POURQUOI LES GAUCHISTES SOUTIENNENT LES ISLAMISTES (6/8)

Publié le par Magali Marc

POURQUOI LES GAUCHISTES SOUTIENNENT LES ISLAMISTES (6/8)

Ils célébrèrent le raz de marée qui balaierait les bastides gangrenées du Nord.

En revanche, le conflit israélo-arabe combinait de façon inédite la problématique Nord-Sud.

« La haine de l’Occident passe par la haine des Juifs », écrit Bruckner et plus on se déplace vers la gauche dans l’éventail politique – en France comme en Allemagne – plus les critiques à l’égard d’Israël se font virulentes.

C’est que la gauche a transféré contre l’État hébreu son anti-occidentalisme de principe.

Et les sympathies se sont portées vers les islamistes.

Selon Bruckner, l’Ayatollah Khomeini, un vieillard qui avançait mains nues contre un monarque corrompu et la plus puissante armée de l’Asie centrale, représentait la victoire du bien contre le mal, la transfusion du spirituel dans le politique.

Le renversement du shah était imputable à un retour du sacré.

Bruckner cite Jean Baudrillard : « Que ce soit au prix du fanatisme religieux, du terrorisme moral ou d’une barbarie moyenâgeuse, tant pis ou tant mieux, c’est sans importance; il est vrai que seule la virulence rituelle, pas du tout archaïque, la violence actuelle d’une religion, d’une tribalité qui refuse les modèles de la libre société occidentale pouvait lancer un défi réel à cet ordre mondial |…|» (Le Monde, 13 février 1980)

En Iran, Dieu avait pris parti contre l’Amérique et avait chargé Khomeini de le faire savoir.

Faisant sans vergogne l’apologie de la violence, les gauchistes refusaient de prendre en compte les tortures, les massacres perpétrés au nom d’Allah le miséricordieux et les chroniqueurs dans les médias minimisaient ou disculpaient l’élimination des minorités nationales ou religieuses.

Les gauchistes applaudissaient le fanatisme et le chauvinisme des mollahs, rappelle Bruckner.

Rappelons pour mémoire que Khomeini a créé le corps des Gardiens de la Révolution (les Pasdarans) qui ont utilisé des milliers de jeunes inexpérimentés lors de la guerre contre l’Irak.

Au cours de l’été 1988, la République Islamique d’Iran organisait l’exécution de quelque 30.000 prisonniers politiques, pour la plupart membres de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien.

Khomeini était donc très loin de l’image de ‘‘Saint Homme’’, que lui avait attribuée un peu trop vite le gauchiste président Carter. Il n’était pas non plus le ‘‘Gandhi iranien’’ dont parlait le journal Le Monde et il utilisait les méthodes oppressives qui avaient été dénoncées sous la dictature du shah.

Le 27 septembre 2001, L’Express publiait un article d’Alain Louyot qui mentionnait que : «…Au total, plus de 100.000 enfants iraniens de moins de 16 ans ont été jetés dans la fournaise de la guerre Iran-Irak dans les années 80. La plupart de ces petits martyrs endoctrinés étaient certes issus de familles parmi les plus pauvres (mostazafin) de la société iranienne et l’on avait promis à leurs parents une substantielle rente si leur enfant tombait au champ d’honneur. Mais, lorsque Ali et ses camarades franchirent, en criant «Allah o akbar!» (Dieu est le plus grand), le rempart de sacs de sable qui les séparait de l’au-delà, ces considérations matérielles ne pesaient pas bien lourd à côté de l’ordre de mission sacrée donné en février 1984 par l’hodjatoleslam Hachemi Rafsandjani, président du Parlement de Téhéran: «Tous les Iraniens de 12 à 72 ans doivent être volontaires pour la guerre sainte ! »

C’est à cela que les gauchistes avaient applaudi.

Plus tard, lors du soi-disant ’’Printemps arabe’’, les mêmes erreurs de perception de la réalité sur le terrain ont été commises par les médias avec le même résultat : les islamistes ont pris le pouvoir et tenté d’imposer la loi islamique avec plus ou moins de succès en Tunisie, en Libye et sans succès en Égypte.

En Syrie, on est encore enfoncé dans une guerre civile où une chatte ne reconnaîtrait pas ses petits.

(Suite vendredi prochain)

Magali Marc (@magalimarc15

Avec l’aimable autorisation de Dreuz.info.

Magali Marc a été directrice des communications dans diverses ONG tout en complétant une Maîtrise et un Doctorat en Science politique à l’Université de Montréal. Elle a enseigné la Sociologie du Québec ainsi que l’Histoire de la Constitution canadienne dans un collège bilingue de Montréal pendant plus de dix ans. Elle a publié de nombreux articles et textes d’opinion dans diverses revues à Montréal. Elle est l’auteur d’un cahier pédagogique d’histoire pour le Secondaire V, Les Défis du XXe siècle (2013, LIDEC éditeur).

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