois pourrissent, ce qui est également une étape du cycle des nutriments. Les arbres ne retiennent les nutriments que temporairement.

À court terme, le fait de planter beaucoup d’arbres à longue durée de vie permet de stocker des éléments pendant quelques décennies. Les arbres des forêts, toutes espèces confondues, vivent beaucoup plus longtemps que les arbres plantés en milieu urbain ou en banlieue. Même les arbres à longue durée de vie ne vivront pas longtemps s’ils ne sont pas plantés dans un milieu qui leur est favorable. Avant de planter un arbre, il est nécessaire d’étudier le type de sol, le drainage, l’exposition au soleil, la zone de rusticité et la direction du vent. Acheter des arbres destinés à être plantés par des organismes de conservation de la nature dans des zones protégées s’avérera probablement un meilleur investissement que de planter ces mêmes arbres sur votre terrain.

Où que vous viviez, il existe des espèces d’arbres indigènes, c’est-à-dire originaires de votre région, qui peuvent avoir une longue durée de vie, si le sol de votre terrain est approprié. Vous devrez entretenir l’arbre pendant les premières années de sa croissance pour vous assurer qu’il commence du bon pied. Outre les considérations relatives au climat et au microclimat, vous devez également tenir compte de la manière dont l’arbre s’intégrera dans le paysage. Les arbres influencent leur environnement : ils produisent de l’ombre, ce qui peut être bénéfique pour réduire les besoins de climatisation. Ils peuvent toutefois bloquer les panneaux solaires, non seulement les vôtres, mais aussi ceux de vos voisins – n’oubliez pas d’en tenir compte.

Toutes les espèces d’arbres existantes ont survécu à des milliers d’années de changements climatiques. Elles sont beaucoup plus résilientes et adaptables que ce que l’on croit. Les environnements forestiers indigènes ne sont pas statiques. Une zone à prédominance d’arbres adultes aujourd’hui était une zone d’arbres immatures il y a 100 ans. Ces arbres adultes ont survécu à un siècle de froid, de chaleur et de sécheresse records. Les incendies de forêt transforment les régions boisées en champs pour des décennies, jusqu’à ce que les arbres remplissent à nouveau le paysage.

Je ne veux pas vous décourager de planter des arbres, mais plutôt que de considérer les « changements climatiques » d’une façon globale, je vous recommande de tenir compte de vos besoins précis à court terme pour la plantation d’arbres.

 

Jeff Rugg 

https://www.creators.com/ 

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